Caractère eschatologique de la vocation chrétienne

Publié le par Michel Durand

Lumen Gentium (CHAPITRE VII)

L'ÉGLISE EN MARCHE: SON CARACTÈRE ESCHATOLOGIQUE ET SON UNION AVEC L'ÉGLISE DU CIEL


48. L'Eglise, à laquelle nous sommes tout appelés en Jésus-Christ et dans laquelle nous acquérons la sainteté par la grâce de Dieu, ne recevra son achèvement que dans la gloire céleste, lorsque viendra le temps de la restauration universelle (cf. Act. 3, 21) et que tout l'univers, intimement uni à l'homme grâce auquel il parvient à sa fin, sera, lui aussi, parfaitement restauré dans le Christ avec le genre humain (cf. Eph. 1.10; Col. 1, 20; II Petr. 3, 10-13). 

En vérité le Christ, au jour de son exaltation, attira tout à lui (cf. Jn 12, 32 gr.). Ressuscité des morts (cf. Rem. 6, 9), il envoya aux Apôtres son Esprit vivifiant et, par lui, se constitua un Corps, l'Eglise, sacrement universel du salut. Assis à la droite du Père, il opère continuellement dans le monde pour conduire les hommes à l'Eglise et, par elle, les unir plus étroitement à lui; pour les rendre enfin participants de sa vie glorieuse en les nourrissant de son Corps et de son Sang. Ainsi, la restauration promise que nous attendons a déjà commencé dans le Christ; elle progresse avec l'envoi du Saint-Esprit et, grâce à lui, continue dans l'Eglise dont la foi nous apprend aussi le sens de notre vie temporelle, tandis que nous accomplissons, dans l'espérance des biens futurs, l'oeuvre que le Père nous a donné à faire en ce monde et que nous opérons notre salut (cf. Phil. 2, 12). 

Nous voilà donc déjà parvenus à la fin des temps (cf. I Cor. I0, 11); le renouvellement de l'univers est irrévocablement établi et, en un certain sens, il a vraiment commencé dès ici-bas. Dès ici-bas l'Eglise est, en effet, auréolée d'une sainteté véritable, si imparfaite qu'elle soit. Mais tant qu'il n'y aura pas de nouveaux cieux et de terre nouvelle où habite la justice (cf. II Petr. 3, 13), l'Eglise voyageuse portera, dans ses sacrements et dans ses institutions, qui appartiennent à l'ère présente, le reflet de ce monde qui passe; elle-même vit au milieu des créatures, qui jusqu'à présent soupirent et souffrent les douleurs de l'enfantement en attendant la révélation des fils de Dieu (cf. Rom. 8, 22 et 19). 

Unis donc avec le Christ dans l'Eglise et marqués par le Saint-Esprit "qui est la garantie de notre héritage" (Eph. 1, 14), nous sommes appelés fils de Dieu et en vérité nous le sommes (cf. I Jn 3, 1); mis nous n'avons pas encore paru avec le Christ, dans la gloire (cf. Col. 3, 4). C'est là que nous serons semblables à Dieu, car nous le verrons tel qu'il est (cf. I Jn 3, 2). Ainsi donc, "tant que nous demeurons dans ce corps, nous vivons exilés loin du Seigneur" (II Cor. 5, 6) et, possédant les prémices de l'Esprit, nous gémissons au fond de nous-mêmes (cf. Rom. 8, 23) et nous souhaitons être avec le Christ (cf. Phil. 1, 23). C'est la même charité qui nous presse de vivre plus intensément pour lui, qui est mort et ressuscité pour nous (cf. II Cor. 5, 15). Aussi nous efforçons-nous de plaire au Seigneur (cf. II Cor. 5, 9) et nous revêtons-nous des armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable et, au jour mauvais, résister (cf. Eph. 6, 11-13). Mais comme nous ne connaissons ni le jour ni l'heure, il nous faut, selon l'avertissement du Seigneur, veiller assidûment afin qu'au terme de notre unique vie terrestre (cf. Hébr. 9, 27), nous méritions d'avoir avec lui accès au festin nuptial et d'être comptés parmi les bienheureux (cf. Mt. 25, 31-46), plutôt que d'être jetés, sur son ordre, dans le feu éternel (cf. Mt. 25, 41), comme il arriva aux serviteurs mauvais et paresseux (cf. Mt. 25, 26), dans les ténèbres extérieures où "il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Mt. 22, 13 et 25, 30). En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, nous comparaîtrons tous "devant le tribunal du Christ, pour recevoir chacun le salaire du bien ou du mal que nous aurons accompli durant notre vie corporelle" (II Cor. 5, I0); et à la fin du monde "ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la vie, et ceux qui auront fait le mal, pour la résurrection de la damnation" (Jn 5, 29; cf. Mt. 25, 46). Estimant donc que "les souffrances de cette vie ne peuvent se comparer à la gloire qui doit un jour nous être révélée" (Rom. 8, 18; cf. II Tim. 2, 11-12), nous attendons, fermes dans la foi, "le bienheureux objet de notre espérance et la glorieuse manifestation de notre grand Dieu et Sauveur le Christ Jésus" (Tim. 2, 13), "qui viendra transformer notre corps humilié, en le rendant .semblable à son corps glorieux" (Phil. 3, 21), qui "viendra peur être glorifié dans ses saints et être admiré en tous ceux qui auront cru" (II Thess., 1, 10).

 


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