Militants immatures ?
avec les cercles de silence, seraient-ils immatures ?
Bravo Brice Hortefeux : presque 30 000 expulsions !!
Les chiffres sont dépassés.
Il y a quelques jours, je méditais sur le terme de « compassion » disant que, chrétiens, nous ne pouvons pas nous satisfaire du sentiment de compassion, il fallait agir.
Mais, en fait, les « cercles de silence » ne sont-ils pas que « compassion ». Les signataires de l'opinion publiée dans le quotidien « La Croix » du mardi 13 janvier semblent vouloir mettre en garde les Eglises qui ne seraient que dans une vaine compassion, sans maturité politique. « Nous avons appris à « penser globalement pour agir localement », et nous ne croyons pas que la seule compassion immédiate puisse suffire pour définir une doctrine en une matière si complexe ».
Et de conclure : « Nous constatons que le discours de nos Églises depuis des années n'a pas contribué à ouvrir un chemin pour une politique plus équilibrée. Nous regrettons que le refus de beaucoup d'assumer positivement la question du retour la réduise à un « sale boulot » laissé à des gens jugés « sans scrupules ». Cette bonne conscience ne nous semble pas raisonnable. Nous souhaiterions que nos Églises contribuent à sortir les uns et les autres des jeux de rôle et à désidéologiser ce débat. Nous pensons qu'elles seraient alors plus fortes pour dénoncer ce qui doit l'être et exiger une politique de retour respectueuse de la dignité des personnes ».
Voir ci-dessous l'intégral de cet article. Une page pour nous aider à cerner la dimension Politique des « cercles de silence ».
Et, au fait, que disent les Eglises qui semblent ne pas avoir saisi le sens du débat sur les capacités d'accueil d'un pays qui ont nécessairement une limite ».
Je sais que des militants vont se retrouver à Paris le 24 octobre pour en discuter.
Le débat est ouvert.
Chrétiens et immigration, penser plus juste pour peser plus fort.
La Croix, mardi 13/01/2009
Opinion.
Olivier BRACHET, directeur de Forum réfugiés ;
Daniel CARDOT, aumônier du Secours catholique du Rhône ;
Pasteur Jean COSTIL ;
Bruno-Marie DUFFE, ancien directeur de l'Institut des droits de l'homme de l'Université catholique de Lyon, membre de la Chaire lyonnaise des droits de l'homme,
professeur d'éthique sociale et aumônier d'hôpital ; Bruno LACHNITT, délégué du Secours catholique du Rhône, diacre ;
Jean-François PLOQUIN, directeur du COSI ;
Hugues PUEL, frère dominicain et ancien directeur d'Economie et Humanisme.
Nous sommes chrétiens et engagés dans l'accueil et l'accompagnement des étrangers et notamment des demandeurs d'asile et des « sans-papiers ». Nous sommes aussi engagés dans nos Églises et nous voulons exprimer notre malaise face à la façon dont elles interviennent dans le débat sur l'immigration. Leur parole ne nous semble pas contribuer à une avancée ni soutenir les hommes de bonne volonté qui se coltinent sur le terrain la gestion d'un problème difficile.
Nous avons appris à « penser globalement pour agir localement », et nous ne croyons pas que la seule compassion immédiate puisse suffire pour définir une doctrine en une matière si complexe. Nous croyons que l'Évangile et l'Église ont quelque chose de pertinent à dire qui puisse éclairer celles et ceux qui assument des responsabilités politiques et pas seulement les militants qui soutiennent au quotidien les femmes, les hommes et les enfants en demande d'asile ou en situation irrégulière qui sont auprès d'eux. Pour cela, nous pensons qu'un discours éclairant pour une conscience chrétienne ne peut faire l'économie de certaines questions et que la référence au chapitre 25 de Matthieu (« J'étais étranger et vous m'avez accueilli ») ne peut raisonnablement dispenser de cette réflexion exigeante. Nous ne doutons pas que l'accueil des étrangers est, dans la tradition chrétienne, une priorité importante. Pourtant, affirmer ce principe ne peut suffire pour guider une politique ou une façon de s'engager.
Les capacités d'accueil d'un pays ont nécessairement une limite, et nos Églises ne contestent pas la légitimité pour un État de maîtriser les flux migratoires. Aussi la question de la légitimité pour l'État de décider qui peut rester et le retour de qui ne le peut pas ne doit pas être esquivée, si douloureuse soit-elle. C'est pour une part les réseaux de passeurs qui permettent de quitter un pays, et ce ne sont, pour cette raison même, pas souvent les plus pauvres qui y parviennent. La plus grande partie des réfugiés croupissent dans des camps au sein même du pays où ils sont menacés ou dans des pays limitrophes. La question de la réinstallation (1) portée aujourd'hui au sein de l'Union européenne, prend en compte cette réalité. Elle est une façon responsable d'assumer la question de la légitimité sans démissionner devant l'état de fait.
Assumer cette question douloureuse de façon responsable, c'est aussi porter la question d'une possibilité de retour dans le pays d'origine et contribuer à ce qu'il se fasse dans des conditions dignes. Esquiver systématiquement cette question laisserait penser que chaque étranger arrivé en France doit, par principe, pouvoir y rester. Cette fausse générosité cache une démission, un refus de réfléchir sur la légitimité à rester. Cela contribue à renforcer des jeux de rôles où ceux qui assument la responsabilité politique deviennent les exécuteurs des « basses œuvres ». Cela risque de faire penser que la fidélité à l'Évangile est incompatible avec l'exercice des responsabilités. Un tel sous-entendu est à nos yeux d'une grande gravité. Nous dénonçons une « politique du chiffre » qui produit des effets pervers, et notamment en ce moment des dérives policières insupportables. Une telle politique contribue à une radicalisation des positions. Pour autant, nous constatons que le discours de nos Églises depuis des années n'a pas contribué à ouvrir un chemin pour une politique plus équilibrée. Nous regrettons que le refus de beaucoup d'assumer positivement la question du retour la réduise à un « sale boulot » laissé à des gens jugés « sans scrupules ». Cette bonne conscience ne nous semble pas raisonnable. Nous souhaiterions que nos Églises contribuent à sortir les uns et les autres des jeux de rôle et à désidéologiser ce débat. Nous pensons qu'elles seraient alors plus fortes pour dénoncer ce qui doit l'être et exiger une politique de retour respectueuse de la dignité des personnes.
(1) La « réinstallation » consiste précisément à faire venir ceux qui croupissent dans des camps et qui sont reconnus comme réfugiés par l'ONU. Ce dispositif, encadré par le Haut-Commissariat aux réfugiés sur des critères de vulnérabilité, introduit plus d'éthique dans le processus des arrivées que le marché des passeurs.