Ce ne sont pas seulement les êtres humains qui sont incompréhensibles sans désir, mais le désir est aussi utile pour connaître qui est Dieu.

Publié le par Michel Durand

Damiano Meda, avant 2013

Damiano Meda, avant 2013

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Bien retenir la date : jeudi 15 février 2024 à 20 h en visioconférence ou dans la salle du Prado, 5 rue Père Chevrier, 69 007 Lyon. Nous aurons la chance de rencontrer Daminao Meda. Le thème de la rencontre conférence :

La place du désir

Damiano Meda, prêtre de l’institut séculier des prêtres du Prado, à Vincenza (Italie) est l’auteur de Suivre Jésus Christ, dans la vie et les écrits du bienheureux Antoine Chevrier (1826-1879), Cerf 2004. Il parlera de la place du désir dans la décision d’Antoine Chevrier. « Mon désir est que vous-même vous suiviez aussi Notre Seigneur de près ».

 

LA PLACE DU DÉSIR DANS LA DÉCISION DU P. CHEVRIER

 

La soirée comprendra tout d'abord une présentation de l'icône pour représenter l'expérience spirituelle du bienheureux Antoine Chevrier. Nous voulons commencer par donner de l'importance au désir à partir du langage iconographique.

Un deuxième moment sera consacré à quelques textes écrits par le bienheureux Antoine Chevrier dans lesquels le thème du désir est évoqué.

Enfin, nous conclurons par une note sur l'importance du désir dans le processus de décision du Père Chevrier.

 

Que désire-t-on ? Ce qui est beau, plaisant, agréable à vivre… Je recopie ici les pages 225-226 de l’ouvrage de Damiano Meda, Suivre Jésus-Christ.

 

La beauté selon le père Chevrier.

Si toute décision humaine comporte un renoncement, il est aussi vrai que c'est cela qui la rend belle. C'est pourquoi cette section prend en considération les diverses affirmations sur la beauté faites par le père Chevrier comme un dernier indice de la spiritualité du désir. Le désir, en effet, en mobilisant les meilleures énergies de la personne, la rend particulièrement sensible au beau. Le désir peut se nourrir de toute forme de beauté liée à la vérité des choses, et l'évanouissement du sens du beau dénote souvent un affaiblissement du désir.

Dans son langage et dans sa vie, l'apôtre de la Guillotière est surtout fasciné par la beauté de la personne de Jésus-Christ. Les autres beautés ne sont que des manifestations particulières de la beauté incarnée dans la personne du Christ. La prière qui conclut la partie consacrée à l'étude des « titres de Jésus-Christ » commence par ces paroles : « Ô Verbe ! Ô Christ ! Que vous êtes beau ! Que vous êtes grand ! Qui saura vous connaître ? Qui pourra vous comprendre ? Faites, ô Christ, que je vous connaisse et que je vous aime*. »

* Toute cette prière est pleine d'admiration pour la beauté incarnée : « Puisque vous êtes la lumière, laissez venir un rayon de cette divine lumière sur ma pauvre âme, afin que je puisse vous voir et vous comprendre. Mettez en moi une grande foi en vous, afin que toutes vos paroles soient pour moi autant de lumières qui m'éclairent et me fassent aller à vous et vous suivre dans toutes les voies de la justice et de la vérité. Ô Christ ! Ô Verbe ! Vous êtes mon [Seigneur] et mon seul et unique Maître. Parlez, je veux vous écouter et mettre votre parole en pratique. Je veux écouter votre divine parole, parce que je sais qu'elle vient du ciel. Je veux l'écouter, la méditer, la mettre en pratique, parce que dans votre parole, il y a la vie, la joie, la paix, le bonheur. Parlez, vous êtes mon Seigneur et mon Maître et je ne veux écouter que vous », VD 95, 70 (VD 68, 108). L'expression « Seigneur » entre crochets ne figure pas dans le manuscrit. En passant d'une page à l'autre, le père Chevrier a omis un mot par erreur. L'addition a été faite en estimant que le terme oublié était celui de “Seigneur”, étant donné la conclusion de la prière ».

