En nombre, souhaitons la tenue d'une convention citoyenne pour dégager une analyse partagée de la migration de ses succès comme de ses échecs
Les militants sont toujours actifs dans l’accueil des exilés. Présents sur le terrain pour répondre aux urgences, ils sont souvent épuisés devant les tâches à accomplir.
Oui, comme d’habitude je redis l’importance d’une action politique pour atteindre les problèmes à leurs sources. C’est ce qui se dit régulièrement à la Coordination Urgence Migrants (CUM). Seulement un engagement Politique prend aussi beaucoup de temps, un temps qui manque à celles et ceux qui s’activent au quotidien pour pallier aux urgences. Un membre de la CUM écrit : « à la question : “Ne faut-il pas ouvrir de manière beaucoup plus conséquente la participation à la CUM à des individuels qui ne représentent pas forcément une association ? ”Je suis favorable à l’idée ; mais le vrai problème est de trouver des personnes assez disponibles et c’est cela qui est rare ! Je pense que la question de fond, c’est qu’il est difficile de s’investir à la CUM alors que sa propre association prend déjà beaucoup de temps ».
Merci à Jean-Paul d’avoir communiqué dans sa revue de presse cette page, recopiée ci-dessous, de Libération (7/09/2023). Je la reçois comme un « cahier des charges » pour mener une action Politique en profondeur, même si je ne me sens plus l’énergie nécessaire pour la mettre en pratique.
Il va de soi que je pense également avec cette information aux membres des Cercles de silence.
Loi immigration : donnons la parole aux migrants
Un collectif composé de Yannick Jadot, Dominique Voynet ou François Gemenne appelle à faire confiance à la société, aux personnes immigrées et à ceux qui travaillent au quotidien avec elles, ainsi qu'à la création d’un grand ministère des solidarités.
Selon un rituel immuable, le gouvernement va donc déposer un énième projet de loi sur l'immigration pour détourner l'attention de la crise sociale et démocratique, et permettre à la droite et à l'extrême droite de mettre en scène leur convergence croissante.
Pendant ce temps, les entreprises continueront à avoir des difficultés de recrutement, les migrant.e.s, étudiant.e.s et salarié.e.s continueront à se heurter à une administration arbitraire et tatillonne, les problèmes de logement et d'intégration ne seront pas résolus.
Le gouvernement veut donc une foi de plus alimenter les peurs, alors que dans le même temps, l'Allemagne, tournée vers l'avenir, a accueilli deux millions de migrant.e.s ces cinq dernières années. Refusons cette vision étriquée, qui contribue au déclin économique, social et culturel de la France. Contrairement aux fake news propagées par la droite et de l'extrême droite, la migration est composée très majoritairement de personnes jeunes et désireuse de travailler. Apportant plus de cotisations qu'elle ne coûte de prestations, elle contribue à financer et à pérenniser notre système de protection sociale. Une partie de la France – souvent celle qui est la plus éloignée des immigré.e.s au quotidien a peur de la migration et la rejette. Mais la grande majorité de nos concitoyens savent que la France est issue des migrations, et que ce mouvement va continuer dans les décennies à venir.
Nous appelons à refonder notre politique de migration sur un principe vraiment démocratique : faire confiance à la société. Ouvrons le débat avec ceux qui travaillent au quotidien avec les migrant.e.s, agents de guichet, bailleurs sociaux, associations, donnons leur la parole et écoutons-les pour améliorer ensemble les conditions d'accueil. Prenons en compte la voix des employeurs, des salarié.e.s, des usagers qui savent l’apport que la migration constitue pour notre société, du soin, des activité saisonnière, des services de l'industrie. Et créons un grand ministère des solidarités, qui gérera toutes les étapes de la migration pour sortir de la gestion purement sécuritaire du ministère de l’intérieur.
Une politique migratoire républicaine doit toujours être inspirée par le principe de dignité. Dignité de l'accueil, la dignité du logement, dignité dans les rapports avec l'administration et notamment avec les forces de l'ordre. Seul, le primat du principe de dignité permettra de mettre fin au contrôle au faciès, aux discriminations et à la ghettoïsation. Notre politique migratoire ne doit plus être imposée sur le mode de l'arbitraire et de la contrainte bureaucratique, mais, construite sur la base de droit effectif est aisément compréhensible, qui permet aux migrant.e.s de s’intégrer sereinement. Ainsi, sous le contrôle des partenaires sociaux, toute personne qui se présente à l'administration avec une promesse d'embauche et, à fortiori toute personne qui travaille effectivement, doit automatiquement recevoir un titre de séjour sans avoir à subir des procédures discriminatoires.
Nous demandons, avec beaucoup d'autres, la tenue d'une convention citoyenne pour dégager dans un cadre apaisé et documenté une analyse partagée de la migration de ses succès comme de ses échecs. Donnons la parole à cette France, clairvoyante et généreuse, donnons la parole à ceux pour qui la couleur de peau et des origines sont indifférentes, donnons la parole aux migrant.e.s eux-mêmes, et construisons ensemble notre société de demain, au lieu de subir les injonction mortifère des vendeurs de haine.
Signataires
Thierry Brochot, maire-adjoint de Creil (Oise) ; Damien Carême, député européen ; Guillaume Duval, coprésident du club maison commune ; Hélène Flautre, coprésidente du club maison commune ; François Gemenne, politologue ; Yannick Jadot, député européen ; Agnès Langevine, vice-présidente de la région Occitanie ; Anna Maillart, militante écologiste en Franche-Comté, Jacqueline Markovic, conseillère départementale de l’Hérault ; Bastien, Recher, conseiller régional de Normandie ; Barbara Romagnan ancienne députée ; Dominique Voynet ancienne ministre.