Pour que la réconciliation entre la terre et tous ses vivants gagne une plausibilité réelle, il faudrait que les humains l'activent réellement
2 septembre 2022 . Le temps est venu de reprendre les pages d’En manque d’Église.
Comme je le vivais jadis pendant mes vacances d’hiver en un endroit retiré, parfois un réel désert géographique, cette année, j’ai partagé mes journées dans la maison Saint-André, à Limonest, entre temps de prière, de solitude, de méditation et d’étude. Je pense, ce mois d’août 2022, en avoir bien profité.
La réflexion théologique de Christophe Theobald m’a, en partie, accompagné. J’ai lu, en effet, en entier, les 588 pages de son dernier ouvrage, Le courage de penser l’avenir, études œcuméniques de théologie fondamentale et ecclésiologie, cogitation fidei, Cerf, 2021. Suivre ce parcours me fut comme une révision de toutes mes études en théologie en les reprenant avec les questions qui se posent actuellement. Les séminaires et colloques de Chrétiens et pic de pétrole n’étaient pas loin.
Suite à ma relecture du « journal d’adolescent », je constate avec satisfaction, la constance de mes engagements principaux. Ceux-ci aboutissent logiquement à une réelle remise en cause du regard des humains sur la Terre. Appel à passer du productivisme-consumérisme à des modes de vie imprégnés de sobriété. La retraite spirituelle pradosienne tenue par le responsable du Prado de France, en fin de mois, orientait également dans cette direction. Il était question de conversion écologique à la suite de Lausato si. Une agréable unité dans les méditations de ce mois accablant de chaleur.
Bref, une réflexion à prolonger pendant tous ces temps, suivant cet article de La Croix.
En ce sens, je recopie deux passages de la conclusion de l’ouvrage de Ch Theobald. « Il suffit ici de rappeler d'abord notre diagnostic, suffisamment étayé tout au long du parcours (en particulier dans les chap. III, IV et IX) : la “crise anthropologique et socio-environnementale” qui est le “signe” de notre entrée dans une nouvelle époque géologique, appelée “anthropocène”. L'impact des actions humaines sur le “système terre”, l'épitre aux Romains l'avait perçu en faisant entendre le ”gémissement de la création tout entière” (Rm8, 22), tandis que saint François et l’encyclique Laudato si’ parlent de la clameur de la terre, reliant cette clameur aux cris des pauvres, dans toute la tradition chrétienne destinataires privilégiés de l’Évangile ». Et encore : « À terme, la vision messianique des Écritures prophétiques, qui au cœur du “gémissement de la création tout entière” et de nos propres “gémissements intérieurs” mise sur la réconciliation entre la terre et tous ses vivants, semble gagner une plausibilité inattendue et surprenante. Mais il faudra que des femmes et des hommes l'activent et la rendent crédible » (pp… 576-578).
peinture rupestre. Tassili. Djanet (Algérie)
Lisant cela, je ne peux que me rappeler l’évolution de mes études : les mémoires en théologie sur la sécularisation et désacralisation de le nature. Ce fut ainsi : « développement, sacrement de salut », vers 1971. Puis, « faut-il encore travailler ? », 1982. L’importance du repos (otium de Saint Augustin).
Aujourd’hui, je peux encore citer, dans cette ligne : « L’écologie, un vaste chantier pour la théologie », l’article de Dominique Greiner présentant l’ouvrage de Stéphane Lavignotte : « L’écologie champ de bataille théologique ». J’y reviendrais.
En attendant, pourquoi ne pas se mettre à l’écoute de la présentation du livre : Le courage de penser l’avenir par Christoph Theobald.