Installés dans des locaux du diocèse d'Avignon, ils ne pourront pas être expulsés avant trois ans, délai maximum accordable par la justice
Diverses institutions religieuses possèdent des locaux, sinon inoccupés du moins partiellement utilisés. Cela provient du vieillissement de ses membres, du non rajeunissent par manque de nouvelles entrées. Que faire de ses espaces libres ? Il me semble qu’une légère réorganisation de l’usage des locaux permettrait d’ouvrir les lieux à l’accueil de l’étranger, du migrant qui quitte son pays, non par plaisir du voyage, mais par détresse.
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Que faire quand on se trouve avec des migrants sans domicile devant un bâtiment vide, inoccupé ? Réquisition ; squat ; occupation… Ce qui en temps normal est illégal devient nécessaire et juste dans une situation anormale. La loi des tribunaux le juge ainsi et les associations d’aide aux exilés s’en réjouissent. Quand une Église (une communauté religieuse) oublie son Évangile, il est heureux que le juste bon sens rappelle les devoirs élémentaires d’assistance à personnes en danger. Et tout cela ne se fait pas dans le désordre, mais avec le sérieux dont sont capables les militants, les citoyens engagés auprès des demandeurs d’asile. Le quotidien La Croix en témoigne dans son article du 31 octobre 2019. Hélas, uniquement dans sa version virtuelle. Je n’ai effectivement rien trouvé dans l’édition papier. Voici que je recopie l’article qui m’est parvenu par la revue de Presse de Jean-Paul, Coordination Urgences Migrants (Lyon).
À Avignon, des migrants vont pouvoir rester dans un bâtiment du diocèse
Par Pascal Charrier, le 31/10/2019 à 02h07
Tout en ordonnant son expulsion, la justice a donné un délai de trois ans au collectif Rosmerta qui a installé une cinquantaine de personnes dans des locaux appartenant à l'évêché en plein centre-ville.
Ils n'ont pas été mis dehors juste avant la trêve hivernale qui entre en vigueur ce 1er novembre. Ils ne le seront pas non plus au printemps prochain. La cinquantaine de migrants, dont 31 mineurs isolés, installés dans des locaux appartenant au diocèse d'Avignon a obtenu un long sursis du tribunal d'instance. Ils ne pourront pas être expulsés avant trois ans, soit le délai maximum qui pouvait leur être accordé.
Ces adolescents et des familles ont trouvé un toit en plein centre-ville grâce à l'action du collectif Rosmerta, composé de militants issus de diverses associations, qui a investi en décembre 2018 cet immeuble vide depuis 2017 après avoir été loué à l'Union départementale des associations familiales. Mais l'évêché a dénoncé une occupation illégale et demandé leur expulsion.
Une association installe des migrants dans un bâtiment du diocèse d'Avignon
Le 25 octobre, la justice lui a donné raison en ordonnant que les occupants libèrent les lieux. Mais pas immédiatement, le temps qu'une autre solution de logement soit trouvée. «Nous sommes satisfaits, commente Chantai Raffanel, une des bénévoles de Rosmerta. Le jugement est équilibré entre le respect du droit de propriété, celui du droit à l'hébergement et à la dignité et l'intérêt supérieur des enfants. Maintenant, notre situation est cadrée juridiquement pour trois ans. »
Le diocèse ne fera pas appel. « Nous voulions que notre droit de propriété soit reconnu et c'est le cas », explique Pascal Andréani, économe diocésain s'exprimant au nom de Mgr Cattenoz, l'archevêque d'Avignon. « On prend notre mal en patience, nous ferons appliquer la décision de justice en temps voulu, poursuit-il. Mais le délai accordé par le tribunal paraît un peu long. Douze mois auraient été suffisants. »
Le collectif pourrait racheter les locaux
Sans attendre, Rosmerta veut commencer par améliorer le quotidien des hébergés. « Il y a quelques travaux à faire, en particulier au niveau des sanitaires », indique Chantai Raffanel. Le collectif va surtout réfléchir à un projet à long terme qui pourrait passer par un éventuel rachat des locaux avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre. « On est assez avancé pour savoir que c'est possible », ajoute la représentante associative.
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Le diocèse n'y voit pas d'objection, l'immeuble étant à vendre. « Il n'y a aucun souci, la justice a fait son œuvre et nous sommes tout à fait prêts à entrer en négociations avec Rosmerta », affirme Pascal Andréani, en précisant que l'Église locale n'est pas opposée « sur le fond » à ces militants. « Nous sommes sensibles à la situation des personnes accueillies et nous avons aussi pris en charge des familles, reprend-il. Ce qui nous pose problème, c'est la forme de cette action. Ils sont dans l'illégalité. »
Des relations que chacun veut normaliser
De son côté, Rosmerta espère désormais entretenir une relation apaisée avec ce propriétaire qui l'a poursuivi devant les tribunaux, après des mois de procédure et d'absence de communication. « Ce n'est pas un squat, insiste Chantai Raffanel. Nous sommes 200 bénévoles actifs et le jugement reconnaît notre travail d'accompagnement social et juridique. Notre objectif est vraiment que ces personnes soient ensuite prises en charge par les services publics. »
Selon Pascal Andréani, deux experts ont évalué le bien du diocèse à respectivement à 1,2 et 1,4 million d'euros. « Il ne s'agit pas pour nous défaire une opération financière, assure-t-il. Nous avons besoin de cet argent pour l'investir dans le presbytère qui est juste à côté. Les travaux nécessitent un million d'euros. »
Pour l'économe diocésain, le battage médiatique autour de cette occupation a en tout cas eu un avantage : l'évêché a reçu huit «propositions réelles » d'achat. « Cela intéresse des promoteurs immobiliers, explique-t-il. Trois sont même prêts à l'acheter en l'état, avec les occupants. » Mais il leur faudra patienter trois ans.
Pascal Charrier
- dont on connait certaines prises de position que nombreux chrétiens ne partagent pas. Voir ici : Mgr Cattenoz.