Face aux expulsions des squats sans relogements nous ne pouvons qu’aider à retrouver un toit et atteindre les causes des migrations

Publié le par Michel Durand

Un camp toléré pour évacuer les squats

Un camp toléré pour évacuer les squats

Aux informations de ce matin, j’ai entendu parler de Calais. Un terrain vague où les migrants peuvent s’installer. C’est effectivement mieux que d’être pourchassé par la police ; donc camp de migrants « toléré » par l’État, afin de vider les squats du centre-ville. Déjà les riverains sont mécontents. Ils témoignent que la promenade jusqu’à la mer n’est plus possible à cause de l’insécurité.  Sur le chemin qui mène à la mer, « je n’y vais plus. Parce qu’on ne se sent pas en sécurité et puis ce n’est pas un décor agréable à regarder. » Alors, migrant égal danger.

Dans son édition de novembre 2014, Témoignage Chrétien publie (article de Haydée Sabéran) : « Voilà Erfan Khan, 25 ans, pakistanais, crinière brune en arrière et longs cils, étudiants en science politique. Il vit là (terrain de foot de l’usine chimique Huntsmann –Tioxide) depuis quatre mois. Il a cousu un drapeau pakistanais et le fait flotter au-dessus de sa tente. Il dit que sa famille a été tuée par un drone américain dans les zones tribales du nord Waziristan contrôlées par les talibans. Il a échappé à la mort parce qu’il étudiait à Peshawar. » Son oncle lui dit de rentrer au village. « Erfan Khan a pris la route de l’Europe avec une partie de l’argent de la vente de ses terres ». « Les talibans nous tuent, les drones américains aussi ! »

Des paroles de ce genre je les connaissais déjà pour les avoir entendu prononcées par des Pakistanais, des Afghans de ces régions, vivant maintenant en France. Les Américains ont soutenu les talibans contre les Russes ; maintenant ils poursuivent depuis leur laboratoire de guerre les talibans (ainsi Khawray Mehsud) quitte à tuer des villageois innocents.

La présence d’étrangers migrants en Europe est liée à l’insécurité installée en nombreux pays ; or, ces situations de guerre ne trouvent-elles pas leur explication dans les politiques des pays industrialisés visant à obtenir les meilleures conditions de leur industrie en exploitant les matières de régions toujours sous domination ? Yémen, Mali, Niger, Nigeria connaîtraient-ils ces évènements de violence aveugle s’il n’y a avait pas Areva, Total ou autre industrie d’extraction ? Sans oublier les diverses corruptions.

À Calais, nous avons le témoignage « des vies et des morts indignes de la république » comme l’indique le titre Témoignage Chrétien. Que cela soit moins visible à Lyon n’empêche pas que la politique soit identique. L’Europe refuse de partager. L’Europe veut protéger sa richesse et paye pour cela Frontex. La logique des systèmes de gouvernement est en totale contradiction avec les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité. Comme les élus ne s’en aperçoivent pas, ils convient de le signaler avec force. Et, en ce domaine, les fidèles auditeurs du message du Christ devraient être en première ligne. Mais cela, je l’ai déjà exprimé tout en ayant conscience que les catholiques sont peu ouverts à l’accueil de l’étranger.

Au moment où le gouvernement procède selon les lois qu’il s’est donné à des expulsions légales, au nom d’une loi supérieure, nous devons nous dresser contre cet état de fait quitte à être vus (par quelle loi valable ?) dans l’illégalité. De la Syrie au Kenya, par le Mali, je vois des drames dont les racines plongent dans les politiques économistes inéquitables des puissances dominantes. Est-ce que nous nous posons la question du pourquoi des engagements terroristes ?

À Lyon, j’ai vu ce jeune homme s’exposant : « des jeunes de notre communauté tuent avec haine pour défendre un message d’amour cherchons l’erreur ».

Face aux expulsions des squats sans relogements nous ne pouvons qu’aider à retrouver un toit et atteindre les causes des migrations

Si je suis Charlie, pour quoi ne serai-je pas Kenya ?

Le Pape François a parlé d'un acte d'une "brutalité insensée". À juste titre, il a critiqué le mutisme de la communauté internationale

Il n’est pas supportable que le monde soit relativement indifférent aux causes profondes qui engendrent ces situations. Pour toutes ces causes, il faudrait marquer notre solidarité, descendre dans la rue, dire et redire, crier et hurler, ou rester longuement en silence (tout étant connu, il n’y a plus rien à dire) et exiger des gouvernements plus de solidarité sinon de fraternité.

 

Lyon cercle de silence : deuxième mercredi de chaque mois à 18 h 30 - place des Terreaux

 

Publié dans Politique

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