L'homélie de ce dimanche 18 octobre 2009

Publié le par Michel Durand

Elle fut prononcée en l'église Saint-Polycarpe par Roger Teppe

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Ma méditation de ce jour.

Voici la méditation qui m’est venue à la suite des textes liturgiques de ce jour.

Dimanche dernier, nous nous demandions, à la suite du jeune homme riche qui voulait être parfait :

« Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle, la perfection, le bonheur ? »

Jésus répond :

adopte un mode de vie imprégné d’esprit de pauvreté ; libère-toi de tes bagages encombrants et mets-toi à ma suite.

« Viens et suis-moi ».


Constatant la perplexité de ses amis et disciples, Jésus confirme : ce qui est impossible aux hommes ne l’est pas pour Dieu. « Car tout est possible à Dieu ».

Aujourd’hui Marc relate l’épisode où deux disciples osent demander à Jésus d’être aux meilleures places dans le Royaume.

Matthieu relate également cet événement. Dans son récit, ce ne sont pas les disciples eux-mêmes qui formulent la demande, mais leur mère. Ce qui semble plus logique. Les fils de Zébédée ont peut-être envoyé leur mère auprès de Jésus pour qu’elle exprime leur désir d’être le plus proche de maître. Marc a écarté la mention de la mère des fils de Zébédée pour simplifier le récit et faire mieux ressortir la réponse de Jésus à Jacques et à Jean.

« Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder ; ce sera donné à ceux pour qui cela est préparé ».


Expliquons.

- siéger à droite et à gauche :

Ces deux places ne sont pas seulement des places d’honneur. Elles signifient une étroite association à l’autorité de celui qui règne.

Pour comprendre le sens de cette autorité, nous pouvons, me semble-t-il, nous reporter à l’image du jugement dernier où Jésus discerne entre ceux qui font la volonté du Père (Dieu) et ceux qui s’en écartent (Mt 25). Le disciple qui a donné à boire à qui avait soif, qui a habillé qui était nu, entre dans le Royaume de Dieu.

Le message du Christ ouvre une nouvelle alliance. Il désigne la régénération de l’humanité et de l’univers à la fin de l’économie présente (ce que Dieu veut que le monde soit). Ce bouleversement total commencera par un jugement (Mt 25, 31-46) qui établira une nouvelle échelle des valeurs.

- à ceux pour qui cela est préparé :

La place du disciple dans le Royaume, la gloire divine dépend de Dieu le Père. Nous voyons ici que Jésus, le Fils, est en étroite collaboration avec Dieu le Père – tout en laissant au Père l’initiative de la décision. C’est Dieu, le Père, qui a préparé la place auprès de lui. Jésus, avec discrétion, entend demeurer au service de son Père et des hommes.

Quant à boire à la coupe (allusion au martyr du Christ), Jacques l’a effectivement bu. Il mourut martyr à Jérusalem vers l’an 44. Et la tradition rapporte celui de Jean.


Parlons maintenant de la pointe de cet évangile.

« Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ».

Nous avons dans cette petite phrase la trace du bouleversement de valeurs. Les valeurs proposées par l’Évangile ne sont pas celles du monde. Il suffit pour s’en convaincre de lire quelques pages de Marc précédant cet épisode.

-       Ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel (Marc 10,2).

-       Qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas (Mc 10,15).

-       Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci m’accueille (Mc 9,37).

-       Quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ? (Mc 8,36).

 

Il n’est pas utile de continuer à alimenter le commentaire de l’Évangile de ce jour sans chercher à l’appliquer immédiatement dans nos vies.

Essayons donc de voir comment mettre en pratique cette parole dans notre actualité. Demandons-nous comment nous arrivons à concrétiser les valeurs proprement évangéliques dans, par exemple, l’accueil des migrants. Un magistrat se demande comment il peut encore fermer les yeux sur les aspects inhumains de son travail en expulsant une femme, haïtienne, dont les enfants et leur père, son compagnon demeure en France. Il se donne bonne conscience en appliquant toute la loi de la législation (attitude légaliste, procédurière qui ignore le fond du problème). On applique la loi sans s’occuper des problèmes humains que cette application légale entraîne.

Face à la crise économique, comment pouvons-nous interroger fondamentalement l’économisme libéral ?

Pourquoi avons-nous tant de mal à sortir du capitalisme ?

Encore un suicidé dans le cadre d’une profession. Un employé dit : « un mal-être existe dans notre travail et on ne veut pas l’entendre ».

Des intellectuels parlent de décroissance économique pour l’Occident. France-inter souligne que « la décroissance » est une idée qui fait son chemin. Pourquoi tant de dérision de la part d’économistes déclarant leur attachement à l’Église et à l’Évangile ?

La liste est longue de tout ce que nous avons à regarder de près. Il serait utile d’en parler. Mais où ?

En effet, dans de nombreuses instances les espaces de dialogues manquent.

L’Évangile de ce jour nous dit que dans toute réforme, tout renouvellement, celui qui veut être le premier qu’il se fasse l’esclave de tous.

L’Évangile renverse les valeurs que le monde de tout temps envisage et maintient.

 


Publié dans Eglise

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