Manifestation contre l'extrême droite samedi à Paris : "C'est un moment inquiétant dans l'histoire politique"

Publié le par Michel Durand

Manifestation contre l'extrême droite samedi à Paris : "C'est un moment inquiétant dans l'histoire politique"

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Un lecteur du blogue m'écrit : " J'ai conçu cette pancarte que je compte mettre pour me joindre aux militants de la Gauche unie " .

Les manifestations se multiplient.

Voir ici mon regard sur le soutient aux migrants. Accueil de l'étranger.

Manifestation contre l'extrême droite samedi à Paris : "C'est un moment inquiétant dans l'histoire politique"

Robert Divoux a envoyé cette lettre : 

Robert Divoux 10 juin 2024

prêtre à Toulouse

 

Bonjour à chacune et chacun !

J’écris ces quelques lignes le lendemain des élections européennes.

D’abord un petit retour en arrière : Selon une étude de l’Ifop réalisée pour La Croix à l’occasion des élections présidentielles en 2022, Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan (donc l’extrême droite) monopolisaient au total 40% du vote des catholiques. On peut raisonnablement penser que ce chiffre  est du même ordre pour l’élection européenne qui vient de se dérouler ce 9 juin 2024.

Je voudrais juste partager quelques réflexions :

- d’abord je me réjouis d’être dans une république laïque permettant de s’informer à peu près normalement (« à peu près » car il y aurait des ajustements à faire, mais je n’entame pas ce sujet ici), donc de se bâtir une conviction et de l’exprimer dans un vote. Nous avons encore cette liberté, qu’il a d’ailleurs fallu conquérir au cours des siècles.

- je poursuis en m’adressant d’abord aux catholiques, donc mes frères dans la foi, mais aussi plus largement à toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté.

Environ 40 % d’entre-nous votent extrême-droite, certains persuadés de défendre ainsi « la civilisation chrétienne ». Ils sont souvent de bonne foi, et ne comprenant plus rien à ce qui se passe autour d’eux, ils vivent une sorte de désespérance politique. Ils sont attirés par ce ceux qui s’affirment « contre... » et ne réalisent pas qu’en s’en remettant les yeux fermés à ce type de courant politique  ils apportent leur soutien à une force qui en réalité démantèle les fondements même du message de l’évangile et de ses dimensions humanistes : l’égale dignité de toute créature humaine, la fraternité universelle, la solidarité sans exclusive, la justice sociale indispensable pour que la vie commune soit possible, la liberté de penser (et en particulier de croire ou de ne pas croire), la priorité aux pauvres, aux faibles...

Faire confiance à une ligne politique qui remet en cause les fondements esquissés ci-dessus c’est en vérité aller à l’encontre d’une vision humaniste, d’une vision « compatible chrétienne » de l’histoire du Monde, c’est la paralyser peu à peu et en fin de course c’est l’annihiler. Le terrain est alors libre pour une dictature où la haine se développera inévitablement.

Quelle catastrophe !

*  *  *

Dans ces 40 % il y a aussi ceux qui utilisent sciemment la religion chrétienne comme un bon instrument pour faire avancer leurs idées qui pourtant n’ont rien d’évangéliques, qui ne sont centrées que sur eux-mêmes, sur leur communauté spécifique aux dépens du reste de l’humanité ! Ils n’ont pas de foi, mais ils ont compris que prétendre qu’elle est là pouvait être utile comme l’est le maquillage du soldat qui se dissimule pour avancer sur le terrain qu’ils veut conquérir ; alors pourquoi ne pas s’en servir… ? Pas de problème : pour eux la fin qu’ils visent justifie les moyens qu’ils utilisent.

 

En février de cette année les évêques catholiques allemands ont adopté à l’unanimité une déclaration intitulée « Nationalisme ethnique et christianisme sont incompatibles ». Et la Caritas allemande a également clairement exprimé son rejet de toutes les positions « extrémistes, fondamentalistes, racistes, antisémites, antidémocratiques, nationalistes et xénophobes ».

Entendrons-nous ce message en France dans nos lieux de vie ? Et pour certains dans nos églises et dans nos temples ?

Je conclue avec quelques lignes d’une prière pour la fraternité tirée de la lettre du pape François publiée en 2020, « Fratelli Tutti » (Tous frères), sur la fraternité et l’amitié sociale :

Notre Dieu, … fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel.

(…)

Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain,

(…)

Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté

reflétée en tous les peuples de la terre, pour découvrir qu’ils sont tous importants,

que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes.

*  *  *

Robert Divoux

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