Les guerres en Ukraine, en Syrie, au Sahel et en beaucoup d’autres lieux devraient nous inviter à sortir de l’emprise de tout impérialisme

Publié le par Michel Durand

Crucifié, œuvre de Christian Oddoux

Crucifié, œuvre de Christian Oddoux

La covid 19 n’aura pas accompli son travail principal, celui que j’imaginais pour que le monde aille mieux. Il était question, avec elle, de complètement paralyser l’économie pour que l’humanité retrouve le chemin de l’humain. Le désir de tous (au moins de la majorité) est que tout demeure « comme avant », sans aucune perte du pouvoir d’achat. Il faut sauver l’économie.

Ceci accomplit, les humains continuent à aller mal. Au moins, les économiquement les plus pauvres, incapables d’agir contre l’enrichissement des plus riches. Dictature de l’argent divinisée. L’argent réel ou virtuel, numérique.

Adieu, les modes de vie sobre, le refus du toujours plus. Adieu le repos bienfaisant de la contemplation d’une belle nature protégée. Gagnent celles et ceux qui souhaitent travailler plus pour gagner plus. J’imagine -ou je souhaite- qu’avec les élections nous aurons l’occasion d’en reparler.

Dans l’instant, suite à ma prière matinale, je pense à l’Ukraine. Est-ce que je prie pour les Ukrainiens ? Assurément. Mais je préfère dite que dans ma prière, je ne les oublie pas. Ils sont présents pendant tout le temps où je m’adresse explicitement à Dieu. Pourtant, je n’irai pas, en compagnie de popes russes, bénir les armes destinées à tuer celles et ceux que le dictateur Poutine désigne comme ennemi à anéantir.

Je pense aussi à la Syrie. Il semblerait qu’on oublie Syriens et Syriennes. Les armes russes, selon la volonté de Poutine, sont venues soutenir Bachar el-Assad qui n’a montré aucun souci de la vie des populations civiles. Je pourrais aussi parler du Liban qui s’est montré généreux dans l’accueil de ses voisins et continue à aller mal. Gouvernants, Dictateurs assassins ! Ce que crient des manifestants devant les ambassades n’est vraiment que trop vrai. Et il y a aussi ce qui se passe au Sahel avec les forces « Wagner ».

Prier pour la paix. Oui.

Mais ne peut-on que prier ?

Quelle pression sur l’économisme pouvons-nous réussir pour que change le monde ? Alors, dans ma prière se glisse cette idée absurde, celle que la Covid 19 aurait dû davantage agir pour perturber l’emprise de l’économie sur les humains. L’impérialisme de Poutine, et d’autres chefs d’État, est dément. Devons-nous seulement prier ? Aussi agir ?

Agir, oui. Mais comment agir pour être effectivement efficace ?

Je n’ai pas de réponse.

Alors, en ce bientôt début de carême, je me tourne vers le Christ Jésus pour le regarder au plus noir du noir d’un Vendredi saint. Abandon complet. Déréliction totale. Les sculptures de Christian Oddoux qui seront installées lundi prochain en l’église de Saint Bonaventure à Lyon témoignent de l’engagement du fils de Marie et de Dieu à ne pas se dérober devant la condamnation à mort par les plus hauts dignitaires au pouvoir. Kénose. Abandon total. Déréliction absolue… N’est-ce pas, alors que d’autres sont gavés de fausses informations, ce que peuvent ressentir en cet instant les habitants de Kiev ? Mais, il y a aura toujours quelqu’un pour dire : les fausses informations, c’est maintenant vous (toi) qui les alimentez.

Retour au temps de prière intense : que ne disparaisse pas la réelle lumière de la Résurrection. Au noir le plus profond du Vendredi saint demeure l’éclat du Ressuscité. Espérance fondamentale. C’est en ce sens que j’invite à méditer devant les œuvres de Christian Oddoux.

Contre la guerre, une prière désarmée

 

Dominique Greiner, rédacteur en chef de Croire-La Croix

 

La mainmise par Vladimir Poutine sur une partie de l’Ukraine au début de cette semaine fait peser sur la paix une véritable menace. Dénonçant la « folie de la guerre », le pape François a appelé les dirigeants politiques à un « sérieux examen de conscience devant Dieu » et invité à une journée de prière et de jeûne le mercredi 2 mars, jour des Cendres. Mais à quoi bon ? Est-ce utile ? La prière peut-elle vraiment infléchir le cœur des dirigeants et faire cesser le bruit des armes ?

 

Nous prions pour la paix pour clamer haut et fort que nous avons la guerre en horreur. En effet rien ne peut justifier une telle pratique sacrificielle : toute guerre exige son lot de victimes. La guerre est toujours un mal, une cause de souffrance et de larmes.

 

Nous prions pour la paix pour demander à Dieu de faire de nous des hommes et des femmes pacifiés et pacifiques. Car la paix est d’abord une affaire de politique intérieure à nous-mêmes avant d’être une affaire de politique étrangère.

 

Nous prions pour la paix parce que nous croyons que le Christ est notre paix et que par sa croix il a aboli la guerre. Nous prions pour la paix pour apprendre à vivre en cohérence avec ces vérités de foi.

 

Nous prions pour la paix car comme disciples du Christ, nous ne pouvons pas imaginer de vivre autrement que de manière non violente. Quand bien même nous nous sentons désarmés face à la guerre, nous prions pour la paix car nous croyons en la puissance de l’Esprit capable de changer les cœurs les plus durs en cœurs de chair.

 

Nous prions pour la paix pour que Dieu suscite notre intelligence et notre audace dans la construction de parcours de paix qui conduisent à la cicatrisation des blessures (cf. Fratelli tutti, n° 225).

 

Nous prions pour la paix en demandant la grâce d’en devenir des artisans. Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix.

 

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