L’écoute de l’Évangile doit vibrer en nous, en nous touchant profondément. L’écoute du récit de la Passion devrait nous atteindre jusqu’aux larmes
Dans l’église du quartier où j’habite (Lyon 8e) , donc là où je me rends régulièrement pour prier avec la communauté chrétienne de la paroisse (le territoire), il a été choisi cette semaine sainte de lire les évangiles de la Passion sans alterner ce qui revient à Jésus, au Lecteur, aux Disciples et amis, à la Foule , à d’autres personnages. L’ensemble du récit évangélique fut dit, le vendredi saint, par trois lecteurs, le dimanche des rameaux, par quatre lecteurs d’une façon continue. À la fin d’une des parties, un refrain : « O Seigneur, pardonne à ton peuple, O Seigneur pardonne-nous » (pour le vendredi saint).
Je trouve regrettable de ne pas donner à entendre par des voix différentes ce que dit Jésus, le lecteur, les disciples, les amis, la foule. J’ai dit que cela enlevait à la proclamation de la dramaturgie. Que veut dire ce mot : dramaturgie ? Est-il adéquat ?
Wikipédia dit que la dramaturgie est l’art de transformer une histoire, vraie ou imaginaire, en un récit construit, comportant un ou des personnages en action.
Alors oui, il est adéquat d’employer ce mot. Il indique la volonté de rendre vivant le récit qui, dans le cas de la Passion, est bien réel. Le rendre vivant et, en quelque sorte l’actualiser. La proclamation de cet évangile vise à rendre actuel le drame vécu par Jésus, le Christ.
Dans l’acte liturgique, il n’est pas question de la lecture ordinaire d’un texte. Il est question de sa proclamation : annonce publique d’une réalité importante, essentielle pour la vie de chacun et de tous. Annoncer, affirmer hautement l’importance de ce qui fut et sera.
J’ai toujours bien aimé que l’Évangile (ou d’autres lectures bibliques) soit chantée. Seulement, je ne fus jamais entraîné à le faire et je ne suis pas certain que ma voix puisse se prêter à ce genre liturgique. La première fois que j’ai entendu le chant de la Passion ce fut à Rome dans un monastère cistercien non réformée. Je me rappelle d’un chant en latin plein d’émotion. Nous pouvons, en langue vernaculaire, française, redonner la puissance du vécu tout en gardant la sobriété d’un acteur liturgique. L’écoute de l’Évangile doit vibrer en nous en nous touchant profondément. L’écoute du récit de la Passion ne devrait-il pas nous atteindre jusqu’aux larmes ?
Seigneur, Seigneur - mon Dieu, mon Dieu - pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ô mon peuple, que t’ai-je fait… Impropères du Vendredi Saint.
Descendre au plus noir du noir du tunnel du vendredi saint.
La Parole nous vient de Dieu, elle nous vient « d’en faut ». Elle n’est pas d’un pupitre humain comme dans une conférence, un enseignement ou une harangue. C’est pour cela que je trouve astucieuse, signifiante l’installation d’un ambon dans une chaire du concile de Trente. Si l’homélie ne peut se faire depuis ce lieu, trop transcendant, la Parole d’Évangile peut y être proclamée par le chant.