Dans sa sagesse, Dieu a réservé le jour du sabbat pour que la terre et ses habitants puissent se reposer et se ressourcer
Nous parlons encore de pandémie. De plus en plus des voix s’élèvent pour prévenir que des gouvernements peuvent utiliser cette crise sanitaire dans l’objectif de maintenir une politique de croissance économique au profit de quelques-uns dans l’oubli dissimulé d’un bien commun accessible à tous en commençant par celles et ceux qui vivent le plus dans la misère.
J’ai lu avec grand intérêt le message de François à l’occasion de la 6e Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création. Ce 1er septembre ouvre le Temps de la Création qui invite à soutenir d’une pensée particulière - pensée agissante- la Maison commune à tous les habitants de la Terre. Jusqu’au 4 octobre, souvenir de Saint François d’Assise, prenons le temps de nous interroger sur nos modes de vie afin de protéger toute forme de vie quitte à se mettre en désobéissance civile face aux tendances consuméristes.
François a publié un message entièrement consacré au thème choisi, cette année, par la famille œcuménique : « Jubilé pour la Terre ». L’année 2020 marquant également le cinquantième anniversaire du Jour de la Terre de l’ONU. Notons que dans les Saintes Écritures, le Jubilé est un « temps sacré pour se souvenir, revenir, se reposer, réparer et se réjouir », souligne ainsi le pape.
Plus d’information dans La Croix. « Le Jubilé pour la Terre est le temps d’une justice réparatrice ».
Dominique Greiner explique : « C’est en 1989, à l’initiative de Dimitri, patriarche de Constantinople, qu’était inaugurée une journée mondiale de prière pour la création, à la date du 1er septembre. Cette initiative s’est peu à peu élargie à l’ensemble des Églises chrétiennes. Elle s’est aussi déployée dans le temps pour prendre la forme d’une « Saison de la Création » que toutes les communautés chrétiennes du monde entier sont invitées à célébrer, du 1er septembre au 4 octobre, date de la fête de Saint-François d’Assise, désigné saint parton de l’écologie par le pape Jean-Paul II dès 1979 ». Lire la suite
Dans ma relecture du message de François, je note ici quelques passages que je place sous le titre :
soutenons-les oubliés du productivisme.
François : << Chers frères et sœurs,
Chaque année, surtout depuis la publication de la Lettre encyclique Laudato si’ (LS, 24 mai 2015), le premier jour du mois de septembre est, pour la famille chrétienne, une Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, avec laquelle commence le Temps de la Création, qui se conclut le 4 octobre dans le souvenir de saint François d’Assise. Durant cette période, les chrétiens, dans le monde entier, renouvellent la foi en Dieu créateur et s’unissent de façon spéciale dans la prière et dans l’action pour la sauvegarde de la maison commune…
Le Jubilé est … un temps de grâce pour faire mémoire de la vocation originelle de la création à être et à prospérer comme communauté d’amour. Nous existons seulement à travers les relations: avec Dieu créateur, avec les frères et sœurs en tant que membres d’une famille commune, et avec toutes les créatures qui habitent la même maison que nous. «Tout est lié, et, comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des sœurs dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés dans l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi, avec une tendre affection, à frère soleil, à sœur lune, à sœur rivière et à mère terre» (LS, n. 92)…
Nous avons constamment besoin de nous rappeler que «tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres» (LS, n. 70)…
Le Jubilé nous invite à penser de nouveau aux autres, spécialement aux pauvres et aux plus vulnérables. Nous sommes appelés à accueillir de nouveau le projet initial et aimant de Dieu pour la création comme un héritage commun, un banquet à partager avec tous les frères et sœurs dans un esprit de convivialité; non pas dans une compétition déréglée, mais dans une communion joyeuse, où l’on se soutient et se protège mutuellement. Le Jubilé est un temps pour donner la liberté aux opprimés et à tous ceux qui sont pris dans les fers des diverses formes d’esclavage moderne, dont la traite des personnes et le travail des mineurs…
Dans sa sagesse, Dieu a réservé le jour du sabbat pour que la terre et ses habitants puissent se reposer et se ressourcer. Aujourd’hui, cependant, nos styles de vie poussent la planète au-delà de ses limites. La demande constante de croissance ainsi que le cycle incessant de production et de consommation sont en train d’épuiser l’environnement. Les forêts disparaissent, le sol est érodé, les champs disparaissent, les déserts avancent, les mers deviennent acides et les tempêtes s’intensifient: la création gémit…
Le jubilé invite à rétablir des relations sociales équitables, en restituant à chacun sa liberté et ses biens, et en effaçant la dette des autres. Dès lors, nous ne devrions pas oublier l’histoire de l’exploitation du Sud de la planète, qui a provoqué une dette écologique énorme, due principalement au pillage des ressources et à l’utilisation excessive de l’espace environnemental commun pour l’élimination des déchets. Le Jubilé est le temps d’une justice réparatrice. À ce propos, je renouvelle mon appel à effacer la dette des pays les plus fragiles à la lumière des graves impacts des crises sanitaires, sociales et économiques qu’ils doivent affronter suite au COVID-19. Il faut de même s’assurer que les mesures pour la reprise, en cours d’élaboration et d’actualisation au niveau mondial, régional et national, soient effectivement efficaces avec des politiques, des législations et des investissements centrés sur le bien commun, et avec la garantie que les objectifs sociaux et environnementaux mondiaux soient atteints.
Nous sommes tenus de réparer, selon la justice, en nous assurant que tous ceux qui ont habité une terre pendant des générations puissent en retrouver pleinement l’utilisation. Il faut protéger les communautés autochtones contre les compagnies, surtout multinationales, qui, à travers l’extraction préjudiciable des combustibles fossiles, des minéraux, du bois et des produits agro-industriels, «font dans les pays moins développés ce qu’elles ne peuvent dans les pays qui leur apportent le capital» (LS, n. 51). Cette mauvaise conduite des entreprises représente «un nouveau type de colonialisme» (Saint Jean-Paul II, Discours à l’Académie Pontificale des Sciences Sociales, 27 avril 2001, cit. in Querida Amazonia, n. 14), qui exploite honteusement des communautés et des pays plus pauvres à la recherche désespérée d’un développement économique. Il est nécessaire de consolider les législations nationales et internationales, afin qu’elles règlementent les activités des compagnies d’extraction et garantissent l’accès à la justice à ceux qui subissent des dommages.>>