Se nourrir avec reconnaissance parce que tout vient de Dieu ; il nous envoie chaque jour les aliments qui nous sont nécessaires pour vivre

Publié le par Michel Durand

Tentation de Jésus au désert. Autun, Saint-Lazare

Tentation de Jésus au désert. Autun, Saint-Lazare

Demain samedi je reçois à la chapelle du Prado à Lyon (13 rue Père Chevrier, 7ème) les personnes qui souhaitent lire et étudier l’Évangile du premier dimanche du Carême 2017. Mt 4, 1-11 : Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté.

« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Il importe, dans le climat consumériste que nous subissons, de reprendre cet évangile et de regarder de près toutes les tentations qui sont à fleur peau. Quelle est la force de notre volonté pour ne pas succomber ?

Avez-vous remarqué que je viens d’employer les trois mots qui siègent depuis quelques en tête de gondole de mon être ? Je veux parler de la pensée, de l’intelligence rationnelle, des sens. Dimanche dernier je m’exprimais ainsi pour l’homélie en l’Église Saint-Maurice : Je considère l’humain, l’homme -c’est peut-être aussi une parabole-, comme étant composé de trois éléments. La pensée, la raison-esprit, la sensation.

Effectivement, nous sommes composés d’une capacité pensante, d’une autre discernante, d’une troisième agissante. L’action la plus intime est la pensée. La plus externe est la possibilité de produire des objets.

Mais ma précédente page baignait également dans ce contexte philosophique. Je continue. Et j’ai l’audace de juxtaposer une page d’Évangile à ce qui ne devrait être que méditation biblique. Je le fais tout simplement en me laissant imprégné par le démarche psychologique qui me semble être celle de l’évangéliste Matthieu. Dans cette tentation de Jésus au désert, je vois trois composantes évidentes du vouloir humain.

- L’homme a besoin de consommer. Mais cela ne peut être sa visée ultime, unique, absolue. Interrogation du consumérisme ! Existe également ce qui nourrit l’âme : la Parole de Dieu.

- Face au désir d’actes magiques, de miracles extraordinaires, l’homme sait qu’il doit agir par lui-même. Sa pensée, puis son esprit ne démissionnent pas. L’homme n’en appelle pas à la toute-puissance des forces créatrices. Il ne met pas à l’épreuve le Seigneur son Dieu.

- Est-il avide de pouvoir ? La tentation est grande de se comporter en maître absolu de tout ce qui existe sur terre et dans l’univers inter planétaire. Tentation des dictatures ! Quelles soient politiques ou économiques. L’homme quand il pense (ou parce qu’il pense) comprend sa perte quand il devient adorateur du Capital, de la production, des indices virtuels de productivité. L’homme de pensée se fait partisan de l’unique culte à rendre à Dieu, le Créateur de tout.

L’homme qui pense se sait fort de sa pensée, car il sait qu’elle peut être bénéfique lorsqu’elle s’efforce de suivre la Vérité contre les habitudes et idées reçues. Hannah Arendt, écrit Robin Guilloux, rappelle qu'il n'existe pas de pensée dangereuse, car l'exercice même de la pensée est dangereux, dangereux pour les opinions toutes faites et les pensées instituées, dangereux pour le penseur, comme en témoignent la vie et la mort de Socrate, figure centrale de ce livre. Oui penser est dangereux, reconnaît Hannah Arendt, mais ne pas penser est encore plus dangereux.

Pour continuer dans cette ligne, je vous invite à lire l’article de Robin Guilloux

Antoine Chevrier, Le Véritable disciple, p. 182

Et pourquoi ne pas lire une méditation venant d’un tout autre contexte ? Je veux parler du Véritable Disciple d’Antoine Chevrier. A mon avis, les deux approches se complètent.

Tentation - Nous pouvons tirer des paroles que Notre Seigneur Jésus-Christ a dites sur ce sujet, et des exemples qu’il nous a donnés, toutes les leçons qui nous sont utiles pour régler notre conduite dans cette matière.

