Une Eglise nationale, gallicane, anglicane, roumaine, grecque… est un son sens selon l’Evangile. L’assemblée du Christ couvre toute la terre

Publié le par Michel Durand

Une Eglise nationale, gallicane, anglicane, roumaine, grecque… est un son sens selon l’Evangile. L’assemblée du Christ couvre toute la terre
Voici l'homélie de ce jour telle qu'elle fut dite en l'église Saint-Polycarpe des pentes de la croix rousse à Lyon. L'entendre sur le site de la paroisse a sont intérêt car ce qui est prononcé diffère quelque peu de ce qui est écrit.

La photo indique le contexte socio politique de cet été 2014.

Pour entendre venir ici

D’une certaine façon, je continue, avec les textes de la liturgie de ce jour, la méditation du 15 août. Dans une attitude de foi – acte de croire en Dieu qui fait miséricorde à tous les hommes – je m’adresse à lui par la prière afin d’obtenir ce qui me semble le plus important pour mon bonheur. Faut-il demander ceci ou cela ? Peut-être. En tout cas, Jésus nous y invite, suite au témoignage de foi de cette Cananéenne.

« Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! Et, à l’heure même, sa fille fur guérie ».

Nos intentions de prière universelle sont très concrètes. On prie pour que justice soit faite, pour qu’une personne soit guérie, qu’elle souffre moins dans sa maladie. On prie (je pense à la méditation du 15 août devant l’assomption de Marie) pour avoir « une bonne mort », selon l’expression du XIXe siècle. Quand la prière est exaucée, que la paix est enfin rétablie, est-ce que l’on attribue l’heureuse issue d’une situation difficile à l’action de Dieu en nous ou aux efforts conjugués des hommes ? Je veux être sincère avec vous. Je ne sais pas répondre à cette question. Il me semble que ce serait trop facile et pas totalement juste de dire que je crois fermement que Dieu exauce toutes les prières.

Il y a quelques jours une personne me remercia d’avoir prié pour elle et de lui avoir ainsi permis d’obtenir ce qu’elle souhaitait. Est-ce le fruit de la prière ?

Vous avez remarqué, je pense, l’humour, quelque peu chargé d’ironie, de cet épisode d’Évangile selon Matthieu. La Cananéenne se montre vraiment collante. Elle insiste lourdement. Les disciples expriment leur désir de s’en débarrasser :

« donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ».

D’autres passages d’Évangile signifient cet enseignement de la ténacité dans la prière. Par exemple, un soir, un homme frappe à la porte de la maison pour avoir du pain. Tout le monde dans la maison est déjà couché. Le père va quand même se lever pour satisfaire le quémandeur. Il ne le fait pas de bon cœur, mais au moins pour être tranquille (Lc 5,11-13). Jésus invite à cette prière insistante :

« qui demande reçoit ».

Il y a de cet esprit dans le passage d’aujourd’hui, avec, en plus de l’humour lorsque la femme souligne la logique de la situation :

« les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître ».

Notons bien que l’étrangère ne demande pas la part due à ceux qui en sont légitimement propriétaires. Elle veut tout simplement profiter de ce qui est de toute façon perdu.

« Femme ta foi est grande ».

Cela dit, il me semble que la pointe de l’ensemble de la Parole de ce dimanche n’est pas la prière de demande, mais l’écoute de l’étranger.

Depuis Isaïe il est clair que l’attachement à Dieu n’est pas réservé à une ethnie déterminée. L’adhésion au Christ n’est pas en accord avec la défense exclusive d’une race, d’une langue, d’une patrie. C’est le mot universel qui convient le mieux pour expliquer comment Dieu veut la suppression de toutes formes de frontières. Amour universel. Or il faut bien reconnaître que nous n’avons pas encore réalisé cette dimension catholique (universelle) de la foi en Dieu.

Tout au long des évangiles, le contact de Jésus avec les Samaritains –des étrangers infidèles à l’authentique Torah- est l’occasion de rappeler l’enseignement des prophètes sur la volonté de Dieu de ne voir parmi les hommes que des frères. Il n’y a pas de lieux meilleurs que d’autres pour adorer Dieu.

« L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne, ni à Jérusalem pour adorer le Père. L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » (Jn 4, 21).

Le disciple du Christ n’a pas de patrie sinon celle du Père. Et le Père embrasse la terre entière. La maison de prière du Seigneur est « Maison de prière pour tous les peuples ».

En ce sens, il ne peut pas y avoir d’Église, d’Assemblée, de disciples du Christ attachés à une nation particulière. Une Église nationale est un non-sens selon l’Évangile. Si Jésus, concrètement, n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël, ses apôtres, Paul surtout, ont porté la Parole au-delà des frontières. Ils mettent en œuvre ce que le Seigneur annonçait déjà avec Isaïe : la miséricorde de Dieu est pour tous les peuples.

Bref, nous ne pouvons oublier cet universalisme et ne pouvons que faire bon accueil à l’étranger.

« Les étrangers attachés au service du Seigneur, je les conduirais sur ma montagne sainte ».

Nous ne pouvons suivre une façon de faire européenne qui consiste à mettre des barrières afin de se protéger des pauvres venus d’autres pays.

« Voici qu’une Cananéenne venue de ces territoires hors frontières juives criaient : aie pitié de moi Seigneur, Fils de David ».

Publié dans Eglise, évangile

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