Daniel Duigou, une réflexion sur l’altérité

Publié le par Michel Durand

Duigou+Daniel+©+DR 

Je viens de terminer la lecture de « Vanité des vanités » de Daniel Duigou. Avec cet ouvrage, c’est comme si je terminais une plongée dans une analyse psychologique conduite par des personnes, psy de profession, de grandes compétences. Je cite Denis Vasse, Dany-Robert Dufour, Véronique Hervouët

Daniel Duigou dans cet ouvrage, alterne entre sa lecture de Qohélet et sa nouvelle vie dans une casbah à l’oasis-palmeraie de Skoura. Un œil sur la Révélation ; un œil sur sa vie, au quotidien, sans oublier les souvenirs personnels.

D’une certaine façon, j’ai découvert en moi, une certaine jalousie. Ce que, depuis plus de 20 ans, je vis chaque année pendant mes vacances/retraites d’un petit mois, il a l’opportunité de le vivre en permanence là où j’aime bien me rendre : dans, ou en bordure du Sahara. Seulement, il a fait ce que je ne me sens pas appeler à faire : construire une maison en tant que propriétaire. Les théologiens allemands, Hans Kung et Joseph Ratzinger parlent eux aussi de leur maison, construite ou aménagée selon leur désir.

Revenons à la psychanalyse.

On parle actuellement beaucoup du retour de Sade. Le capitalisme libéral trouve en lui l’issue de sa crise. L’autre n’existe que dans la mesure où je peux m’accaparer de la partie souhaitée de son corps pour que j’en jouisse : libido dominandi. L’autre ne m’intéresse que dans la mesure où il augmente mon plaisir immédiat de consommation. Telle est l’exaltation de l’individualisme, le moi (ego) exacerbé de l’érotisme en tout domaine.  Cela relance l’économie. Vive le progrès, le développement durable, la croissance, la consommation !

A la fin de son livre D. Duigou redonne les fondamentaux de l’existence : la rencontre de l’autre dans le respect et la recherche de complémentarité. « Au cours de la Cène, Jésus récapitule tout son enseignement sur l’homme et sur Dieu. Partager, c’est vivre. Vivre avec l’autre et pour l’autre. C’est exister en tant que Sujet. C’est entrer dans une histoire, celle de l’humanité… L’homme est au service de l’homme ». Charité - agapé. Le père est au service du fils et le fils doit s’en détacher pour qu’il vive sa vie d’homme et à son tour de père. Récemment, un adulte me disait : « j’ai désormais compris que mon père se conduisait toujours comme un adolescent. Pour que je vive, il me faut prendre mes distances vis-à-vis de lui. Il est un père et non un copain. Je lui ai dit ; une complémentarité doit se mettre en place ; il y a encore du chemin à faire ». Un père adolescent, semble-t-il, entretient une tendance à toujours vouloir recevoir sans rien déterminer, sans placer de limites.

D. Duigou termine sa méditation avec une merveilleuse réflexion sur l’altérité. « L’homme ne vit son humanité que s’il abandonne le sentiment de toute-puissance dans sa relation aux autres et qu’il s’inscrit dans une relation de don réciproque qui suppose de donner et de recevoir ».

Pour vous inviter à durer dans cette méditation, pour vous encourager à lire Vanité des vanités, je vous propose l’écoute de cette présentation à la libraire Léo – La Procure.


Publié dans Anthropologie

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