La lapidation peut être verbale, visuelle, avec, par exemple, les influenceurs des réseaux dits sociaux. On lapide pas avec les images, les mots
« Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple » (Is 43, 16-21)
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! (Ps 125, 3)
« À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans sa mort » (Ph 3, 8-14)
« Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)
J’ai en mémoire la rencontre du 26 mars à 18 h 30 à la salle Pauline « avec les jeunes de la paroisse et le groupe chrétiens-musulmans, temps interreligieux de partage, textes, poèmes, chants prières et repas partagé ». J’ai en souvenir le samedi 22 mars, toujours à la salle Pauline avec le groupe « pour une foi verte, échange sur l’alimentation comme une des réponses face à l’urgence écologique et repas écologique partagé ». Et je me dis que ces deux rencontres se présentent réellement comme des paraboles, des signes de la réalité de l’Église. L’Église universelle, comme notre Église locale ,est, en tout domaine, à 100 % ouverte sur le monde, sur l’humanité, hommes et femmes, tels que nous sommes actuellement. Et, au lieu de nous lamenter à propos de ce qui est observable, par exemple dans la gouvernance des peuples, des nations, agissons pour que le plus grand nombre se mettent sur les routes qui conduisent au Royaume Dieu par le Christ.
Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. (Mt 26, 27-28)
La multitude. L’humanité entière. Pensons aux actions conduites par le CCFD-Terre Solidaire.
Regardons l’Évangile de Jean, chapitre 8. L’évangile du pardon de la femme adultère est l’un des nombreux épisodes de la lutte des pharisiens contre Jésus et de l’attitude du Fils de Dieu à leur égard. Les pharisiens sont animés de l’esprit de Paul avant sa conversion. Nous le savons, avant sa rencontre avec le Ressuscité sur le chemin de Damas (Acte 9,4) Saul - son nom d’alors - était connu pour sa haine extrême envers les disciples de Jésus. Il a participé à la lapidation d’Étienne, le premier martyr chrétien. Regrettant son comportement ancien, il explique dans la lettre aux Philippiens : « Je considère tout comme des balayures en vue d’un seul avantage, le Christ en qui je me reconnais comme juste. Cette justice ne vient pas de moi-même, ni de mon obéissance à la loi de Moïse, mais de la foi au Christ ». (deuxième lecture)
Les pharisiens mettent en avant la loi de Moïse pour embarrasser Jésus dont ils connaissent la miséricorde (cf. l’évangile de dimanche passé : l’enfant prodigue), pour le mettre en contradiction avec cette loi.
On imagine bien la scène : Jésus s’étant baissé, les écoutant, traçant des traits sur le sol ; peut-être, comme l’a dit un Père de l’Eglise, pour ne pas regarder la femme, ne pas la gêner, ne pas lui faire honte…
Voici la proposition qu’il fait aux pharisiens, aux scribes (des savants) :
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ».
Disant cela, Jésus place ses contradicteurs en contradiction avec la loi de Moïse : Regardez-vous ; reconnaissez vous-mêmes que vous êtes pécheurs.
Et c’est leur départ, l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés. Peut-être, pas plus pécheurs d’ailleurs, mais plus conscients, avec l’âge et l’expérience, de leurs imperfections et de leur faiblesse.
Alors là, Jésus, se redressant va s’adresser à cette femme. D’abord une question :
« Où sont-ils donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? »
La réponse :
« Personne, Seigneur. »
Façon, pour Jésus, de lui faire découvrir, par elle-même, que le jugement des hommes n’est pas celui qui compte, puisque tous sont solidaires dans le péché.
Le jugement qui compte, c’est celui de Dieu, personnifié dans le Christ Jésus qui marque sa solidarité avec elle, la pécheresse, mais non avec son péché – et qui, surtout, veut transformer son cœur et l’ouvrir sur l’avenir :
« Va et désormais ne pèche plus ».
Les scandales ne manquent pas dans notre monde, et de toutes sortes, petits ou grands. Des femmes lapidées, violentées, des petits, des infirmes, malades maltraités, des humains méprisés par des dirigeants illibéraux. Et la lapidation peut être verbale, visuelle, avec, par exemple, les influenceurs des réseaux dits sociaux. On ne lapide pas avec des pierres, mais avec la langue, des langues qui vont bon train et qui peuvent, sinon tuer physiquement, du moins détruire tout une vie.
Seigneur, viens à notre aide.
Oui, Seigneur, écarte de nous toute suffisance orgueilleuse. Qu’aucun péché, le nôtre ou celui d’autrui, ne nous empêche de vivre proches de toi, proches de nos frères. Au milieu des mesquineries qui étouffent notre vie quotidienne, accorde-nous de pouvoir vivre le pardon qui n’a sa source qu’en toi seul, notre Père commun. Amen.