Messieurs les Cardinaux, Seigneur Esprit Saint, c’est du très beau boulot, chapeau et merci !
André Harreau communique ce qu’il a pris le 14 mars sur le site de Témoignage Chrétien
Spécial Conclave - Comme dans un roman ! - Par Christine Pedotti
Éditrice et romancière, Christine Pedotti est aussi une catholique engagée, co-fondatrice avec Anne Soupa du Comité de la Jupe puis de la Conférence des baptisés de France. Elle a publié notamment Vatican 2035 (Plon, 2005), sous le pseudonyme de Piettro de Paoli, et l'an passé, Faut-il faire Vatican III ? (Tallandier).
Christine Pedotti est depuis cette semaine rédactrice en chef de Témoignage chrétien. Elle entre en
fonction dès la semaine prochaine.
Dans les romans, il y a des conclaves qui se passent d’une façon totalement inattendue, des hommes qui deviennent pape alors que rien ne le laissait présager, et même des papes qui prennent des noms que jamais personne n’avait portés avant eux.
Il y a des choses qui n’arrivent que dans les romans. J’en sais quelque chose, j’en écris. Dans les romans, il y a des miracles, des conclaves qui se passent d’une façon totalement inattendue, des hommes qui deviennent pape alors que rien ne le laissait présager, et même des papes qui prennent des noms que jamais personne n’avait portés avant eux.
Les paris
Et puis un jour, par un drôle de concours de circonstances, vous vous retrouvez à Rome, pour commenter une élection de pape. Vous êtes un peu sceptique sur le fait qu’il va se passer quelque chose, alors vous essayez de ne pas vous raconter d’histoires. Parce que la vraie vie, n’est-ce pas, ce n’est pas comme dans les romans.
Comme tout le monde, vous avez préparé votre liste de papabile : les principaux, et les outsiders, et pour tout dire, il n’y a rien là qui stimule l’imagination.
Et puis, forcément il faut aller place Saint-Pierre pour surveiller la fumée… Il pleut des cordes, mais il y a une drôle d’excitation. Des sms amicaux tombent de la salle de presse : « Bougez pas, c’est chaud ». Alors, on regarde la mouette sur la cheminée, en attendant la fumée.
Est-il possible qu’ils (les cardinaux) choisissent en 5 tours ? Si ça va si vite, c’est qu’ils élisent un favori. Et puis tout à coup, la fumée monte, en même temps qu’une immense clameur : blanche.
Là, vous vous dites que c’est sûr, ce sera un favori, vous pariez pour Scola… Il pourrait s’appeler Paul VII en hommage à Paul VI, le précédent pape venu de Milan… Vous avez une petite heure pour gamberger. Les sms passent mal, trop de gens qui communiquent…
Qui ça ?
Enfin, la lumière de la loggia s’allume, puis, la grande baie s’ouvre. Le cardinal Tauran s’avance. Il a une grande joie à nous annoncer : « habemus papam », jusque-là pas de scoop, on s’y attendait un peu. Puis on se concentre pour comprendre le nom en latin. On se tourne les uns vers les autres. On n’a pas reconnu celui qu’on attendait. On répète un nom : « Bergoglio ? »
Tout à coup, la mémoire, vous revient : mais oui, il était sur la liste des papabile de 2005… Il est… vous l’avez sur le bout de la langue, vous n’osez pas y croire : le jésuite argentin ? C’est bien ça ? Et Franscesco ? Ce n’est pas son prénom ? L’inouï se fait jour : il a choisi de s’appeler François…
Il cumule les premières, premier pape non-européen, premier pape jésuite, premier François. Là, vous vous dites que vous êtes en train de rêver debout.
Et puis, il commence à parler. On l’entend bien, fort et clair. On ne comprend pas tout tout de suite. Plus tard, on remarquera qu’il a dit qu’il était évêque de Rome et il a demandé de prier pour l’évêque émérite de Rome. Le mot « pape » n’a pas passé ses lèvres. Est-ce un signe?
En revanche, sur le coup, vous avez compris qu’il a parlé de la fraternité, et surtout, il y eut ce moment où il a demandé pour lui la bénédiction du peuple. Là, il y a eu un silence incroyable, un silence dont on sait qu’on se souviendra toute sa vie.
François !
Voilà, il y a donc un nouvel évêque de Rome, successeur de Pierre. Il se nomme François. La référence à François, le pauvre d’Assise, est transparente. Faisons-lui la grâce de ne pas le numéroter, il est unique !
Comment ne pas se laisser aller à penser que quelque chose d’incroyable, d’inédit est en train de se passer ? Une chose dont on n’avait pas osé rêver. Un scénario digne d’un roman.
Il y a les questions auxquelles on espère avoir une réponse : comment les cardinaux ont-ils fait pour tomber d’accord si vite sur ce candidat-là. Qu’est-ce que cela signifie quant à leur volonté de changer certaines choses ?
Pour tout dire, on se laisse aller à se demander si l’histoire ne serait pas écrite par un célèbre nègre qui a déjà écrit l’un des plus gros succès de l’histoire de l’édition mondiale. En effet, si l’Esprit Saint a inspiré la Bible, il faut avouer que l’élection du pape François est aussi un scénario de très haute tenue.
Le premier épisode nous a passionnés. Désormais, il va falloir tenir la distance. Mais il est trop tôt pour parler des difficultés… elles viendront suffisamment vite. Cette nuit, je ne boude pas mon plaisir. Je dis, bravo : Messieurs les Cardinaux, Seigneur Esprit Saint, c’est du très beau boulot, chapeau et merci !
Voir sur ce blog Lettre au pape et Le primat du peuple