Mr le président, regardons autour de nous : des centaines, des milliers d’exilés vivent et dorment encore dans les rues et dans les bois
Hier s’est tenu à Lyon, place des Terreaux, le 106ème cercle de silence. Nous étions un honorable rassemblement silencieux avec nos tracts et bannières habituelles. Honorable, mais pas assez nombreux. Pour atteindre la conscience des élus et des décideurs, il faudrait être des milliers. Or, pour être des milliers, il conviendrait que la conscience des citoyens soit concrètement touchée dans leur pouvoir d’influer sur la politique des États. Il n’en est pas ainsi. Que faire ?
Les militants qui travaillent à l’accueil des migrants pour suppléer aux carences des gouvernements européens ont tellement de tâches à accomplir qu’ils n’ont pas de temps à donner pour interroger (ou conscientiser) l’opinion publique. Certains militants n’approuvent pas le comportement silencieux d’un engagement non violent. D’accord. Seulement, sont-ils massivement présents à un autre type de manifestation soutenant l’étranger qui vit dans notre pays ? Pour reprendre un vocabulaire qui date, je dirai que, face à l’individualisme consumériste, il n’y a plus de solidarité universelle, de conscience de classe regroupant tous les laissés pour compte, les pauvres, les rejetés de l’industrialisation, les migrants qui migrent par détresse et non par plaisir.
Je vous donne à lire l’encart du tract de ce cercle de Silence :
Un centre d’hébergement n’est pas un lieu de « triage »
Le 27 juillet 2017, le Président de la France, E. Macron déclarait : « Je ne veux plus avoir, d’ici la fin de l’année, des femmes et des hommes qui vivent dans les bois, dans les rues, perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité ».
Janvier 2018
Monsieur le président, regardons autour de nous : des centaines, des milliers d’exilés vivent et dorment encore dans les rues et dans les bois. Parce qu’il n’y a pas assez d’abris pour eux et aussi parce que les pouvoirs publics ne veulent pas les accueillir en France.
Où est la dignité ? Quand des exilés sont harcelés par les forces de l’ordre qui détruisent leurs abris et leurs couvertures, aggravant les situations de souffrance et d’errance.
Où est l’humanité ? Quand des centres d’hébergement d’urgence sont transformés en lieux de fichage et de triage entre ceux qui seraient « accueillables » et ceux qui seraient « jetables », c’est à dire voués à l’expulsion vers des pays qu’ils viennent de fuir. Quand de jeunes migrants majeurs en difficultés dans leur formation professionnelle sont jetés à la rue.
Le refus des acteurs associatifs de coopérer à des dispositifs qui lient l’hébergement à l’éloignement forcé n’est pas une posture Monsieur le Président.
C’est l’expression d’un très sérieux malaise devant les conséquences inhumaines de la politique migratoire menée en votre nom.
Cessez de taxer d’angélisme ou de naïveté des associations ou des citoyens qui se mobilisent partout en France par solidarité et qui réclament une politique digne de ce nom, une politique d’accueil à la hauteur des défis migratoires d’aujourd’hui.
Pour eux, pour nous, c’est une question de dignité, c’est une question d’humanité, c’est un enjeu de choix de société.
Entendez-nous Monsieur le Président ! L’appel de Geneviève Jacques, présidente de la Cimade.