La population sans domicile a progressé de près de 50 % en dix ans

Publié le par Michel Durand

Les hommes seuls plus que les femmes avec enfant ont du mal à se trouver un logement. Ils seraient d'accord d'échanger leur travail avec un coin pour dormir. Nous l'avons constaté de nombreuses fois. Mais rien. L'appel que nous avons lancé pour obtenir des appartements libres a  donné deux ou trois réponses positives, peut-être quatre ou cinq. Même six, c'est vraiment peu. Et puis, si les Eglises se montrent accueillantes, l'Etat va dire : voyez, ils ne sont pas dehors, ils s'occupent d'eux !

Une famille albanaise a élu domicile sous le parvis de la cathédrale. «L'Église ne peut pas les jeter dehors, mais nous ne pouvons pas non plus leur proposer l'asile», commente Jacques Troubet, gardien des lieux depuis 10 ans. Lien

 

Selon l’Insee, 141 500 personnes, dont 30 000 enfants, vivaient sans logement personnel début 2012,  avec une proportion accrue d’étrangers par rapport à 2001.

La Croix, mardi 2 jullet 2013

Les associations sonnaient déjà l’alarme depuis plusieurs années. La statistique officielle confirme à présent le triste constat : le nombre de personnes sans domicile recensées par l’Insee a doublé en France en une décennie, passant de 86 000 SDF en 2001 à 141 500 en janvier-février 2012 (enquête réalisée auprès des utilisateurs des services d’hébergement et de distribution de repas, s’appuyant sur un échantillon de 8 700 francophones interrogés). 

Cette montée de la misère est sans nul doute sous-évaluée. « Seules les personnes passées au moins une fois par les services d’hébergement ou de restauration ont été prises en compte. Nous pouvons par conséquent estimer à plusieurs milliers le nombre d’individus qui n’entrent pas dans le champ de l’étude mais qui n’ont pas de logement », précise Jérôme Accardo. 

N’y figurent pas non plus les personnes sans domicile qui passent leurs nuits dans un foyer, à l’hôpital, en prison, dans un squat, ou encore hébergées par un particulier.

Qui sont les personnes sans domicile ?

 Lors de cette décennie, la physionomie de cette population a profondément changé. « La hausse est essentiellement due à la montée de la part des étrangers et au report des demandeurs d’asile sur l’hébergement classique », note Jérôme Accardo, chef du département « condition de vie des ménages » à l’Institut national de la statistique. 

 Début 2012, on a identifié 81 000 adultes sans domicile, accompagnés de 30 000 enfants, dans les agglomérations de plus de 20 000 habitants. Parmi eux, 53 % n’avaient pas la nationalité française, contre 38 % en 2001. » S’ajoutent à ce chiffre 8 000 SDF dans les communes rurales et petites unités urbaines, ainsi que 22 500 personnes en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada).

À l’image des flux migratoires, l’exclusion du logement se féminise. Deux SDF sur cinq sont des femmes. Ces dernières, toutefois, bénéficient d’une meilleure protection que les hommes seuls, qui constituent presque la totalité des effectifs livrés à la rue. 

Les sans-abri représentent 9 % de l’ensemble des SDF et 45 % d’entre eux sont étrangers. À chacun sa solution. Certains passent la nuit sur le macadam, sous un pont ou dans un jardin (21 %), d’autres trouvent refuge dans une cave, un parking, un hall d’immeuble ou un grenier (36 %), ou dans une gare, une station de métro, un centre commercial, un lieu de culte (17 %). Plus rarement, dorment dans un véhicule (4 %).

Comment les associations font-elles face à l’augmentation des étrangers ?

Fait nouveau par rapport à l’enquête de 2001 : 1 500 personnes ne maîtrisant pas le français ont été identifiées. Des questionnaires traduits dans leur langue, toujours en cours d’exploitation, leur ont été transmis. 

Une barrière linguistique à laquelle se heurtent de plus en plus d’associations. « Nous développons lorsque c’est possible des partenariats avec des associations spécialisées pour avoir des interprètes, mais il ne faudrait pas que le système de l’hébergement classique vienne remplacer les Cada », explique Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). 

Le responsable associatif souligne par ailleurs qu’une partie des étrangers à la rue sont sans papiers, et donc dans l’impasse. « De très nombreuses familles sont hébergées à l’hôtel depuis des années. Pour elles, l’insertion dans un logement est impossible sans régularisation », affirme-t-il.

Jean Baptiste François, La Croix du 2 juillet 2013

Publié dans Politique

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