Lettre aux Chrétiens Indignés : Il y a un vrai combat à mener contre l'endormissement, contre la négligence vis-à-vis de l'autre
Et encore tous mes Voeux pour cette nouvelle année 2012
Voeux de Paix, de Fraternité et de Vérité pour notre monde et nos sociétés.
Comme indiqué hier, Jean-Marie Delthil nous adresse un peu de son récent vécu.
Le vécu de tant et tant d'autres personnes à l'heure actuelle ! Voir aussi ici.
Et ici.
Il y a un vrai combat à mener contre l'endormissement, contre la négligence vis-à-vis de l'autre, contre l'habitude prise plus ou moins facilement face à la crise.
Jean-Marie me remercie de relayer les plus ou moins « sans voix » dont, dit-il, « je fais partie, et qui sont si nombreux !! »
Diffusons au nom de tous les concernés son témoignage.
<< Un autre Vent se met-il à souffler ?... j’en doute – encore – mais je souhaite qu’Il vienne, et vite ! Comment, vraiment comment pourrait-il en être autrement ?
Ici, c’est la vie de village : Bonny-Sur-Loire dans le Loiret, une commune française comme il y en a bien d’autres, avec des gens gentils, dévoués pour la plupart, des artisans, des commerces et encore une (petite) usine, des Pères Noël à tout va et qui sont joyeusement étalés en photo dans le Journal de Gien de la semaine écoulée – j’ai 48 ans, j’ai passé 21 ans à Grenoble, une ville que j’aimais pour son caractère (encore) novateur dans les domaine sociaux, culturels, humains pour tout dire… j’ai perdu peu à peu, pour les raisons économiques que tout le monde peut aisément comprendre, mes emplois d’animateur en ateliers peinture. J’ai par conséquent dû finir par quitter mon logement que le RSA ne parvenait plus à couvrir et… ça finit par devenir pénible à raconter ce genre de chose, qui arrive à beaucoup, à beaucoup trop de gens, de personnes, d’hêtres humains – bref, je suis à présent à Bonny-Sur-Loire, petit chrétien courageux, fatigué, logé gratuitement chez sa mère, sans plus aucun objectif professionnel valable, juste survivre et ne pas trop désespérer de l’avenir.
– Qui m’aurait dit il y a dix ou vingt ans que j’écrirai une chose pareille, un texte de cet acabit, que j’aurai à vivre une pareille ‘aventure’ ? Il est vrai que je ne me suis pas retrouvé dans la rue. J’ai eu cette chance, comme je me l’entends dire quelquefois. Le pire est évité (pour l’instant).
Bonny-Sur-Loire, décembre 2011
Ce sont ‘les autres’, ce sont presque toujours les autres qui tombent ou ne tiennent pas, que j’ai vu tomber parfois autour de moi ou qui n’ont pas tenu – et on entend alors si souvent des braves gens, généreusement intentionnés, (peut-être plus dans les villages qu’à Paris, ou tout du moins dans les petites villes de province), qui pour vous remonter le moral d’un trait bien vite tracé s’évertueront à vous dire que du travail, il y en a : qu’on cherche là une personne pour faire deux heures de débroussaillage ou une heure de ménage, ou pour… vous connaissez la suite, ou vous devriez la connaître : c’est la réalité de tous les jours, cette réalité des petites communes (et peut-être aussi des grandes villes) qui ne baissent pas la tête, vaguement fiers encore de leurs solidarités pourtant fortement mis à mal depuis pas mal de temps. On juge parfois à tour de bras – et je me souviens d’un Homme qui disait : ‘ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés’ (Luc 6, 37), et cet Homme c’est Jésus. Dieu Lui-même.
Nous sommes Ses enfants…
Si j’ai jugé mes frères et sœurs au cours de toutes ces lignes, et je l’ai fait d’une manière ou d’une autre, j’en conviens – que la Seigneur veuille bien me pardonner.
Enfin voilà, on me dit qu’il faut savoir offrir toutes ses misères à Dieu, ses limites, ses souffrances, ses incompréhensions, ses rages et ses malheurs. Je le fais. Mais est-ce suffisant. Est-il suffisant que chacune et chacun d’entre-nous batte plus ou moins et inlassablement sa coulpe en attendant des jours meilleurs ?...
Certainement pas. Le Seigneur Jésus Christ est un Seigneur de Vie, Il est la Vérité, Il est Présent (Cadeau aussi), Il est Vivant – en ce moment même –, Il est Résurrection ! et tout ce que j’ai pu vous écrire là, cet assez triste constat, n’a rien à voir avec la Résurrection, ou bien si peu ; alors que faire ?... pour ne parler que de nous qui sommes ‘isolés’, et vivant en province, dans ces villages comme il y en a tant d’autres en France ? Adhérer à la chorale, au club d’histoire locale ou bien à la danse Folk ? Humm, peut-être bien, mais encore ?... mais encore ?!... mais encore !
La finance (j’allais mettre un grand ‘F’...) est rendue presque folle aujourd’hui, ou en tout cas elle sert de moins en moins les désirs et les nécessités profondes de l’homme. Tout le monde le dit. Tout le monde le sait. Tout le monde l’a écrit et démontré. Tout le monde a glosé là-dessus… Est-ce une raison pour en faire une vérité ? Oui, parce que dans ce ‘tout le monde’, il y a des gens bien informés, qui savent, et il n’y a qu’à regarder les réalités de terrain autour de nous pour s’en convaincre.
Les Chrétiens indignés, avec bien d’autres personnes aujourd’hui, affirment qu’il faut totalement réformer ce système financier et même économique : ils ont raison et nous avons raison. Mais cela presse ! Cela presse terriblement parce qu’il y a parfois tant de souffrance… tant de méfiance générée, d’inimitié parfois, de conflits et de morts. Non, je n’exagère pas, vous le savez bien.
Je crois que j’ai assez parlé –
Si 2012 s’annonce être, et se doit d’être comme 2011, 2010 etc. : nous n’en voulons pas – nous n’avons pas et nous n’aurons pas le choix bien entendu, mais nous la vivrons cette ‘nouvelle année’, à reculons, le cœur et l’âme profondément meurtris…
Puisse 2012 et les années suivantes, nous tenir serrés et libres, ensemble sur cette Terre, toutes et tous ensemble et véritablement heureux de l’être. La vie, à mon sens : c’est cela, rien de moins.
Merci aux Chrétiens indignés de m’avoir lu. Faites passer mon message aussi largement que possible, message qui évidemment rejoint bien d’autres messages du même genre, fort heureusement.
Il ne faut pas se taire. Il ne faut surtout pas se taire ! La parole non seulement libère j’en conviens, mais elle édifie, encore. Et c’est bien l’urgence de notre temps : édifier du véritablement nouveau, du bon, du vrai et du chantant…
Je fonde et nous fondons un Grand Espoir pour cette nouvelle année 2012 !...
Avec toute mon amitié et ma considération aux Chrétiens indignés.
Jean-Marie Delthil.
Bonny-Sur-Loire, le 31 décembre 2011.
Chrétien effectivement indigné -