L’avenir de l’Église dépend de la capacité de nos communautés à exercer le ministère du Christ Jésus en reprenant son travail de thaumaturge dans la proximité

Publié le par Michel Durand

L’avenir de l’Église dépend de la capacité de nos communautés à exercer le ministère du Christ Jésus en reprenant son travail de thaumaturge dans la proximitéL’avenir de l’Église dépend de la capacité de nos communautés à exercer le ministère du Christ Jésus en reprenant son travail de thaumaturge dans la proximité

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Pandémie, pandémie…

Ne pourrait-on pas parler d’autre chose ? Assurément ! Mais ce serait dramatique de fermer les yeux et de refuser d’être face à la réalité. Dans nos relations, nous avons tous des amis, des connaissances qui furent atteintes de Covid-19 ; certaines mortellement.

Ce que nous vivons depuis plus d’un an ne peut que nous inviter à modifier nos comportements. Même si la plupart des personnes que nous rencontrons souhaitent que tout redevienne comme avant, il n’est pas possible qu’il en soit ainsi. C’est dans cette perspective que j’entreprends désormais diverses lectures.

 

François Cassingena-Trévedy

François Cassingena-Trévedy, Chroniques du temps de peste, page 14en mai ou octobre 2020 * :

« Étonnant, ce silence qui s'entend aujourd'hui partout alentour. Qui eût cru que cela fût possible ? Nous sommes entrés, malgré nous, dans la gestation d'une civilisation différente, car c'est une civilisation différente qui doit absolument commencer à naître de cette épreuve. Il y a trop de choses dont ne voulons plus, car nous n'en pouvons plus. Confinons-nous dans l'infini qui fait notre dignité d'homme et notre seule valeur d'échange entre humains ».

Confinement, retraite due à l’âge qui commence à venir avancé, baisse d’activité… Je dirai même difficulté dans la lecture pour diverses raisons ; physique d’abord, il est parfois douloureux de tenir dans ses mains un livre pesant trop lourd alors qu’il ne dépasse pas les 200 pages. La force de la poignée de main n’est plus comme avant. Tenir un livre pèse et fatigue. Difficulté mentale aussi. L’esprit étant moins vif qu’autrefois, il est des propos qui ne se comprennent pas aisément. Je pense justement à cela avec des écrivains dont les phrases sont très longues afin d’y inclure toutes les nuances nécessaires. Phrases longues et chargées de poésie afin de donner à sentir la charge existentielle de l’imprévu qui se présente. Le Ressuscité « Compagnon blanc » est à notre porte qu’aucun dogme ne dévoilera, ne présentera ou n’expliquera (lire les lettres poétiques de François Cassingena-Trévedy) mais dont la littérature, l’art donnera à sentir la présence.

Je m’engage donc à lire et relire cet auteur découvert l’an passé dans le contexte de méditations en période de confinement. Lecture délicate, pas toujours aisée, lecture qui invite à des relectures. Je suis du reste surpris que l‘auteur puisse reconnaitre que ses textes soient ardus : « J’avoue, écrit-il, être étonné, émerveillé, de constater que des textes aussi longs, denses, difficiles aussi, aient pu rencontrer une pareille audience ». Textes qui d’une façon ou d’une autre invitent à une profonde attitude de remerciement. Rien ne nous appartient, tout nous est donné. Gratitude. « Tâchons d’entrer dans la gratitude du fils de l’homme. Père, je te rends grâce… »

 

Christoph Theobald

Christoph Théobald publié en janvier 2021,** Et le peuple eut soif. Lettre à celles et ceux qui ne sont pas indifférents à l’avenir da la tradition chrétienne.

Rendre grâce. J’éprouve le même sentiment avec le texte de Christoph Théobald publié en janvier 2021, Et le peuple eut soif. Lettre à celles et ceux qui ne sont pas indifférents à l’avenir da la tradition chrétienne. » Nous y trouvons des phrases parfois très longues, nuancées, que mon esprit peine à percevoir, mais riches de précisions, de preuves qui permettent d’aller à la rencontre de l’essentiel réel. Crise climatique, écologique, crise sanitaire, crise économique, crise mondiale… Pandémie ! Récession. Incertitude. « On perçoit ici, explique Christophe Théobald, comment nos diagnostics se mêlent à des perceptions plus profondes, critiques et/ou prospectives de notre monde, et des intérêts en lutte. Beaucoup rêvent d’un retour à la normale, tandis que d’autres perçoivent dans notre traversée des possibilités voire des opportunités de changements plus ou moins substantiels ».

Je regarde et invite à scruter avec gratitude une pandémie qui « a fonctionné et fonctionne encore comme un test de résistance et une loupe qui accuse les traits de ce qui existait auparavant ». La tradition chrétienne a les outils pour répondre à la soif du peuple, de l’humanité. C’est dans cette perspective donc que je souhaite relire ces pages signées Theobald et Cassingen-Trévedy, par exemple le matin à l’office des lectures. Dieu se donne et nous l’en remercions. Action de grâce.

 

Christph Theobald : « Car ce deuxième rite messianique, appelé plus justement Eucharistie (=action de grâce) ou Repas du Seigneur, récapitule l’ensemble de l’existence ecclésiale en tant qu'elle s'enracine dans notre vie quotidienne et se greffe sur ce qui nous tient en vie, la nourriture prise ensemble. Pensons aux nombreux repas de Jésus et à la Cène qui est le dernier, et le condensé de son existence donnée et livrée ; rappelons-nous la pratique des repas communautaires de l'Église naissante, avec, en leur centre, la “fraction du pain”. C'est l'annonce de l'Évangile de Dieu, son écoute et l'écoute mutuelle des convives qui ouvrent ce qui est plus qu'un simple rite. L'entrée de tous dans la dynamique messianique de la création et dans l'Action de grâce du Christ en est le moment culminant ainsi que la communion avec lui, devenue nourriture et boisson des uns et des autres, la communauté faisant ainsi l'expérience d'être convoquée par le Donateur de tout bien.

Je suis convaincu, chers amis, que l'avenir, non pas de la tradition chrétienne, mais de sa forme ecclésiale en Europe dépend de la capacité de nos communautés à exercer le ministère du Christ Jésus de telle façon que l'Évangile puisse rejoindre les cœurs de nos contemporains, à reprendre donc aujourd'hui son travail de thaumaturge dans la proximité, surtout auprès des plus nécessiteux, d'accueillir librement de nouveau baptisés et de se réunir autour du repas du Seigneur ; et cela dans l'humble conscience que la communalisation de la foi reste le don de celui qui, jour après jour, convoque son Église. La joie de tout faire pour rejoindre gratuitement leurs contemporains donne aussi à ces communautés la force de vivre leur état de minorités signifiantes, sachant que Dieu seul est le maître des cœurs humains ».

Ceci dit, à propos de Christoph Theobald, je repense au colloque organisé par Chrétiens et pic de pétrole le 18 novembre 2011 : objection de croissance et christianisme, quelles convergences, quelles divergences ? Le théologien parlait déjà de gratuité avec son intervention intitulée : Le principe de gratuité, une réponse chrétienne au défi écologique.

Je donnerai à lire son exposé.

 

* voir ici

** voir ici   et aussi ici

 

 

 

 

 

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