Reconnaître la communauté qui se met toute seule en prière, une communauté heureuse de recevoir un prêtre sans l’attendre pour se réunir
Paroisse Saint-Joseph de l'Ousse : il y a beaucoup de personnes très dévouées dans les multiples services qui font que nos lieux de célébrations et de rencontres restent ouverts et accueillants, et que la vie paroissiale témoigne de l'Evangile
Voici un Noël où je n’ai pas de célébrations à préparer et à présider. Mais, que signifie : présider ?
Cette absence de tâche à accomplir est heureuse, car, comme me l’a dit un dimanche matin à l’apéro après l’eucharistie de l’Église Saint-Polycarpe, un fidèle du Christ : « tu vas bientôt vivre ce que nous vivons tous, la totale vocation du baptisé ».
Il me semble avoir toujours perçu la prière chrétienne comme le rassemblement de disciples qui s’unissent, non pour assister à une messe célébrée par un prêtre, mais pour exprimer communautairement leur reconnaissance de la Gloire divine. En se sens, je conclue que le prêtre est second. Ce qui ne signifie pas secondaire.
Je reprends la question autrement. Assurément, ce n’est pas la première fois que je médite sur ce sujet. De prêtre, dans le sens sacerdos, il n’y en a plus. Désormais, il n’y en a qu’un : Le Christ. N’est-ce pas que nous apprend la lettre aux Hébreux (9, 11-15):
Le Christ est venu, grand prêtre des biens à venir. Par la tente plus grande et plus parfaite, celle qui n’est pas œuvre de mains humaines et n’appartient pas à cette création, il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, en répandant, non pas le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang. De cette manière, il a obtenu une libération définitive. S’il est vrai qu’une simple aspersion avec le sang de boucs et de taureaux, et de la cendre de génisse, sanctifie ceux qui sont souillés, leur rendant la pureté de la chair, le sang du Christ fait bien davantage, car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut ; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant. Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle, d’un testament nouveau : puisque sa mort a permis le rachat des transgressions commises sous le premier Testament, ceux qui sont appelés peuvent recevoir l’héritage éternel jadis promis.
Et l’épitre de Paul à Timothée (1 Tm. 2, 5) :
J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des Actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous.
Ceci rappelé, parlons des prêtres dans le sens d’anciens (presbyteros).
Ce mot “presbyteros” vient du mot grec “presbus” qui signifie “Anciens”, par exemple les anciens notables ou chefs d’une communauté, comme en connaissait le judaïsme. De ce terme vient le mot presbytre qui a donné prêtre. Le prêtre dans l’Église catholique est celui qui a reçu le sacrement de l’Ordre, il n’est pas à comparer avec les lévites et les personnages désignés comme prêtre dans l’Ancien Testament.
Le mot sacerdoce est employé pour tous les baptisés. On parle du sacerdoce commun des fidèles. Et, pour éviter toute confusion, on prend soin de le distinguer du sacerdoce ministériel réservé aux prêtres (presbuteros – anciens)
C’est justement cette dernière expression, sacerdoce ministériel, qui ne devrait plus avoir court. Mais l’histoire, suite, entre autres, à la pression de Charlemagne dans la ligne de Constantin, a rétabli le prêtre sacerdotal. L’homme mis à part pour la célébration des sacrements. L’organisation architecturale, en date du Ve siècle, avec le presbyterium, en montre la réalité. Il me semble que Jésus ne souhaitait pas cette forme de séparation. Matthieu 18, 19-20 :
Je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
Donc, vivons la prière en tant que dynamisé par le sacerdoce commun des fidèles et souhaitons que les chrétiens se réunissent pour prier dans ce climat de reconnaissance du Père qui envoie son Fils parmi nous pour se rapprocher de nous tous. Que les chrétiens se réunissent sans attendre qu’un ministre humain sacerdotal les convoque. S’il se trouve qu’un ancien soit présent pour célébrer dans l’eucharistie le corps et le sang du Christ, cela sera une grande joie, mais que l’absence de prêtre n’entraîne pas la non-réunion des fidèles du Christ. Et si plusieurs prêtres (anciens ou non) se trouvent ensemble dans la communauté qu’ils concélèbrent sans crainte. Je suis triste d’entendre des curés de paroisse dire que la concélébration n’est pas souhaitable, car il est préférable que le ministre sacerdotal en surplus aille « dire la messe là où il n’y a plus de prêtre ».
Cette phrase m’amène à une ultime considération. Là aussi, j’en ai déjà parlé. Le rôle dans l’Église catholique des prêtres auxiliaires, quelque peu différents du prêtre coopérateur, expression non usitée dans le diocèse de Lyon.
Il y a peu de temps, un envoyé de l’archevêque m’a demandé si je ne m’ennuyais pas n’ayant plus de responsabilité. Il m’a alors suggéré que je pourrais rendre quelques services à des confrères surchargés, par exemple dire la messe ici ou là. Une fois par mois ou plus, selon mon désir. C’est justement la situation du « bouche-trou » que je ne souhaite pas, car je ne trouve pas cela conforme au message du Christ. La communauté priante, liée à l’unique grand prêtre (médiateur), prime sur l’acte ministériel à accomplir. Le prêtre n’est-il pas prêtre, icône du Christ, quand il prie dans la solitude de son logement, quand il rencontre ses amis, quand il agit dans une association culturelle, humanitaire, quand il parle à ses voisins ?
Autrement dit, ne faudrait-il pas d’abord reconnaître l’existence de la communauté qui se met toute seule en prière, voire avec l’animation d’un ancien pris en son sein, une communauté heureuse de recevoir un prêtre sans l’attendre pour se réunir ?
Il est bien regrettable que les ADAP (assemblée dominicale en absence de prêtre) ne soient plus à l’ordre du jour. Assurément, vivre une messe, une copie d’eucharistie, sans consécration, n’était pas le meilleur choix. Mais pourquoi avoir oublié les offices du matin (Laudes), du soir (vêpres), des lectures (nocturnes) ? Certains chrétiens ont proposé des ADAL (assemblée dominicale animée par des laïcs). Il est regrettable que cela demeure trop souvent sans suite. Les moyens pour favoriser, à leur base, les communautés de prières sont-ils pris ?
Mais, je bavarde au lieu d’être bref.
Voilà en quelques mots le souhait auquel j’ai repensé ce matin :
Que les prêtres âgés, au lieu d’être hiérarchiquement sollicité pour dire des messes, soient invités par des communautés de disciples du Christ qui se réunissent régulièrement dans le dynamisme de leur prière commune. Que ces communautés soient encouragées à prier ensemble selon les paroles du Christ. Si un prêtre (presbyteros) est présent, ce sera une grande joie et non une condition de la rencontre.
Que soient ordonnés prêtres, l’ancien(ne), qui animent régulièrement la prière commune et a le souci de la vie selon l’Évangile de l’Église locale.
- là, on me signale que ce n’est pas demain la veille.