Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres (Luc 18, 9).

Publié le par Michel Durand

En lisant cette page d’Évangile je me suis rappelé le post que j’ai déposé il y a quelque temps où je parle des militants qui, assurés de posséder la vérité et le juste comportement, se sentent supérieur à tous et pensent être dans le bon droit en imposant leurs façons d’être.

Voir ici. Lui seul est dans le vrai. Telle est la parabole du pharisien et du publicain.

Luc 18, 9-14

 

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Mosaïque, Ravennes

 

Olivier Rey met longuement en garde contre cette emphase autoritaire, dogmatique propre au pharisien. Dans son analyse de la personnalité de Billy Budd, le mal pouvant advenir dans l’assurance sans faille de posséder le vrai, donc de pouvoir l’imposer, il indique qu’il est préférable de laisser la porte ouverte au doute. Au moins, c’est comme cela que je l’ai perçu. Sa préférence va dans la position du publicain pas vraiment sûr de lui : « mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ».

« L’ambivalence, l’équivoque ne font pas dans Billy Budd office de masque.  Elles sont, en premier lieu, une façon de confronter le lecteur à une vérité qui ne peut jamais être donnée, mais qui doit, pour être vérité, être recherchée –selon une solidarité absolue de cette vérité avec le chemin qui y mène ».

Et encore : « Ce n’est pas parce que l’on détruit un mensonge que l’on est assuré de détenir la vérité. On peut tendre vers la vérité, non la détenir –celui qui croit la posséder s’en trouve, de ce fait même, exilé. On pense aux tisserands musulmans qui introduisent sciemment des défauts dans les motifs des tapis qu’ils confectionnent, parce que seules les œuvres de Dieu sont parfaites ; non que sans cela le tapis eût été parfait, mais pour ne pas prétendre à la perfection. L’esprit qui anime Melville est différent : il entend inquiéter le lecteur attentif, lui rappeler que rien ne garantit que la narrateur soit fiable… il entend lui rappeler que rien n’assure que ce qu’il lit soit l’ultime vérité, que rien ne peut dispenser  du devoir de réflexion envers ce qui lui est rapporté. Approcher la vérité est à ce prix » (p. 168-169).

Je prolongerais bien encore la méditation avec la lecture du livre de la Sagesse au chapitre 9 : Dieu, donne-moi la Sagesse assise auprès de toi…

Publié dans Anthropologie

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