À propos des romans qui évoquent la vie à l'intérieur de l'Église (des Églises).

Publié le par Michel Durand

Je reviens sur l'intérêt d'une rencontre avec les auteurs de romans parlants de l'Église. Qui pourrait organiser un tel colloque ? Le financer ? Faire venir des écrivains du monde entier n'est pas une mince affaire !


ch.jpgCharlemagne pour illustrer un article de ce blog


Les quelques textes que j'ai lus appartiennent tous à des personnes favorables à Vatican II. Ils semblent être pour une rencontre de l'Église d'aujourd'hui avec le monde actuel. Je les place donc à côté du théologien Joseph Moingt qui explique à Karim Mahmoud-Vintam : « Il ne reste bientôt plus dans l'Église que des fondamentalistes et des traditionalistes, qui n'attendent rien d'autre que le retour aux rites anciens et aux réponses du catéchisme, ou des charismatiques si on tolère quelques exubérances religieuses. »

Par rapport aux romanciers, je me demande ce qui les motive à se pencher ainsi sur le christianisme catholique. Ils sont très bien documentés et par leurs récits donnent une image exacte de l'actuelle situation ecclésiale. C'est ce constat, en plus du plaisir de lire leurs fictions, qui me donne envie d'en savoir plus sur leur engagement humain, chrétien ou non. Qu'est-ce qui les pousse à traiter ces sujets ?

 

Pour entrer dans le bain d'un propos de ce genre, je cite, ci-dessous, deux pages de "Genesis" (206-208, le livre de poche).

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John Case, Genesis, (The Genesis code), 1997, Roman

 

De Rome, dans un café de la via Veneto. Massima à Lassiter :

 

Nous avons affaire à l'un de ces mouvements religieux traditionalistes qui fleurissent un peu partout. Vous avez les mêmes aux États-Unis, me semble-t-il. Ils affirment que la foi de nos ancêtres est la seule qui vaille. Ils considèrent que si l'on renoue avec les anciens rites, les valeurs d'autrefois renaîtront. …

Aux États-Unis, bien sûr, ces groupes sont essentiellement protestants. Et, pour la plupart du temps, ils fondent de nouvelles Églises. Ici, au contraire, ils demeurent au sein de l'Église et créent… des sortes de confréries. (…)

Dans les groupes comme Umbra Domini, les religieux (au sens historique du mot, p.e. les Dominicains) sont en minorité. Ils s'apparentent plutôt … aux Hamas… aux groupes fondamentalistes islamiques. Ce sont des intégristes catholiques. Purs et durs. Une sorte de front du refus. (…)

Ils prônent l'ancienne liturgie. Le rite établit par le concile de Trente… la messe en latin. Autrefois, le prêtre célébrait l'office en tournant le dos aux fidèles. Depuis Vatican II, il leur fait face et dit la messe en langue vernaculaire.

(Donc, ils refusent Vatican II)

(Vatican II) fut un événement capital… un coup de tonnerre qui faillit bien faire éclater l'Église. Pour expliquer les choses sans trop entrer dans les détails, les évêques du monde entier se réunirent en concile pour moderniser –d'aucuns diraient pour libéraliser- l'Église. Les traditionalistes étant opposés à la plupart des réformes, ils constituèrent leurs propres associations, comme Umbra Domini, la Légion du Christ, ou la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre. (…)

Le refus du changement s'observe partout. Or Vatican II a opéré des changements radicaux dans la plus grande Église du monde. Peut-être trop de changements d'un seul coup –même si la plupart d'entre eux s'imposant, et ce, depuis longtemps. Il n'a pas simplement réformé la liturgie. Il témoignait d'un nouvel état d'esprit, surtout en ce qui concernait la notion d'oecuménisme – à savoir que les autres religions sont aussi dans la lumière de Dieu. C'était un véritable bouleversement pour des croyants qui, quelques siècles auparavant, faisaient la guerre aux Infidèles et condamnaient les protestants au bûcher. (…)

(Ces traditionalistes) sont en colère. Ils manquent de mesure. Ils prétendent que le pape est l'Antéchrist, que le démon occupe le trône de Saint-Pierre, que la messe actuelle est… une messe noire…

Umbra Domini ?

Ceux-là… ils ont la palme. Au début, je pensais que l'excommunication leur pendait au nez. Mais non. Ils se sont calmés, ils ont appris la discrétion. Et depuis l'élection de Jean Paul II; ils ont beaucoup moins d'ennuis. On a trouvé des compromis, des arrangements. Maintenant ils sont autorisés à dire la messe en latin, les hommes et les femmes font leurs dévotions séparément, ils ont leurs propres écoles. (Ils sont comme) le Hezbollah, le parti de Dieu, catholique. Umbra domini est un groupe religieux radical qui a des ambitions politiques…

 

Les romanciers, et aussi les journalistes, possèdent l'art d'écrire clairement et leurs ouvrages sont agréables à lire. D'où l'idée de creuser anthropologiquement leurs textes comme lieux d'information de la vision que le monde a de l'Église.


Publié dans Eglise

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