Il s’ouvre à l’appel de Dieu. Il témoigne dans le quotidien de son existence que vivre, c’est être et non avoir : prendre soin d’autrui

Publié le par Michel Durand

Il s’ouvre à l’appel de Dieu. Il témoigne dans le quotidien de son existence que vivre, c’est être et non avoir : prendre soin d’autrui

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« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 10-14)

(Ps 68, 14, 17, 30-31, 33-34, 36ab.37) Cherchez Dieu, vous les humbles
et votre cœur vivra.

« Tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 15-20)

« Qui est mon prochain ? » (Lc 10, 25-37)

 

Selon l’actualité climatique et les réalités de la guerre, en Europe, en Orient, au Sud du Sahara etc. Nous pourrions souhaiter que demain ne soit pas comme hier. Or, l’avenir demeure plutôt sombre. Je prends un seul témoignage. C’était le 11 juin 2022 à Paris. Les marcheurs du Relais Jeunes, pour la justice climatique et sociale, terminent leur périple de 3 000 kilomètres à Paris. C’était dans le cadre de la marche « On n’attend pas ! », en la veille du premier tour des élections législatives, que des militants ont voulu rappeler leurs exigences pour le climat. « On n’attend pas ! » Manif contre le racisme, pour la justice sociale et climatique.

En fait, demain sera bien comme hier, voir pire qu’hier.

 

Ceci dit, je constate, une fois de plus, que la liturgie invite à nous poser la question : qu’as-tu fait de ton frère. Nous sommes invités à ouvrir de nouveau Fratelli Tutti, lettre encyclique du pape François.

 

« Sommes-nous capables d’indifférence à l’égard d’autrui ? » Hélas, oui.

Un exilés ukrainiens a-t-il plus de valeur qu’un syrien, ou un malien, ou un guinéen ? La question se pose à l’observation de certains comportements de responsables gouvernementaux et de la population.

 

Quel est mon prochain ?

« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits.

Je regarde cet Évangile.

« Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Le chrétien qui désire bénéficier du bonheur divin s’ouvre entièrement à l’appel de Dieu en lui. Il sait et témoigne dans le quotidien de son existence que vivre, c’est “être” et non “avoir”. À ce sujet, je parle souvent du choix de la pauvreté évangélique afin de gagner un plus spirituel, divin. Avoir moins pour être plus. Une pauvreté qui n’est pas réservée aux seuls religieux mais s’adresse à tous les baptisés.

Et cet élan vers le Bien n’est pas individuel. Les anciens qui disaient que le salut ne s’accomplit que dans la solitude de la prière, de la relation personnelle avec Dieu étaient dans l’erreur. Suivons, avec la parabole du bon Samaritain, la leçon que Jésus a adressée à un homme, un savant qui connaissait tout de la religion et voulait tester la pensée de Jésus :

« que puis-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? 

Les habitants de Jérusalem ont un profond mépris pour les samaritains. Le mont Garizim, où se trouve le temple du Dieu de cette population, attirait de nombreux malades. Ce haut-lieu sacré était considéré par les Juifs comme le repaire des lépreux qu’il fallait éviter à tout prix. Même Jésus interdit à ses disciples d’entrer dans une ville de Samaritains (Mt 10,5).

 

Pourtant, il ne respecte pas l’interdit puisqu’il décide de se rendre à Jérusalem en passant par la Samarie, le chemin le plus court (Lc 9,51-56). Et il touche les lépreux.

 

C’est que Jésus ne pouvait être d’accord avec l’antisamaritanisme de son époque. Il ne peut accepter l’opinion juive qui souhaite que Dieu fasse tomber le feu du ciel sur les Samaritains comme jadis, disait-on, il le fit sur Sodome et Gomorrhe (Gn 19, 23-26).

 

Dans la parabole du Bon Samaritain, Jésus prend donc le contre-pied de l’opinion qui affirme qu’un bon samaritain, ça n’existe pas. Il s’apprête à leur annoncer la Bonne Nouvelle affirmant que la vraie prière ce n’est ni à Jérusalem, sur le Mont Sion, ni en Samarie, sur le mont Garizim qu’elle se tient, mais dans la vérité de ses actes, les actes de chacun. Invoquer le Seigneur sans respecter le prochain est un mensonge.

Le juriste, le docteur de la Loi qui interroge Jésus cherche à le mettre en difficulté à propos de l’amour de Dieu, l’unique et de l’amour du prochain. Qui est mon prochain ? demande-t-il.

Jésus va répondre que l’amour du prochain s’étend jusqu’aux samaritains, jusqu’aux ennemis, en racontant une histoire qui donne justement le beau rôle à un samaritain. (Lc 10, 29-38).

Question : Qui a été le prochain de l’homme tombé entre les mains des bandits ?

Réponse : Celui qui fait preuve de bonté envers lui. Le prochain est celui qui se rend proche, qui agit en faveur de celui qui est dans le besoin. Il ne suffit pas d’être physiquement à côté de quelqu’un pour en être le prochain. Il faut agir en sa faveur.

Jésus montre le samaritain qui vient au secours de la victime des bandits, sur la route qui descend de Jérusalem à Jéricho à travers le désert de Judas. C’est un trajet propice aux attaques des voleurs. De nombreux religieux galiléens fréquentent cette route, à l’aller et au retour, pour se rendre au temple de Jérusalem afin d’y accomplir leur service. La route directe par la Samarie leur est interdite pour qu’ils ne se souillent pas au contact des samaritains et des lépreux impurs.

Jésus attire donc l’attention de ses auditeurs en imaginant un samaritain qui se prend de pitié pour un juif alors que les religieux juifs, le prêtre et le lévite, pourtant compatriotes et connaisseurs de la loi sur l’amour du prochain passent leur chemin. Nous le voyons : « la parabole cherche à briser, au nom de l’amour demandé par Dieu, le mur de haine qui s’est dressé entre deux peuples, soi-disant au nom de Dieu. Elle montre que l’amour peut rendre proche celui dont sépare la race, la religion, la culture » (Jean Potin, Jésus, l’histoire vraie, p. 309). Aujourd’hui, il n’est pas possible d’entendre cette parabole sans pensée au mur qui sépare Israéliens et Palestiniens ; sans penser à l’Ukraine ; sans penser à l’Afghanistan, au Yémen etc… aux pays industriels dotés de fabriques d’armements et du commerce adjacent.

Aux yeux de Dieu, tous les hommes sont frères. Fratelli Tutti.

 

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