La foi a une histoire. Moingt en parle comme on fait un récit, en portant à la lumière les ressorts de foi qui ont produit les argumentations

Publié le par Michel Durand

Joseph MoingtJoseph Moingt

Joseph Moingt

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L’homme qui venait de Dieu !

 

Vraiment j’ai eu tout ce mois d’août un grand plaisir à lire attentivement l’ouvrage de Joseph Moingt.

Dans les années 1980, avec la Mission Étudiante, j’ai écouté ce théologien à l’occasion d’une session d’aumôniers. Je ne me rappelle plus le sujet de la conférence. J’ai seulement le souvenir qu’il devait parler pendant une heure et que, par la suite, nous devions échanger. Après deux heures d’écoute, alors que les responsables de la rencontre signifiaient que l’on devait passer à l’échange, il disait qu’il avait encore plein de choses importantes à dire, et plusieurs auditeurs le soutenaient en soulignant l’importance de son exposé. De mon côté je me disais qu’il serait plus juste de respecter le programme et d’entendre ce que pensent les aumôniers et étudiants présents à cette session.

La longueur de son discours m’avait indisposé et j’ai qualifié Joseph Moingt de « grand bavard ».

Il est vrai qu’il développe longuement ses idées ; or, actuellement, c’est ce que je trouve agréable. En effet, pas à pas, il invite à suivre sa pensée alors qu’il souligne bien qu’il souhaite en évoquer tous les angles, tous les aspects. Pour cela il avance lentement dans son propos au point qu’il me semblait l’entendre développer son idée comme s’il était à mon côté pour me parler alors que je lisais son texte. 700 pages pour présenter l’essentiel de la révélation Chrétienne. Christique dirait Christophe Theobald.

Dans l’écoute de ce récit fondamental de l’auto-révélation de Dieu, je réveillais tout ce que j’avais pu lire par ailleurs, notamment les cours de théologie évoquant des enseignants théologiens que j’avais écouté à la Grégorienne. Cela m’a fait penser que ce n’est vraiment que maintenant que je serai apte à passer l’examen de fin d’études théologiques. Certes, j’avoue encore ne pas tout comprendre et je reste prudent dans la perception du chapitre deux : Les énonces. Je demeure toujours incapables de parler correctement des conciles des 4ème - 8ème siècles : Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine… Pourtant, j’ai désormais une certaine perception qui, avec une sérieuse préparation, me faciliterait la tâche d’en parler. Reste à savoir si j’en aurais le courage - je me sens de plus en plus chargé de paresse : manque d’énergie. On dit que c’est à cause de l’âge.

 

J’invite à lire cet article qui, à mon avis, présente admirablement bien l’ouvrage de Joseph Moingt.

Je viens de le lire et constate la même approche dans le plaisir d’avoir un récit.

<< Cette partie montre que la foi a une histoire. L'auteur retrace celle-ci non pas de manière sèche mais « comme on fait un récit », « en la racontant », « en portant à la lumière les ressorts de foi qui ont produit les argumentations et définitions », avec la visée de « libérer la foi de tout enfermement inconditionnel dans des formulations et de montrer sa fidélité à elle-même jusque dans les déplacements qu'elle opère dans le champ du pensable », étant entendu que « la foi est immuable dans son acte, continue mais variable dans sa pensée » (p. 77s). >>

 

Je trouve aussi bien utile ce rapide résumé de L'homme qui venait de Dieu. (Couverture de l’ouvrage)

Qui est Jésus de Nazareth ? Un homme devenu Fils de Dieu par sa résurrection des morts ? C'est ce que raconte la rumeur qui se répand après sa résurrection. Un Fils de Dieu descendu sur terre et devenu homme ? C'est ce que proclame très tôt la foi chrétienne. Analysant les fondements de cette rumeur, l'auteur cherche comment s'est opéré ce retournement et à travers quelles étapes et quelles hésitations s'est construit le dogme du Verbe incarné. L'interrogation critique de ce discours dévoile sa faille : il affirme sans dissimulation que le Christ est vrai homme, mais ne parvient pas à le penser vraiment comme un homme.

La modernité a renvoyé la théologie à la véracité de l'histoire : qu'est-ce que les évangiles racontent de Jésus ? Renonçant désormais à partir " d'en haut ", des hauteurs d'une génération céleste, une " christologie " nouvelle est née en notre siècle, qui fonde la théologie sur l'histoire. La collection " Cogitatio Fidei " a publié nombre de ces essais, pour la plupart œuvres de théologiens étrangers. La présente étude s'inscrit dans leur sillage ; prenant acte de la " déconstruction " de la théologie du Verbe incarné, elle s'efforce de reconstituer l'identité de Jésus à partir des récits évangéliques.

Quand on passe des récits de Pâques à ceux de la passion, le procès de Jésus, ouvert dès le début de son ministère, manifeste la nouveauté de Dieu lorsqu'il se rend présent dans un homme. La remontée finale aux récits de la naissance de Jésus semble ouvrir une porte dans l'épaisseur des temps. Mais le récit permet-il de remonter aussi haut que le fait le dogme de l'" Incarnation " ? C'est tout l'enjeu théologique de cette réflexion, elle-même relecture d'une recherche qui s'est poursuivie sur plusieurs décennies.

Sans aucun doute j’aurai l’occasion de revenir sur ce sujet, notamment en pensant à la résurrection de tous. Je donnerai assurément quelques pages à lire.

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