Or, la France avait généreusement promis d'accueillir 500 chrétiens de Syrie, choisis dans la marée des réfugiés

Publié le par Michel Durand

Or, la France avait généreusement promis d'accueillir 500 chrétiens de Syrie, choisis dans la marée des réfugiés
Or, la France avait généreusement promis d'accueillir 500 chrétiens de Syrie, choisis dans la marée des réfugiés
Or, la France avait généreusement promis d'accueillir 500 chrétiens de Syrie, choisis dans la marée des réfugiés

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J’ai voulu voir le film sur l’exécution des coptes en Libye. Je l’ai effectivement trouvé dans un site qui me semble hébergé en Amérique latine. Mais je ne l’intègre pas ici, tellement les images sont inacceptables. Les prises de vue et de son montrent une grande qualité. Le scénario est bien abouti. Tellement filmé avec professionnalisme que je me suis demandé si ce n’était pas une fiction réalisée avec des acteurs et techniciens habitués au travail en studio. La séquence finale indique le sens de l’opération : le sang rouge des martyrs envahit progressivement l’eau de la méditerranée. Les hommes, habillés d’orange à la guantanamo, alignés de la même façon, sont tous très dignes. La tête droite. Par le mouvement de leurs lèvres, on les voit prier.

Jean-Claude Brunetti, dont j’ai parlé les jours précédents a envoyé une lettre au président François Hollande. Je la recopie après un article lu dans le quotidien La Croix. Les deux regards me semblent se compléter et ils s’associent à mes méditations de ces jours. Je le dis pour en souligner la logique.

J’ai lu dans La Croix du 23 février 2015 cet article :
Tony Rezk. Tel est le nom du jeune artiste qui a peint la première icône des 21 jeunes coptes égyptiens décapités par les djihadistes de Daesh (ou EI pour État islamique) en Libye, dimanche 15 février. Cette icône, fidèle au style des icônes coptes, montre les victimes comme des martyrs, portant l’étole rouge du martyre (portée ici également par les anges et par le Christ), et sous des couronnes portées par les anges.

« Cette icône a sans doute été dessinée en partie de manière numérique, car les visages tous identiques semblent avoir été dupliqués », signale Marie-Gabrielle Leblanc, historienne d’art, journaliste et familière de l’Église copte. Ce qui ne l’empêche pas d’être sensible aux détails très touchants de cette icône qui représente les 21 martyrs en habit orangé, rappelant la combinaison orange que les terroristes islamistes mettent à leurs victimes avant de les décapiter. « Au centre, on distingue le visage plus foncé de l’unique Soudanais », poursuit Marie-Gabrielle Leblanc qui connaît bien le village d’El Our, près de Salamout, dans la province de Mynia (Moyenne-Egypte) d’où étaient originaires tous les Coptes martyrs – sauf le Soudanais. Et dans le fond, les vagues stylisées rappellent que c’est sur une plage libyenne que les 21 Égyptiens ont été assassinés..

INSCRITS DANS LE SYNAXARIUM
Selon Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique de Gizeh, ces Coptes sont morts en prononçant le nom du Christ. Le patriarche copte-orthodoxe Tawadros II a annoncé ce week-end que les noms de ces 21 Égyptiens seront inscrits dans le Synaxarium, l’équivalent du Martyrologe romain pour l’Église copte, ce qui signifie qu’ils sont déjà canonisés. Selon le site Terrasanta.net, le martyr de ces 21 Coptes sera célébré le 8e jour d’Amshir du calendrier copte, soit le 15 février du calendrier grégorien.

Sur la chaîne de télévision chrétienne du Moyen-Orient « SAT-7 », Beshir Kamel, frère de deux des Égyptiens décapités par Daesh – Bishoy, 25 ans, et Samuel, 23 ans –, a expliqué que ce meurtre de l’État islamique a « aidé à renforcer la foi » des Coptes en Égypte. Beschir Kamel a également déclaré que sa mère, « une femme sans instruction âgée d’une soixantaine d’années », avait pardonné au tueur de ses fils : « Ma mère a dit qu’elle demanderait à Dieu de le laisser entrer dans Sa maison parce qu’il avait permis à son fils d’entrer dans le Royaume des cieux ».

PARDONNER ?
Le Premier ministre égyptien, Ibrahim Mahlab, a révélé que le président Abdel Fattah al-Sisi avait décidé la construction, aux frais de l’État, d’une église dédiée « aux martyrs de Libye » dans la ville de Minya. En outre, par décret présidentiel, les familles des victimes du terrorisme islamiste recevront un dédommagement financier et deviendront titulaires d’une pension mensuelle.

