Le Bon Pasteur à Lyon, un patrimoine abandonné
Lucien Bégule (1848–1935) commence sa vie professionnelle comme chercheur archéologue. À la page 43 de ses souvenirs, il écrit : « Les études d’art et d’archéologie sont séduisantes et offrent à l’esprit les plus grandes satisfactions ».
Ses recherches le mènent de Chartres à Sens en passant par Bourges et Troyes. Après l’étude de la cathédrale de Lyon, il en écrit la monographie dont il signe à la fois les textes et les photos. Cette somme est publiée en 1880, un an avant la création des ateliers qui porteront son nom.
Parmi les premières verrières des ateliers celles du Bon Pasteur témoignent de l’aboutissement de son amour pour le Moyen-âge. La qualité iconographique des scènes de l’ancien et du nouveau testament dans des médaillons du plus pur style du Moyen-âge, ainsi qu’une qualité rare au niveau de la fabrication font de cet ensemble un véritable chef d’œuvre.
Aujourd’hui, après 125 ans de présence dans cette église, ce chef d’œuvre de Lucien Bégule est en danger d’indifférence. Lorsque l’église tombera sous les coups des bulldozers lyonnais, seuls quelques spécialistes déploreront ce massacre.
Quelle serait la décision si les œuvres étaient des toiles d’un grand maître du XIX°?
Il est certain que tout serait fait pour les sauvegarder.
Il y a un gros problème de déontologie dans cette histoire : les acteurs n’ont évidemment pas les mêmes intérêts, mais certains ont les clefs et les autres non. Ceux qui ont les clefs devraient penser patrimoine, œuvre, sauvegarde, art. Une cité vit avec deux pôles culturels : celui du passé qui nous a créé et celui du futur que nous créons pour les générations futurs.
Si chaque génération sacrifie celle du passé -car son entretien empêche le financement de celui du futur- plus rien ne représentera le présent.
Je prêtant qu’un responsable politique s’honorerait en s’appliquant à lui-même et à ses actes ce qu’il crie haut et fort, à savoir qu’il ne faut pas regarder la simple implication financière pour avancer dans l’amélioration de la ville. Le simple regard sur certains investissements pour un seul sport montre l’obéissance à des lobbies.
Je ne demande pas grand-chose : la véritable mise en sécurité du bâtiment et la restauration des œuvres d’art qu’il contient, puis de trouver une affectation pérenne qu’elle soit profane ou religieuse.
Sur internet, je vous invite à signer la pétition pour la sauvegarde du Bon Pasteur.
Thierry Wagner
24, rue Ludovic Bonin
69200 – Vénissieux