Splash et but
Rue Augereau, hier après-midi — Grenoble bien entendu. Pluie abondante, je marche sur le trottoir, une voiture vient à passer rapidement, il y a une très
grosse flaque d’eau juste sur ma droite, un genre de baignoire de plusieurs mètres de long si vous voulez tout savoir, l’automobiliste ne ralentit pas, et il la vise qui plus est, toute cette
eau, me voilà bien mouillé, éclaboussé largement… et très curieusement, je n’ai pas eu l’once d’un sentiment de colère en moi (ni sur l’instant, ni par la suite d’ailleurs)… je ne m’étais alors
pas même retourné tant j’étais déjà occupé et tendu vers mon prochain rendez-vous : j’allais en effet déposer au responsable d’une association deux documents relatant des vies, des vies
d’hommes et de femmes, de personnes ayant défendu (au risque de leurs vies à l’époque) d’autres personnes, par souci de bonté ainsi que de vérité. J’ai donc été mouillé hier, et je me souviens
qu’il y avait un chantier de l’autre côté de la rue, des ouvriers se tenaient là, ils avaient assisté à la scène et montraient leur étonnement par rapport au fait que je n’avais pas même réagi
face à cette action malveillante et stupide (pas de cri, ni de bras d’honneur ou je ne sais trop quoi)… j’ai saisi tout cela en un quart de seconde, mais j’étais déjà ailleurs, dirigé vers un
autre but qui n’était pas ‘ailleurs’ que ce qui fait nos vies d’aujourd’hui…
Jean-Marie Delthil. 12 janvier 2011.