Parallèlement Mgr Angaelos, évêque des Coptes-orthodoxes du Royaume-Uni, a déclaré qu’il était prêt à pardonner aux terroristes de Daesh qui ont tué les 21 Égyptiens, même si cela peut sembler « incroyable » à certains. « Nous ne pardonnons pas l’acte, parce que celui-ci est atroce. Mais nous pardonnons vraiment aux tueurs des profondeurs de nos cœurs », a affirmé Mgr Angaelos à CNN. « Autrement, nous serions consommés par la colère et la haine et nous entretiendrions une spirale de violence qui n’a pas lieu d’être dans ce monde. »

 

J.C. Brunetti : 18 ou 27 février 2015

"Monsieur le Président de la République
Considérez-vous que les chrétiens de France soient des membres à part entière de la République ?
Je ne vous écris pas dans un esprit de revendication, ma lettre est simplement l'expression d'une déception et d'une peine sincère, celle de me sentir en tant que membre d'une institution et en tant que personne particulière, non reconnue et pratiquement méprisée par les responsables de mon pays.
Ces derniers temps vous avez souvent parlé de "nos compatriotes musulmans", des "juifs de France", pour lesquels vous avez multiplié les gestes de solidarité et vous avez eu entièrement raison, compte tenu des événements tragiques des 7 au 9 janvier.
Deux personnes qui se reconnaissaient dans le christianisme ont perdu la vie dans ces événements. On a peu parlé d'elles, rien d'anormal à cela, car elles n'ont pas été tuées en raison de leur religion, elles assuraient simplement la sécurité des autres…
Mais, lorsque 21 Coptes d'Égypte sont assassinés en Libye, assassinat clairement défini comme une menace adressée "au peuple de la Croix, fidèle à l'Église égyptienne ennemie" et que l'Élysée parle à deux reprises de "l'assassinat sauvage de 21 ressortissants égyptiens"… cela me blesse profondément.
À Paris et à Copenhague, on tue des Français ou des Danois parce qu'ils sont Juifs, mais en Libye on tue des Égyptiens…
Ce parti-pris d'ignorance est vraiment le signe d'un mépris pour les chrétiens, c'est du moins comme cela que je le ressens, monsieur le Président.
Car il y a plein d'autres choses qui me blessent : Quand, par exemple, vous dites que "l'islamoterrorisme", comme l'appelle votre Premier ministre, est d'abord dirigé contre les musulmans modérés, c'est vrai que des musulmans sont victimes de DAECH, mais le "d'abord" est sans doute un peu fort, il ne faut pas oublier que, de par le monde, le christianisme est la religion la plus persécutée (très souvent par les tenants d'un islam sinon terroriste, du moins fondamentaliste), comme le souligne l'étude documentée récemment parue aux éditions XO, intitulée "Le livre noir de la condition des chrétiens dans le monde."

Je rappelle, à ce sujet, que la France avait "généreusement" promis d'accueillir 500 chrétiens de Syrie, choisis dans la marée des réfugiés. Il me semble que nous ayons des difficultés à remplir le contrat, dites-moi si je me trompe…
Il est souvent question des dégradations de mosquées ou de synagogues, ce qui est déplorable, bien évidemment, mais le fait que l'évêque de l'Ain ait été amené à prendre la décision de laisser les tabernacles dans toutes les églises de son diocèse, vides et portes ouvertes pour dissuader les auteurs de profanations de ciboires et d'hosties, ne mérite pas qu'on en parle…
Je comprends très bien que l'institution Eglise ne vous attire pas spécialement, elle n'a pas toujours eu une histoire glorieuse, mais c'est le propre de toute institution, en connaissez-vous une de parfaite ? La République elle-même n'a-t-elle pas quelques cadavres dans ses placards ? Est-ce une raison pour ne pas l'aimer, pour ne pas souhaiter qu'elle s'améliore ?
Il y a aussi le fait que récemment certains chrétiens aient pu prendre des positions qui vous agacent… Que des citoyens ne pensent pas comme vous, c'est la gloire de la République et de la liberté d'expression dont vous êtes un ardent défenseur.
Seulement à ce sujet, il y a, me semble-t-il, deux libertés, celle des membres de l'intelligentsia reconnue qui peuvent se moquer de tout, c'est-à-dire ne rien respecter, et ceux qui, au nom du respect, justement, mettent un frein à leur expression. C'est-à-dire qu'il y a les "Charlie" et les autres, ceux que Charlie appelle des "cons" (je vous prie d'excuser cette licence de langage qui n'en est hélas plus une).
J'ai dans les premiers jours qui ont suivi les terribles événements de début janvier défilé avec tous les autres (enfin, beaucoup !) pour manifester le refus de la barbarie par toute la nation (dont je suis membre !) mais, pour autant, la philosophie de Charlie, bien sympathique à beaucoup d'égard, me paraît trop hexagonale et pour être précis, bien trop "bobo parisien", pour être la mienne ! Je ne publierai pas des caricatures pour le plaisir de proclamer que je suis libre, en ne prenant pas en compte que, dans d'autres pays, (et c'était prévisible, puisque ça avait déjà eu lieu) d'autres payeraient de leur vie ma liberté.
Il est vrai que ce n'étaient que des chrétiens nigériens… enfin, des "ressortissants nigériens" comme ont dû dire vos services… et puis quelques églises qui ont brûlé, rien à voir, circulez.

Ma lettre est sans doute plus marquée d'amertume que je ne l'aurais voulu en commençant, et peut-être, bien que je m'en défende, ma vision est-elle un peu déformée. J'espère cependant ne pas avoir été injuste envers vous.
J'ai simplement voulu vous dire, en tant que citoyen d'un pays que j'aime au moins autant que vous, combien votre humanisme rétréci et votre laïcité à géométrie variable me déçoivent.
Je vous conserve le respect dû à vos fonctions, cette lettre en est d'ailleurs un signe. Je vous souhaite la meilleure fin de mandat possible."

 

Publié dans Politique, Eglise

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