Je prie et je me demande si je suis écoutée, entendue par Dieu. Où se trouve l’efficacité de ce temps donné à Dieu ? Mauvaise question !
- La prière du pauvre traverse les nuées (Si 35, 15b-17.20-22a)
- Un pauvre crie ; le Seigneur entend (Ps 33, 7a)
- Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice (2 Tm 4, 6-8.16-18)
- Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien (Lc 18, 9-14)
- Le publicain n’osait même pas lever les yeux vers le ciel : mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! Luc 18, 9-14 (Évangile).
- Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. Siracide 35, 15ss (1ère lecture).
- Le seigneur me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. Paul à Timothée (2ème lecture).
Voilà les trois phrases qui ont retenu mon attention pour nourrir, en ce jour, mon homélie.
L’homélie se définit comme étant une méditation et un commentaire sur les lectures bibliques lues au cours de l’eucharistie.
Personnellement, je tente de nouer l’appel que nous adresse l’Évangile proclamé à l’actualité qui nous modèle au quotidien. Entendre l’Évangile dans l’Histoire que, baptisés, nous sommes en train de vivre. Entendre la Parole de Dieu et la mettre en pratique. La concrétiser en modifiant nos habitudes, nos façons de vivre. Les ajuster à la Bonne Nouvelle apportée par Jésus, le Christ. Dans l’homélie, je me sens invité à introduire le plus possible le plan de Dieu dans l’histoire que nous vivons avec les hommes et les femmes qui façonnent -ou subissent- une actualité économique, politique, sociale, humaine souvent fort éloignée de l’intention divine. {Lire ici, un développement sur le genre de l’homélie en paroisse.}
Tout un art !
Aujourd’hui, je vous présente plutôt une méditation qui tourne purement et simplement sur elle-même. Une méditation sur l’attitude intérieure du priant. Ma prière qu’est-elle ?
Quand je prie, bien souvent, il me faut beaucoup d’espérance. Je me demande toujours si « ma prière » est écoutée, entendue par Dieu. Ainsi, je vis souvent le temps d’oraison matinal comme un devoir aride. Je me demande où se trouve l’efficacité de ce temps donné à Dieu. Mais, je sais que la question est ainsi mal posée. Alors, je passe outre. Je reprends donc la lecture de l’Évangile et je continue, dans mon « ermitage urbain », à consacrer du temps pour cheminer avec Jésus, le regarder vivre, l’entende parler. Me parler ! Il m’invite à prier Dieu le Père en toute confiance.
« Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira… combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! Mathieu 7, 7-12
Jésus nous apprend à prier. Il est bon d’écouter comment il nous enseigne à prier et de le suivre dans sa prière.
« Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin… Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux… nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal ». Matthieu 6, 7-13.
Les douze apôtres ont mémorisé le « Notre Père ». Ils ont prié avec ces mots, seuls et en groupe. Apprise par cœur, cette prière est peut-être devenue mécanique. Mais l’observation de Jésus priant à l’écart de tous, dans le calme d’un lieu retiré de l’agitation, leur montrait que sa prière ne pouvait qu’être un authentique dialogue avec le Père de tous. Jésus montre par son vécu de priant le sens de la vraie prière.
« Quand il eut renvoyé (les foules), Jésus gravit la montagne, se mit à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul ». (cf Mt 14 23)
Avec Jésus, nous le voyons très nettement, la prière, le priant ne peut qu’être humble devant Dieu :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain… reprenons l’évangile de ce jour… (Lc 18, 9-14)
Le priant doit être humble devant les hommes :
« Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient… Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra (Mt 6, 5-6).
La prière vient avant tout du cœur, d’une pensée intérieure plus que des lèvres :
« Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés (Mt 6, 7).
Elle est une action personnelle, toute confiante en la bonté du Père :
« Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé (Mt 6, 8).
« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (Mt 7, 7-11).
Confiant dans sa demande, celui qui prie ose insister jusqu’au risque de l’importunité. Prions sans cesse. Jésus développait à ses disciples une parabole sur la nécessité de toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta pour conclure :
« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 18, 1-8).