Devant de tels choix d’expulsion, de non logement, d’aveuglement, la « désobéissance civique » est une valeur
Lire dans Rue89 : Hébergement à Lyon : le détricotage du droit au logement
Lire dans LyonMag : Lyon : un campement de Roms expulsé du cours d’Herbouville
Voir sur TVS (voir ci-dessous)
Message de Gilberte :
Ce mercredi 1er avril 2015, recherchant une famille qui avait été expulsée déjà de plusieurs lieux (Tassin, Sampaix/St Fons, Surville/Lyon 8ème… ), je me rendais sur le terrain sur lequel elle m’avait dit s’être installée :
Il est à St-Priest à l’angle de la rue du Dauphiné et du boulevard de la Porte des Alpes.
Je n’étais pas allée sur ce terrain depuis décembre 2014, l’ayant connu en septembre où quelques familles rroms l’occupaient sur une petite partie de celui-ci.
En octobre/novembre d’autres familles, expulsées d’autres lieux où elles vivaient (Surville/Lyon 8ème, Vaise Lyon 9ème, Bron, Villeurbanne, Écully… ), se sont installées également sur ce terrain.
Fin novembre/début décembre des personnes d’associations qui suivaient ces familles ont constaté avec stupeur que le terrain avait été entouré de «fossés» afin que les caravanes ne puissent y pénétrer.
En arrivant ce MERCREDI 1er avril 2015, je suis restée pétrifiée de découvrir des tranchées de plusieurs mètres de profondeur, surmontées avec toute la terre qui avait servi à les creuser. Je ne dois pas être loin de la réalité, mais du fond de la tranchée au sommet de la montagne de terre, cela doit presque correspondre à la hauteur d’un étage d’immeuble… si ce n’est plus ! Ceci est devenu un mur infranchissable ; pour les caravanes certes, mais aussi pour les occupants de ce terrain.
Ceux-ci se sont créés un petit chemin chaotique le long du bois. Passer avec une poussette, aller à l’école, partir faire des courses ou la manche… demande une « agilité » que n’ont pas les mamans avec des bébés et de jeunes enfants, des personnes âgées... Un jeune adulte handicapé en fauteuil, ne pouvant prendre ce petit chemin, a dû partir, errer avant de trouver un lieu où se mettre à l’abri.
L’ignominie, le mépris de l’être humain, est à son comble, ici à St-Priest :
INACCEPTABLE.
Qui a eu cette idée ? Qui l’a proposée ? Qui l’a décidée ? Qui a donné les ordres ? Qui a effectué ces travaux ?
Et bien ! des hommes et des femmes de chez nous.
Ont-ils imaginé un instant la souffrance que les familles avec des enfants allaient vivre durant ces travaux monstrueux qui allaient les enfermer mètre par mètre… ?
Quelle que soit leur fonction, ces hommes et ces femmes sont responsables de cette détresse. Qu’ils soient : Préfet, Maire, élus, techniciens, policiers, ouvriers…
Devant de tels choix, la « désobéissance civique » est une valeur.
J’ai hésité à entrer sur le terrain, non parce que ceux qui étaient dedans étaient dangereux ! Mais j’avais honte et peur de moi : comment oser regarder en face ces familles que je connaissais ou que je ne connaissais pas ? Et qui étaient rabaissées au rang le plus bas de l’humanité. Ce que je voyais sous mes yeux c’était comme au parc de la Tête d’Or, des tranchées pour protéger les visiteurs des animaux dangereux. Ici, ce sont des hommes, des femmes, des enfants rejetés comme des pestiférés, comme s’ils étaient dangereux.
Pour cacher la honte de cette décision, la montagne de terre les a rendus invisibles aux yeux de ceux qui passent à pied ou en voiture sur cette avenue.
Allez-y, prenez ce parcours à partir de la rue du Dauphiné, suivez par la pelouse qui longe le boulevard de la Porte des Alpes et… qui longe « cette œuvre exceptionnelle ». Il est important de se rendre compte de cette réalité, car tous - après l’avoir constatée - sauront que nous ne devons pas accepter que tout Homme soit mis dans ces conditions indignes, avilissantes, misérables… et nous devons le faire savoir.
Le Pape François a parlé ces jours-ci du silence qui rend complice. Il a raison. Ne soyons pas complices de cette situation scandaleuse, sinon ces pratiques odieuses vont se propager comme étant une solution idéale pour écraser les plus pauvres. Notre devoir, à nous citoyens responsables, est de les protéger.
Trouvons ensemble des moyens pour obtenir déjà que les personnes qui sont sur ce terrain soient hébergées. Soit dans un autre terrain aménagé, soit dans un logement, soit dans un lieu que nous ouvrirons, afin qu’elles puissent avoir une vie digne, donc humaine.
Les valeurs de la France : LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE – qui sont sur le fronton de nos mairies sont bafouées.
La Déclaration universelle des droits de l’homme déclare dans son article 1er :
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité »
À nous tous de la faire appliquer