Lorsque les croyants sont catéchisés, ils sont ajustés par les bâtisseurs. La maison de Dieu existe lorsque la charité vient tout assembler
C’est grâce aux notes de Robert Beauvery que j’ai pu rédiger cette page. Et c’est grâce à l’accompagnement des amis d’Omar Kadi que j’ai pu l’illustrer de photos prises dans les ruines romaines du Nord-est algérien. Que tous ces amis soient remerciés.
L’Évêque Augustin consacre une église
Pour Augustin la construction de la maison qu'il consacre aujourd'hui, est d'abord œuvre de Dieu. Il en est à l'origine, comme il en est au terme et dans quel but ? Il veut notre bien. C'est également l'œuvre d'hommes : hommes éclairés, ardents, aidés, indécis puis décidés... que Dieu secondait. Nous connaissons le psaume 126 :
Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain ; si le Seigneur ne garde la ville, c'est en vain que veillent les gardes.
Voici un sermon de l’évêque Augustin pour une dédicace :
Le temple de Dieu, c'est vous
La solennité qui nous réunit est la dédicace d'une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c'est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c'est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L'édifice, ou plutôt sa construction se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.
Ce qui se passait, quand s'élevait cet édifice, c'est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l'on croit, c'est comme lorsque l'on coupe du bois dans la forêt et que l'on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c'est comme s'ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n'étaient pas réunis selon un certain plan, s'ils ne s'entrelaçaient pas de façon pacifique, s'ils ne s'aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu'il s’écroule.
Le Christ Seigneur, parce qu'il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous vous aimiez les uns les autres. C'est un commandement, dit-il, que je vous donne. Vous étiez vieux, vous n'étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : Chantez au Seigneur un chant nouveau; chantez au Seigneur, terre entière. On disait alors : un chant nouveau ; le Seigneur a dit : un commandement nouveau. Qu'est-ce qui caractérise le chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter, c'est la ferveur d'un saint amour.
Ce que nous voyons réaliser ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accomplis avec des pierres et du bois doit s'accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.
Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l'élan de notre cœur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide : à ceux qui n'étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, qui produit chez les siens la volonté et l'achèvement parce qu'il veut notre bien, c'est lui qui a commencé tout cela, et c'est lui qui l'a achevé.
L'Église est en chantier en ce monde. Elle ne sera consacrée qu'à la FIN DU MONDE
- L'allusion est claire :
les auditeurs d'Augustin ont vu la poursuite du chantier de l'édifice qu'ils sont heureux de consacrer. Certainement, il ne s'est pas réalisé en un jour !... Ce fut long ainsi que la construction de l'Église Corps du Christ : elle aussi est en chantier avant d'être consacrée à la fin des temps.
Nous sommes édifiés, construits :
- sur le fondement des Apôtres - Jésus la pierre d'angle. En Lui tout l'édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur : En Lui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu une maison de Dieu en l'Esprit
- La peine et la joie
« L'édifice ou plutôt sa construction se fait dans la peine »... les auditeurs peuvent en savoir quelque chose !
« La dédicace se fait dans la joie » ... Ce que les auditeurs expérimentent.
Cette expérience : peine/joie va sous-tendre l'homélie de Saint Augustin. Il sait combien fut pénible l'approvisionnement en matériaux - cf. :
- de l'arbre de la forêt, abattu, écorcé, scié, transporté sur le chantier avant d'être intégré à la construction
- des blocs de pierre extraits dans les carrières de la montagne, à la pierre taillée, acheminée sur le chantier auprès de la construction
- ce travail déjà difficile pour la construction matérielle de l'édifice, sert de support à l'évocation du travail pastoral difficile de la catéchèse, la sacramentalisation, l'éducation chrétienne des croyants.
- Lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c'est comme s'ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
+ Augustin utilise un deuxième parallèle :
En fin observateur, il sait que l'édifice qu'il est entrain de consacrer n'aurait jamais vu le jour si 1°) au point de départ, il n’y avait pas eu de plan (élaboré par le maître d'œuvre, l'architecte) source fondamentale de la cohésion de l’ensemble ; 2°) si au cours de la construction chaque pierre, chaque poutre n'avait pas été placée là où elle devait l'être de telle sorte qu'elles soient unies les unes aux autres.
À partir de cette constatation, l'Évêque place la Charité comme principe de cohésion de la communauté en cours de construction.
On ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler.
Il personnifie les pierres et les poutres : si ce bois et cette pierre n'étaient pas réunis selon un certain plan, s'il ne s'entrelaçaient pas de façon pacifique, s'ils ne s'aimaient pas en quelque sorte par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans l'édifice les pierres et les bois bien assemblés tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu'il s'écroule.
L'architecte, le maître d'oeuvre, l'auteur du plan de l'Église c'est le Christ-seigneur. Parce qu'il voulait entrer et habiter on nous disait comme pour former son édifice (son plan) : je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres .
C'est un commandement, dit-il, que je vous donne : vous étiez vieux, vous n'étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Du lieu précis où est édifiée l'église consacrée, LA CHARITÉ DES AUDITEURS doit encore considérer ceci : cette maison est édifiée comme il est prédit et promis dans le monde entier.
+ Un troisième parallèle- du visible à l’invisible
Ce que l'on voit ici réalisé physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement dans les âmes. Ce que nous voyons ici accompli avec des pierres et du bois doit s'accomplir dans vos corps… avec la grâce de Dieu.
Augustin revient à l’œuvre humaine accomplie pour rendre grâce, avant tout au Seigneur notre Dieu, pour célébrer sa bonté. Les motifs :
Il a éclairé les âmes de ses fidèles
Il a éveillé leur ardeur
Il a procuré de l'aide
À ceux qui n'étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision
Il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir.
Conclusion :
Et ainsi Dieu qui produit chez les siens la volonté et l'achèvement parce qu'il veut notre bien. C'est lui qui a commencé cela et c'est Lui qui l'a achevé.
Bibliographie :
- MIGNE, Patrologie latine, t. 38, Col. 1471-1472
Livre des Heures, commun de la Dédicace, office des lectures, sermon 336
Éphésiens, chap. 2 ; Aggée 1,14 ; Esdras 3,7