La Mission de la Mer appelle nos dirigeants a un sursaut de responsabilité et d’humanité
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Un ami communique :
Communiqué de la Mission de la Mer - Stella Maris France
Après le terrible drame qui a coûté la vie à 27 migrants, péris en mer, au large de Dunkerque, en tentant de gagner l’Angleterre, leur terre promise, auxquels il faut malheureusement ajouter probablement 4 disparus supplémentaires, la Mission de la Mer – Stella Maris France, tient à manifester sa solidarité et sa compassion envers les victimes de ce drame et à exprimer son indignation.
Chrétiens, nous rappelons le 6e questionnement, adressé par Dieu au premier fils de l’homme :
Le terrible « qu’a tu fais de ton frère » adressé à Caïn (Genèse 4, 10). ... Qu’avons-nous fait ici de nos frères ? Avec le Pape François nous appelons à une réponse de solidarité et de miséricorde.
Marins, nous rappelons le devoir d’assistance en mer. Notre ancien code disciplinaire et pénal de la marine Marchande ne commandait-il pas de porter « assistance à toute personne, même ennemie, trouvée en mer en danger de se perdre ». Si ce terme « d’ennemi », devenu heureusement obsolète a disparu de la rédaction actuelle du code des transports maritimes (article L5262-2), il raisonne ici d’une façon particulièrement amère. Ces migrants péris en mer, Kurdes pour la plupart, avec parmi eux des femmes et des enfants, ne sont pas nos ennemis. Ils sont nos sœurs et frères en Christ et en humanité. N’est-il pas plus amère encore de constater que, Kurdes, ils ont mêmes été de courageux alliés dans la terrible guerre contre le terrorisme ? Que faisons-nous de ces alliés ?
Citoyens, nous rappelons le devoir d’indignation et l’appel à la solidarité. Ces migrants, chassés de chez eux par la guerre ou la misère, ne sont pas des criminels. Certes, l’immigration représente en Europe, de la Manche à notre frontière commune avec la Biélorussie, et jusqu’en Méditerranée un défi complexe, que des réponses simplistes ne pourront résoudre. Son instrumentalisation politique n’en est pas moins indigne de nos valeurs européennes et humanistes. Les conditions réservées aux exilés à calais sont-elles humaines ? Bien sûr faut-il condamner avec la plus grande fermeté les réseaux mafieux de passeurs, directement responsables de ces morts innocents. Nous ne pouvons pour autant fermer les yeux sur une politique inhumaine qui fait si peu de cas de la vie humaine, rendant impossible la vie de ces migrants poussés à la clandestinité, les jetant cyniquement entre les bras de réseaux mafieux que les autorités dénoncent maintenant si facilement avec hypocrisie. C’est bien le désespoir et non pas les passeurs qui mène ces migrants à Calais.
La Mission de la Mer appelle nos dirigeants a un sursaut de responsabilité et d’humanité. Il est temps de proposer une alternative et des perspectives à ces femmes, à ces hommes simplement à la recherche d’un peu de sécurité et d’une vie meilleure pour leurs enfants. Qui, à leur place, voudrait librement repartir dans leurs pays ravagés par des années de guerre ? La fermeture des frontières, lorsqu’elle prend au piège ces malheureux, ne peut être une solution. Par désespoir, d’autre migrants tenteront à nouveau cette périlleuse traversée dès ce soir et dans les jours prochains.
Il est grand temps de changer notre regard sur ces femmes, ces hommes et ces enfants. Il est grand temps d’agir et de nous redonner espoir en l’humanité.
Le 26/11/2021,
Robert Bouguéon, Président de la Mission de la Mer - Stella Maris France