Quand la préfecture, une administration, pousse les gens à se retrouver en situation d’irrégularité avec ce que cela entraîne comme conséquences…

Publié le par Michel Durand

Quand la préfecture, une administration, pousse les gens à se retrouver en situation d’irrégularité avec ce que cela entraîne comme conséquences…

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Internet est devenu un lieu où, en payant, on peu obtenir un rendez-vous. C'est aussi un problème 

 

L’accueil des étrangers à la préfecture, par exemple pour une demande de renouvellement de carte de séjour est souvent très problématique. Il y a une longue queue et les personnes peuvent attendre plusieurs heures avant de s’entendre dire : aujourd’hui, c’est terminée, on ne rentre plus. Revenez demain. Inacceptable.

Pourtant, je dois témoigner que des personnes étrangères obtiennent de bons rapports avec le personnel de la préfecture. Après tant d’années : plus de 10 ans ! Ces demandeurs d’asile, ces exilés semblent connaître les personnes qui y travaillent et obtiennent d’utiles renseignements. Autrement dit, j’écris cela parce que cela fait plaisir de voir des rapports humains avec les fonctionnaires de l’État, des personnes obligés de jongler dans l’absurdité des lois françaises concernant la migration. Par exemple : « Vous n’avez pas le droit de travailler (la carte de séjour ne donne pas droit au travail), mais vous travaillez, légalement déclaré à l’Urssaf… c’est une chance pour obtenir le droit de vivre en France… Ne disons rien de plus ».

Seulement, si nous rencontrons des personnes étrangères satisfaites de leur dialogue avec les employés de la préfecture, il y en a beaucoup d’autres qui désespèrent. Il me semble que les militants qui accompagnent les migrants doivent être invités à trouver les moyens d’un dialogue constructif avec les demandeurs d’asile en France pour que ceux-ci gagnent la sympathie des employés préfectoraux dont certains, assurément, ont bien conscience de l’absurdité des lois françaises anti-migrants.

J’ai lu dans le quotidien La Croix du 19 avril 2023 un courrier signé Brigitte Pommeret qui montre combien cet attente au guichet de la préfecture est dramatique, inhumaine.

 

Titre de séjour

Nous employons une aide-soignante qui nous rend de grands services. Elle doit renouveler son permis de séjour qui est arrivé à expiration au bout de dix ans. Elle est arrivée à 3 heures du matin lundi dernier à la sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye pour faire la queue. Les guichets ouvrent à 9 heures du matin. À 11 h 45, 47 personnes avaient été reçues, on a annoncé : « On ne reçoit plus personne aujourd’hui. » Notre aide-soignante, étant la 57e, a dû repartir comme la centaine de personnes qui étaient derrière elle. Elle va y retourner demain à 19 heures et passer la nuit dehors pour tenter sa chance à nouveau sachant que le nombre de personnes reçues est totalement aléatoire, variant de vingt à moins de cinquante. Il y a des femmes avec leurs bébés qui passent la nuit dehors. Si notre aide-soignante ne réussit pas à retirer son permis de séjour, qui est déjà prêt, elle va perdre son travail comme beaucoup d’autres. Il faut dire qu’il s’agit souvent de travail manuel pénible comme l’aide à la personne, la maçonnerie, les travaux d’éboueurs que les Français ne veulent pas faire. Si les gens protestent, la préfecture appelle la police. C’est ce qui s’est passé lundi. Lorsque notre aide-­soignante m’a raconté cela, j’ai eu honte d’être française. Elle a finalement obtenu sa carte de séjour quelques jours plus tard. Elle était arrivée le soir devant la préfecture à 19 heures, et il y avait déjà 19 personnes devant elle. Elle a passé toute la nuit dehors. Il faisait 2 °C. À la fermeture de la préfecture, il y avait encore une centaine de personnes qui n’ont pu être reçues. Si la préfecture (administration compétente en matière de délivrance de titre de séjour…) pousse les gens à se retrouver en situation d’irrégularité avec tout ce que cela entraîne comme conséquences, c’est à se demander ce qui se passe vraiment dans certaines administrations… Après on nous parlera de pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs d’activité.

Brigitte Pommeret

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