À partir de la « beauté infinie » de la personne de Jésus-Christ, il regarde la pauvreté comme une autre manifestation particulière de la beauté. Dans une autre prière, le fondateur du Prado, s'adressant à la pauvreté, s'exprime ainsi : « Ô Pauvreté, que tu es belle ! Jésus-Christ, mon Maître, t'a trouvée si belle qu'il t'a épousée en descendant du ciel, qu'il a fait de toi la compagne de sa vie et qu'il a voulu mourir avec toi sur la croix. Donnez-moi, ô mon Maître, cette belle pauvreté. Que je la cherche avec sollicitude, que je la prenne avec joie, que je l'embrasse avec amour, pour en faire la compagne de toute ma vie et mourir avec elle sur un morceau de bois, comme mon Maître ! Hoc fac et vives. » (V D 97, 47 - [V D 68, 323])

 

« Sans désir, l’homme est incompréhensible »

Selon le Pape François, formé à l’école de saint Ignace, « sans désir, l’homme est incompréhensible ». N’oublions pas que, quand Ignace écrit son Autobiographie, il se définit comme homme « imprégné » de désirs. Celui qui connaît le livret des « Exercices Spirituels » sait que le terme désir est souvent rattaché au verbe « vouloir » c’est-à-dire « demander intensément ». Le retraitant est plongé dans une véritable dynamique de conversion qui a pour but de le rendre sensible au désir à travers l’exercice quotidien de « demander ce que je veux ». Plusieurs fois, au cours de son pontificat, François a insisté sur l’importance des désirs. Dans l’homélie du 28 août 2013, à l’occasion du Chapitre général des Augustiniens, il affirmait : « Tu as un cœur qui désire quelque chose de grand ou un cœur endormi par les choses matérielles ? Ton cœur a conservé l’inquiétude de la recherche et tu l’as laissé étouffé par le matériel qui au final l’a atrophié ? (…) Sans désir, l’homme est incompréhensible ».

Ce ne sont pas seulement les êtres humains qui sont incompréhensibles sans désir, mais le désir est aussi utile pour connaître qui est Dieu. En effet, selon l’auteur du « Véritable Disciple » (VD), l’auto-communication divine se produit par analogie du besoin, que nous avons comme humains, de communiquer. Rapprocher la loupe du désir au besoin de la communication dans les premiers chapitres du VD, nous conduit à découvrir, à travers le père Chevrier, ce « langage jamais entendu », qui flétrit les cordes du sentiment.

Il est clair que le père Chevrier ne se sent pas à l’aise dans le domaine de l’émotion. Il préfère, en effet, argumenter à partir des bases solides de la foi et s’appuyer sur les racines trinitaires du don de la grâce. Néanmoins, quand il a de bonnes raisons de le faire, il ne dédaigne pas s’intéresser aux affects et aux sentiments. Quand il écrit le VD, il ne se sent pas à la hauteur des questions relatives aux thématiques de la vie sacerdotale. Néanmoins, avec l’évangile en main, il se sent davantage capable. Ainsi, sa démarche sera de « s’appuyer toujours sur une parole ou action du Maître ». Ce n’est pas un hasard qu’une des quatre recommandations du Pape Jean-Paul II, dans son discours adressé à la famille du Prado, à l’occasion de la béatification du fondateur, à Lyon en 1986, soit : « Soyez toujours attachés à Jésus Christ et à l’Eglise ».

Damiano Meda, Prêtres du Prado, N° 147, janvier 2021, p. 22.

Pour joindre la rencontre/conférence en visio, suivre le lien qui se trouve sur le site du Prado de France : https://www.leprado-france.fr

 

 

 

 

 

 

Ce ne sont pas seulement les êtres humains qui sont incompréhensibles sans désir, mais le désir est aussi utile pour connaître qui est Dieu.
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