L’Église est en crise, particulièrement l’Église à Lyon. Ténèbres épaisses. Mais le désespoir absolu est impossible. Jésus est ressuscité.
« Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43)
Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (Ps 117, 24)
« Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » (Col 3, 1-4)
« Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle » (1 Co 5, 6b-8)
« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9)
Homélie de ce dimanche de Pâques
Samedi saint à la nuit, avant l’aube. C’était encore l’épaisse ténèbre.
Nous voilà toujours dans la plus sombre des obscurités et nous y serons pour pas mal de temps. Crise de l’Église. La nuit noire est pesante, angoissante. Alors au matin, qui ose mettre sonnez dehors ? Qui souhaite affronter le regard public depuis que le couperet de la guillotine est tombé, tuant le condamné à mort ?
En fait à l’époque de Jésus, ce n’est pas sur une place publique au milieu de la ville que les exécutions se pratiquaient - par, exemple à Lyon, c’était sur la place des Terreaux ; au temps de Jésus, c’était en dehors des villes, le long des voies de passage que l’on dressait des gibets en forme de croix. Jésus, aux yeux de tous, entièrement dénudés, cloué sur une poutre attachée à un poteau plantée en terre, y est mort très vite.
Ainsi je rappelle le vécu du Vendredi saint en soulignant celui de l’Église, avec toutes « ses affaires » - depuis les problèmes financiers jusqu’aux abus sexuels - la réalité des mafias, l’ambition de certains prélats, les mensonges de Judas et de bien autres jusqu’à nos jours, etc. Nous ne pouvons ignorer le noir le plus profond du Vendredi saint. Une désespérance complète.
Jésus, le Christ, l’Envoyé de Dieu, le Messie tant attendu pour sauver l’ensemble de l’humanité est bien mort et enterré. En fait, mis dans un tombeau creusé dans la pierre grâce à la générosité d’un compatriote qui pourtant n’était pas dans le groupe des apôtres.
Le jour du vendredi se termine. Arrive samedi. Silence complet. Une journée complète dans un vide absolu. Une nuit d’angoisse. Dimanche matin. Qui ose s’approcher de l’endroit où le corps de Jésus a été déposé ? Une femme.
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres.
Marie Madeleine était une femme peu recommandable. Il semblerait qu’elle gagnait sa vie avec son corps. C’est la seule personne à avoir le courage de s’approcher de Jésus rejeté par les autorités politiques et religieuses. Elle voit la pierre enlevée. Jean, l’évangéliste qui relate cet événement, ne dit pas qu’elle regarda à l’intérieur du tombeau. Il me semble qu’elle ne put faire autrement. Elle regarde et constate : le tombeau est vide.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple.
Ceux-ci avaient peur. Ils restent à la maison, cachés. Le sort qu’a subi Jésus pourquoi ne le subirait-il pas ? Leur détresse est immense et voilà qu’une femme, tôt le matin vient les secouer. En effet, selon elle, il n’est pas possible de rester sans rien faire.
« On a enlevé (volé) le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé ».
Ayant donc fait le constat que le tombeau était désormais vide, arrive la révélation qu’il n’y eut pas de vol, car, en réalité le Seigneur Jésus est ressuscité. Né de Marie, il était venu d’auprès de Dieu, le Créateur du monde ; le voilà de nouveau dans la gloire divine éternelle. Il est ressuscité, vivant pour toujours.
L’Église est en crise, particulièrement l’Église à Lyon. Les ténèbres épaisses. Nous méditions cela à l’eucharistie du dimanche des Rameaux, de la Passion et au Vendredi saint. Je le reprends aujourd’hui pour rappeler que, même dans le plus sombre de nos vies, le désespoir absolu est impossible.Jésus est ressuscité. Comme il l’a dit, trois jours après sa mise à mort, il est vivant. Vivant d’une autre vie. Vivant est bien vivant.
Comme il l’a dit, nous participerons à cette autre vie. Même au plus noir de nos existences, de l’existence de l’Église nous savons que rien n’est totalement perdu. Nous le savons et nous le croyons tout en reconnaissant notre incompétence à vraiment l’expliquer.
Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité. Le dynamisme de nos engagements dans le monde reste attaché à cette conviction. Dieu n’abandonne pas celles et ceux qu’il a créés par amour. C’est en voyant le tombeau vide que, réveillés par Marie Madeleine, Pierre et Jean, puis l’ensemble des apôtres et des disciples ont adhéré à la réalité de la résurrection. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Nous aussi nous connaîtrons la Résurrection.
C’est en nous appuyant sur le témoignage des disciples que nous croyons en la Résurrection. Et c’est par l’orientation que nous donnons à nos gestes quotidiens, à nos choix dans nos modes de vie, que nous montrons à tous que Jésus désormais ressuscité guide et convertit son Église pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée :
« Allez annoncer … ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Mt 11,4s