B. Häring : les divorcés remariés
Un membre de l’équipe « Reliance » où je me trouve en tant que « conseiller spirituel » m’a donné à lire le petit libre de Bernhard Häring : « Plaidoyer pour les divorcés remariés », Médiaspaul – le Cerf, 1995.
Ce texte fut publié en langue allemande en
1990, presque 20 ans !
Quel théologien moraliste, aujourd’hui, connaissant bien les personnes concernées par sa position de pasteur dans une Église déterminée, pourrait reprendre la pensée de B. Häring ?
On sent l’auteur optimiste. Il est persuadé que l’Église catholique prendra de plus en plus le chemin des Églises orientales et de leur spiritualité de « l’économie » dont le principe a été accepté par les évêques qui participaient au Synode sur la famille en 1980 : « Malgré des apparences contraires, l’Église catholique dans son ensemble est en marche vers une spiritualité et une pratique de « l’oikonomia ».
« L’économie » désigne l’ensemble du projet de Dieu pour le monde qu’il veut mener au salut en bon Père de famille qu’il est ; elle désigne une spiritualité qui se caractérise par la louange rendue à l’ « administrateur » très miséricordieux de l’Église ». Il s’agit de se laisser guider par l’Esprit, se sachant tous appelé à la sainteté sous le regard plein de miséricorde du Christ.
En Orient, la célébration liturgique d’un second mariage fait partit de ce « processus général d’application de l’oikonomia » qui… débouche sur la gloire et la louange de l’ « administrateur » (oikonomos), infiniment miséricordieux et infiniment saint ». Selon B. Häring, cette pratique « encourage plus efficacement à la persévérance du mariage et à la paix que la rigidité légale surtout lorsque la sévérité de la loi habituellement dominante dans les tribunaux matrimoniaux s’éloigne du « précepte but » de la miséricorde, conduit beaucoup de gens à se révolter contre une Église excessivement légaliste et, malheureusement aussi, contre la norme de l’indissolubilité du mariage au sens rigide ». Le « précepte but » désigne ce vers quoi l’on tend, la ressemblance à Dieu qui a compassion de tous, s’oppose au « précepte limites », qui signifie les interdits et oriente vers un retour au régime de la loi dont le Christ nous a libérés. « Désormais, vous n’êtes plus sous le régime de la loi, mais sous celui de la grâce » (Rm 6.14).
Michel Legrain (Les personnes divorcées remariées, éditions Le Centurion, 1994) qui a rédigé la préface, cite les efforts pastoraux de Mgr Armand Le Bourgeois. Qu’en est-il aujourd’hui de cette ouverture vers plus d’amour miséricordieux et moins de légalisme ?
Le livre de Jacques Nourissat et Eric Jacquinet, « Divorcés – remariés, un chemin nouveau », Salvator, 2008 sonne comme une alarme qui montrerait que la vision optimiste de B. Häring serait dépassée.
Avez-vous un avis à ce propos ?
Ensemble, nous pourrions dresser la liste des ouvrages en théologie morale ou en pastorale écrite à ce sujet et les classer selon leur tendance pour faciliter le discernement.
Il y a cinq ans, peut-être, en la paroisse Saint-Polycarpe des pentes de la croix-rousse, nous avions tenu un débat qui a rassemblé plus de 50 personnes d’opinion très diverses. Je pense qu’il serait opportun de recommencer.