Les humains sont par essence des migrants ; ils sont faits pour aller à la rencontre de leurs semblables
Photo prise par la marine italienne, en juin 2014, d'un navire de migrants à la dérive sur la Méditerranée. Le bateau transportait près de 600 personnes. Et photo : Leaders on Monday, May 4th 2015, 12:47:00
« Les gouvernements de ces pays d'où partent les candidats à l'immigration clandestine qui devient de plus en plus synonyme de candidats à une mort certaine. Travailler, c'est investir, c'est donner les moyens à des autorités de créer du travail, c'est mieux redistribuer les richesses et les potentialités de ces pays qui sont souvent riches, mais souvent dirigés par des voyous ».
Tahar Ben Jellound.
Mercredi prochain, à Lyon, ce sera bientôt le 7ème anniversaire des Cercles de silence. La situation des migrants est pire et aucune politique n'indique la volonté gouvernementale d'un juste accueil. Voilà une double raison de nous rendre mercredi 13 mai à 18 h 30 place des Terreaux. Nous devons couvrir toute la place.
S’il pouvait en être ainsi dans toutes les villes pour que les « décideurs » voient que les humains sont plus dignes que les industries et que l’Europe ne pourra jamais se construire une frontière excluant les plus pauvres de la Terre. N’est-ce pas ce qui était écrit hier sur ce blog ?
Selon sa conscience, qui peut adorer le dieu argent et ses outils d’un progrès technique inhumain sans limites, sinon les cérébralement aveugles ?
Le cercle de silence de Bordeaux publie :
Depuis le 1er janvier 2015, environ 1500 personnes ont disparu dans la Méditerranée. Les frontières se ferment et s’ouvrent et les migrants continuent à périr… Devant la gravité de cette situation, nous vous proposons de nous rejoindre au prochain cercle de silence de Bordeaux.
Notre silence n’est pas simplement un moyen de pression pacifique. Il est aussi un appel à respecter notre dignité humaine. Nous avons la même humanité et nous nous rassemblons pour défendre cette même humanité blessée…
Merci de diffuser cette information autour de vous, d’inviter vos ami(e)s et si possible de faire des photocopies du document ci-joint pour les distribuer aux passants.
« Nos 1000 tracts sont partis en un peu plus d'une demi-heure ; aucun n'a été jeté ; quelques remarques sur "les Français d'abord" et "on ne peut accueillir tout le monde", mais très peu et il vaut mieux que cela se dise, ça donne l'occasion de s'expliquer. »
Les humains sont des migrants (tract du Cercle de silence de Bordeaux)
« Les représentants de l’État, relayés par les médias, parlent régulièrement de s’attaquer aux réseaux mafieux qui exploitent les migrants. C’est bien ! Mais ne serait-il pas plus efficace et juste de s’attaquer aux causes et notamment au fait que, si toutes les populations du monde avaient la même liberté de voyager et de migrer que les habitants des pays du Nord, elles ne seraient pas obligées de recourir à ces réseaux et de se ruiner.
Ne serait-il pas également plus juste de s’attaquer réellement aux esclavagistes qui ont belle enseigne et pignon sur rue, car leurs pratiques sont tout aussi scandaleuses que celles des réseaux mafieux. Trois témoignages parmi tant d’autres :
“Je travaille 60 heures par semaine pour 150 €, parfois 100. Mon employeur me doit de l’argent, mais il me dit qu’il ne peut me le donner maintenant, car son entreprise ne va pas fort. Je suis en colocation avec une amie, et je ne peux pas payer ma part de loyer. J’en suis malade”.
“J’ai été embauché comme plongeur, puis je suis passé aide-cuisinier, puis agent d’entretien, puis confectionneur de pizza. Mon travail a changé, mes horaires aussi, mais mon salaire lui, n’a pas changé”.
“Je travaille dans un hôtel. Je commence à 10h jusqu’à 14h. Je reprends à 18 heures jusqu’à 23h30 et souvent jusqu’à minuit. Ces 4 heures libres dans l’après-midi ne me permettent pas de rentrer chez moi habitant la banlieue éloignée, sans compter les frais supplémentaires de bus. Donc, entre 14 heures et 18 heures, me nourrissant d’un sandwich, j’erre dans les rues, je m’assois sur un banc quand il fait beau, la galère redouble par mauvais temps. Le vendredi, samedi et dimanche, je termine à 2 ou 3 h du matin. Au début, mon salaire était de 350 €, il est passé à 150 €, je ne sais pas pourquoi, mais je n’ose pas demander, je suis sans-papier”.
Très nombreuses sont les personnes migrantes qui sont maintenues en situation irrégulière par les préfectures, malgré leurs efforts répétés pour en sortir. Elles sont ainsi livrées quasiment sans droit et sans défense à des entrepreneurs sans scrupules qui en profitent pour les exploiter ; beaucoup ne perçoivent aujourd’hui que 2 € de l’heure pour des journées pouvant dépasser les 10h et des semaines allant au-delà des 70h.
Des études faites récemment montrent que si l’on ouvrait les frontières, il n’y aurait pas “l’invasion” que l’on nous brandit comme un épouvantail ; il y aurait, il est vrai, plus de mouvements migratoires, mais de plus courte durée (pour des visites, le commerce, une formation professionnelle, le tourisme…), parce que nous vivons dans un monde caractérisé par la mobilité. L’économie mondiale, ici et là-bas, se porterait beaucoup mieux, parce que l’enfermement et l’austérité ne font la richesse que d’infimes minorités déjà scandaleusement richissimes.
Les humains sont par essence des migrants ; ils sont faits pour aller à la rencontre de leurs semblables, comme personnes, peuples et cultures ; c’est ainsi que l’on s’ouvre l’esprit et que l’on devient intelligent.
Texte distribué lors du dernier Cercle de Silence de Marseille