Non-puissance, sobriété et espérance Quelle Société voulons-nous ?
"Je voudrais demander, s'il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l'autre, de l'environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! Rappelons-nous que la haine, l'envie, l'orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c'est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse !"
Homélie du Pape François - Messe d'installation - 19 mars 2013
Projet de programme
"Chrétiens et pic de pétrole" - 3ème colloque - Lyon, 8-9 novembre 2014
Non-puissance, sobriété et espérance Quelle Société voulons-nous ?
Dans les deux colloques précédents* et les laboratoires sur ce sujet, nous avons perçu la nécessité d’un monde autre qui refuse toute forme d'égoïsme. Cela a été exprimé avec les mots de don gratuit de soi (gratitude), de non-puissance. Nous ressentons cela comme un universel appel de tous à la sainteté, à la sobriété, à la vie simple selon l'Evangile.
Les psaumes en parlent avec le mot "anawim", les pauvres de Dieu. "Anaw" en hébreu signifiant "pauvreté" mais aussi "douceur" à partir de la racine "anah" signifiant "s'occuper de". Ce qui ouvre une espérance. (Michel Durand)
*2009, Quelles ressources spirituelles pour faire face à l’épuisement des ressources naturelles
2011, Objection de croissance et christianisme
1 - DOMINATION, profit, puissance : L'érosion du socle éthique de nos societes
« Toute société capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés, ni animés de l’esprit de gain et de la recherche du plus grand gain. Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule et toute forme d’économie est menacée. Les biens les plus précieux et les plus nobles de la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui ne doivent venir sur aucun marché ». (François Perroux)
Cette partie fait un état des lieux de la crise systémique que nous traversons :
- 1.1 L'Argent, puissance de toutes les dominations : Comment la puissance du capitalisme sans limites ni obligations sociales et environnementales est le moteur, comme le prophétisa Pie XI, de "l'impérialisme international de l'argent" ? Et donc pourquoi "le capitalisme est incompatible avec la dignité que le christianisme veut pour l'Homme" ? Comment résister à l'Argent - Assis en face du tronc, Jésus regardait comment la foule mettait de l'argent dans le tronc. Marc 12, 41-44. (Citation de Stéphane Lavignotte)
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1.2 Le sens de l'existence humaine disparaît de l'horizon : Comment "la science
moderne a peu à peu capté l'essentiel des forces spirituelles de la culture occidentale" amenant à une société de l'insignifiance ? Pourquoi "nous errons, environnés d'objets qui se
laissent manier mais qui n'ont rien à nous dire" ? Comment faire un pas de côté pour nous redonner du sens ? (Citation de Olivier Rey
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1.3 Grandir dans la crise : " Le manque d'amour ne fait pas que nous
déshumaniser. Il finit par nous dépolitiser. L'amour, en revanche, pousse à prendre soin du bien commun. Une politique sans amour du prochain aboutit à un rationalisme de la négociation ou à un
appétit vorace uniquement tourné vers la jouissance du pouvoir. Aucune éthique n'est ici possible, car l'autre ne suscite aucun intérêt. "
Comment ces paroles du Pape François expriment-elles la crise que nous traversons ?
2 - Sobriété, dignité, convivialité : Redéfinir le bien commun
" La ressource pour guérir le monde de la délinquance financière généralisée ne réside pas dans une quelconque idéologie qui voudrait imposer un meilleur fonctionnement du monde. La véritable ressource est de reconnaître l’existence de cette quête essentielle de fraternité présente au cœur de chaque être humain, juste à côté de celles de la liberté et de l’égalité. Son vrai nom est l’amour ". (Philippe Leconte)
Cette seconde partie pose les valeurs fondamentales sur lesquelles devraient reposer une société conviviale qui se met au rythme du plus pauvre d'entre nous.
- 2.1 Habiter la Terre, c'est "habiter avec elle" : Comment s'exprime dansle discours social de l'Eglise Catholique, - le fait que les biens de la Terre sont destinés à tous les Hommes ? - que ceux-ci ne peuvent pas prétendre trouver ce qu'ils sont dans ce qu'ils possèdent ? - que nous devons fuir l'argent pour naître à l'Amour ? Quelle initiative ecclésiale pour participer à redonner du sens à ce monde ?
- 2.2 Dépasser nos cadres idéologiques : Pourquoi plafonner les revenus ? Comment cela participera à transformer nos représentations collectives de la "vie heureuse" ? Pourquoi et comment une société moins inégalitaire est-elle plus démocratique ?
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2.3 Décoloniser nos imaginaires : Pourquoi et comment remettre en cause les
fondements de la société de croissance ? Pourquoi et comment devons-nous retrouver le sens des limites ? Comment réinventer ensemble une société plus conviviale ?
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3 - Transitions écologiques, transmission de l'Evangile : L'espérance d'abord
Cette troisième partie a l'objectif de présenter plusieurs expériences individuelles ou collectives, politiques, religieuses. Elle illustre ce que Benoît XVI exprimait comme l'impérieuse nécessité de "(...) reconsidérer nos itinéraires, nous donner de nouvelles règles et trouver de nouvelles formes d'engagement..." qui recoupe l'ambition élevée de Paul VI, dans l'encyclique Populorum progressio, pour que ces itinéraires ou trajectoires "s'entrecoupent dans la valeur profonde de la dignité de l'Homme et dans la recherche du bien commun..."
- 3.1 S'appuyer sur les multiples expérimentations en cours : Il existe des milliers d'alternatives disséminées sur la planète. Comment s'affranchissent-elles du modèle consumériste ? Comment créent-elles leur propre système d'échanges, gèrent-elles leur approvisionnement en eau et en énergies ou organisent-elles de nouvelles façons de travailler ensemble ?
- 3.2 Au-delà de la réforme du système monétaire international, quels défis éthiques pour se mettre dans les pas du Christ : "Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l'aura ?" - Luc 12, 13-21. Pourquoi et comment participer à construire ce monde nouveau, non plus dans l'angoisse, mais dans l'espérance et la solidarité ? Pourquoi et comment créer des règles communes lorsque les biens vitaux de tous les humains sont en jeu ?
- 3.3 L'expérience politique qui rend aux peuples et aux individus leur responsabilité et leur liberté d'agir selon leurs aspirations profondes : Ecosocialisme, théologie de la Libération, décroissance, convivialisme, "buen vivir"... comment sortir de cette "cage d'acier" de la toute-puissance de l'Argent qui détermine l'Homme ?