Dans sa tentation dans le désert, lorsque le démon lui dit de faire un miracle pour apaiser sa faim, Jésus lui répondit :

L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

La Samaritaine

Dans une autre circonstance, Jésus ayant soif, se tenait sur le bord du puits de Jacob et attendait patiemment qu’une circonstance le favorisât pour boire ; arrive une Samaritaine qui vient puiser de l’eau ; il demande à boire et trouve dans cela l’occasion de l’instruire et de lui donner l’eau vive de la foi.

Ses apôtres arrivant, lui disent : Maître, mangez ; et il réponde ces admirables paroles :

J’ai une nourriture que vous ne connaissez pas, ma nourriture est de faire la volonté de mon Père.

Ailleurs, il dit qu’il est lui-même la nourriture :

Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel ; celui qui mange de pain, vivra éternellement.

Vos pères ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts ; celui qui mangera le pain que je lui donnerai ne mourra jamais.

Par ces paroles, Jésus-Christ nous montre que notre première nourriture est la Parole de Dieu, que nous devons avoir plus d’ardeur pour nourrir notre âme que pour nourrir notre corps, que notre véritable nourriture, c’est Jésus-Christ lui-même, puisqu’il est le pain vivant qui donne la vie.

Tandis que le pain de la terre n’est qu’un pain de mort : Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts.

Celui qui mangera de ce pain ne pourra jamais.

Que nous devons avoir pour les œuvres de Dieu et sa divine parole, autant d’ardeur que les gens du monde en ont pour la nourriture de leur corps.

Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père.

Nous ne devons pas ajouter plus d’attention ou d’importance à cette nourriture du corps que Jésus en apportait lui-même, quand, ayant soif, il attendait patiemment quelqu’un qui vint lui donner à boire sur le bord du puits de Jacob, quand, ayant faim, il broyait des épis dans ses mains avec ses apôtres, quand ayant faim, il cherche des figues sur un figuier de Jérusalem ou qu’il refuse de faire un miracle au démon, pour satisfaire sa faim.

D’après ces paroles du divin Maître, nous devons conclure que le disciple, à l’exemple du Maître, doit prendre sa nourriture avec foi, humilité, reconnaissance et sobriété.

Prendre sa nourriture avec foi

En prenant cette nourriture matérielle, nous devons penser à cette nourriture spirituelle et divine qui est la seule véritable, puisque celle-là seule nous conduit à la vie éternelle et que la nourriture corporelle ne peut nous faire échappe à la mort, que notre véritable nourriture est Jésus-Christ, sa parole divine, sa chair sacrée, son sang adorable, qu’un jour nous serons appelés à ce festin éternel du ciel où nous nous nourrirons de la lumière éternelle qui sera notre vie. 

Avec humilité

Cette nourriture animale nous met au rang des bêtes : comme elles nous mangeons l’herbe des champs, les fruits des arbres et les animaux de la terre, que nous devons manger qu’autant que nous l’avons bien gagné, par le travail puisqu’il  nous a été dit, après le péché : tu mangeras ton pain à la sueur de ton front.

Que nous sommes indignes de vivre puisque le pécheur qui offense Dieu ne mérite pas de vivre, puisqu’il emploie sa vie à outrager Dieu, et que celui qui ne sert pas son Maître est indigne de vivre.

Avec reconnaissance

Parce que tout vient de Dieu et que c’est lui qui nous envoie chaque jour les aliments qui nous sont nécessaires pour vivre.

C’est lui qui couvre chaque année la terre de fleurs et de fruits pour nourrir les hommes et met à notre disposition les animaux de la terre, de la mer et de l’air pour nous nourrir, et qu’il nous nourrit nous autres, d’une manière encore plus particulière et plus providentielle que les autres et que nous ne devons jamais oublier les prières qui précèdent et suivent les repas à l’exemple du divin Maître qui rendait toujours grâces à son Père dans ces moments.

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