Ils sont nombreux à le dire ; le coronavirus nuit gravement au libéralisme

Publié le par Michel Durand

Ils sont nombreux à le dire ; le coronavirus nuit gravement au libéralisme

Patrice de Plunkett :

Stupeur incrédule hier soir en entendant Emmanuel Macron recourir à des éléments de langage anti-libéraux !  Y aurait-il le diable dans le beffroi ?  Réflexions sur cette bizarrerie significative :
Hier soir M. Macron en personne nous a fait (pendant deux minutes) du Centesimus annus révisé Laudato si’ : il y a des choses qui ne peuvent être laissées aux marchés, certaines productions doivent être rapatriées, “faisons nation” tous ensemble, etc… [1]

La mauvaise nouvelle pour lui est que personne n’y croit. Créature du milieu socio-économique qui a produit le néolibéralisme, le président de la République n’est pas en situation d’agir dans le sens de ce qu’il vient de dire. On connaît d’ailleurs l’insignifiance de ses éléments de langage démentis ‘en-même-temps’ par les actes.

La bonne nouvelle en soi est que le coronavirus, par lui-même et par ses effets sociaux, met à nu la mondialisation libérale. Ce que constate l’économiste jésuite Gaël Giraud [2] : "C'est l'ensemble du complexe financiaro-pétrolier qui est menacé. [...] Nous avons deux chances sur trois pour que l'on vive une répétition de 2008. [...] Il faudrait que les marchés financiers soient très résilients et très sages pour que la situation ne dérape pas, ce qui n'a pas été leur caractéristique principale jusqu'à présent. [...] Le système public hospitalier français, à la diète depuis des années du fait de l'idéologie néo-libérale, est incapable de faire face à la pandémie. Les médecins et les infirmiers font preuve d'un héroïsme inouï pour endiguer la pandémie, mais ils savent que, puisque ce gouvernement préfère défendre les intérêts économiques de court terme plutôt que la vie des Français, il est déjà trop tard…"

Pour sortir de ce système comme y invitent les encycliques sociales, il faudrait une volonté quasiment révolutionnaire. Cette volonté est aux antipodes de la doxa parisienne et bruxelloise. Elle manque aussi, en partie, à des contestataires encore profondément accros aux hallucinogènes sociétaux (confondre émancipation et dénaturation) diffusés par le ‘nouvel esprit du capitalisme’ : ils se trouvent ainsi dépendants de l’infrastructure, par exemple biotechnologique, d’un système dont ils combattent la superstructure politique.

Mais l’artificialité du dogme libéral est avouée, puisqu’on doit l’abjurer pour pouvoir face à une réalité naturelle : l’épidémie – et alors que M. Macron était l’incarnation caricaturale de ce dogme… (jusqu’à qualifier de “pognon de dingue” les dépenses de solidarité sociale, pour plaire à une petite cour de commerciaux en folie). Quelle que soit la suite des événements, hier soir le leader d'un néolibéralisme à la française a dû marcher sur l’idole.

 

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[1]  E.M. hier soir : “Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai…”  Joli !  mais il faudrait : 1. le vouloir vraiment, 2. se rendre libre de le faire, 3. renoncer à faire semblant d’être le guide d’une UE bruxelloise qui ne veut à aucun prix être “souveraine”, et dont la moitié des Etats membres voudraient être américains.

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