La mobilisation de plusieurs milliers de places pour accueillir les migrants, y compris via la réquisition, est une absolue nécessité
Les fonctionnaires de l’État et ceux qui collaborent avec eux marchent définitivement sur la tête. En effet, pendant que des bénévoles se défoncent pour trouver des logements destinés à accueillir les migrants, pendant que les fonctionnaires du laïc État français s’adressent aux chrétiens qui, eux, trouvent des logements s’engageant à accompagner dans le long terme les migrants, pendant que ces mêmes fonctionnaires demandent la collaboration des associations compétentes, les décideurs de l’État (les élus) envoient les Forces de l’ordre pour évacuer les abris habitables par des familles, comme en témoigne l’expulsion violente du lycée Jean-Jaurès à Paris le mercredi 4 mai. « L’évacuation du 4 mai marque la limite des mesures engagées par l’État pour accueillir les personnes fuyant leur pays, victimes de la guerre et de l’extrême pauvreté », insistent ceux qui mercredi avaient refusé de participer à cette « opération qui, mal préparée ne présentait pas les conditions minimales de respect des droits fondamentaux et la dignité des personnes ». Ce dont Le Monde, présent sur place aux côtés des délogés, a pu témoigner.
Pour Florent Guégen, le directeur de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), poids lourd du secteur avec ses 800 associations – « la mobilisation de plusieurs milliers de places nouvelles pour accueillir dignement les migrants et réfugiés, y compris via la réquisition, est une absolue nécessité ». Cette prise de position est encore plus forte lorsqu’on se souvient que le président de la Fnars n’est autre que Louis Gallois, ancien patron d’EADS, passé commissaire général à l’investissement (2012-2014) sur proposition du premier ministre Jean-Marc Ayrault… Lire ici.
J’écris cela jute après avoir lu un courriel sollicitant de l’aide pour trouver un logement pour un jeune Afghan, inscrit à Forum réfugié, totalement en règle dans le processus de sa demande d’asile, mais non logé dans un Cada (centre d’accueil de demandeurs d’asile), ce qu’il aurait dû être selon la loi. Cet homme est actuellement en attente de réponse de la préfecture où les fonctionnaires savent qu’il existe sans avoir eu le souci de l’accueillir dignement puisqu’il est livré à la rue. Très souvent les femmes, surtout avec enfant, ont plus de chance pour obtenir un coin pour dormir. Les célibataires hommes doivent se cacher chez des compatriotes qui n’ont pas le droit de recevoir dans une chambre du foyer. Alors, pour que ceux-ci ne courent pas le risque de l’expulsion, il est logique de chercher un coin pour dormir qui ne soit pas la place publique.
Pour s’informer davantage, lire : « La situation en Grèce par rapport à la circulation et aux conditions de vie des migrants et réfugiés devient intolérable », NPA, 5/05/2016.