Nécessité d’une sobriété individuelle et collective, assumée et partagée, créative, aux antipodes de l'austérité imposée aux plus faibles.
Nouvelles pauvretés, la réponse des chrétiens dans la globalisation.
Jean-Baptiste de Foucauld, ancien commissaire au Plan, auteur de « L'Abondance frugale, pour une nouvelle solidarité » (Odile Jacob, 2010). Président fondateur de Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), un des initiateurs du pacte civique.
Nous avons été plusieurs à lire avec intérêt un article du FORUM de La Croix au 28 janvier 2014. Et, dans le contexte de réflexion de Chrétiens et pic de pétrole, j’ai rédigé divers postes, sur ce sujet :
- Être acteur de sens par le temps choisi
- Les Eglises s'engageraient-elles dans la décroissance ? Au moins, elles en parlent
François Pillard, un participant au laboratoire « Quelle société voulons-nous ? » a communiqué sur l’importance de cette réflexion. Cela m’a donné idée de vous inviter à lire l’article. « Cet extrait du Forum de J. B. de Foucauld dans La Croix de mardi 28/01 me paraît, écrit-il, en rapport avec notre thème actuel, je me permets de vous l'adresser comme je l'ai envoyé aux membres du bureau de l'Antenne sociale de Lyon.
François met en avant ces paragraphes :
On manque d'une distinction claire entre exploitation et exclusion, d'une théologie de la libération de l'exclusion, de liturgies qui créeraient de l'entourage autour des personnes en situation difficile. ... Le Compendium de la doctrine sociale, si riche sur le travail, est pratiquement muet sur les multiples problèmes liés à l'absence de travail, sur les pathologies que cela entraîne, sur les remises en cause personnelles et spirituelles qui en résultent. Il est urgent de combler cette lacune.
Comment nos sociétés vont-elles réduire simultanément leurs trois dettes, la dette financière, la dette sociale (le chômage et les déficits des régimes sociaux) et la dette écologique? Comment éviter que la résorption de l'une entraîne l'aggravation des autres? Cela passera, nécessairement, par une société individuelle et collective, assumée et partagée, créative, proportionnelle aux capacités de chacun, juste, donc aux antipodes de l'austérité imposée aux plus faibles. ....
Il va falloir conjuguer ces trois cultures du développement humain, si présentes dans l'Evangile, que sont la résistance (aux excès de la richesse), la régulation (d'un nouveau pacte civique) et l'utopie (d'une société conviviale). C'est à cette seule condition que la globalisation sera maîtrisée et humanisée. Les chrétiens peuvent jouer un rôle important dans l'élaboration de ce nouveau paradigme qui les relie à leurs racines....
Extrait qui suscita les commentaires suivants. Je les reproduis avant de donner à lire l’ensemble de l’article.
1er commentaire
Une des difficultés vient du fait que les enjeux financiers, sociaux et écologiques, que ce soit sur le plan de la dette ou sur le plan des coûts, ne sont pas cohérents, ne sont pas corrélés. Les décisions sont alors schizophrènes, soit en essayant de ménager "la chèvre et le chou" ou en faisant l'impasse sur tel ou tel sujet (en général les sujets sociaux et écologiques).
> Il faut une volonté politique pour arriver à une homogénéité des enjeux,
par exemple avec le système de bonus malus qui a si bien fonctionné pour l'automobile, faisant chuter la consommation et développant l'innovation,
ou par exemple par l'interdiction pure et simple des éléments les plus énergivores, comme ce fut le cas pour les lampes
ou par exemple par un système de crédit financé par les économies de l'investissement ;
sur le plan sociétal, il y aurait également beaucoup de pistes, politiques la plupart du temps...
2d commentaire, qui montre la difficulté d’aborder concrètement les problèmes, alors qu’une approche concrète est indispensable.
non je ne peux pas ne pas réagir à ton mail, du moins en ce qui concerne l'exemple des ampoules. Pour les autres exemples, je ne sais pas trop
L'exemple des ampoules est l'archétype du remède pire que le mal, chose que l'on voit couramment dans nombre de domaines, médecine, énergie, eau, air,recyclage, voiture électrique, énergies dites renouvelable genre panneaux solaires, photo voltaïques où le raisonnement est le même que pour les ampoules .
Ces "fameuses" ampoules sont le fruit d'un lobying intense, ici comme ailleurs, des fabricants d'ampoules mais sont un DESASTRE pour une "solution " globale équilibrée.
Lire les sites non liés au gouvernement (surtout pas l'adéme) mais next-up ou l'association des ingénieurs électriciens… etc
- 1/ production - emploi
elles coûtent 10 fois le prix des anciennes ; ceci est payé par le consommateur ; elles utilisent des métaux lourds et rares = pb du marché des métaux, extraction, spéculation etc -
+ voir § suivant : pollution et éthique ; elles utilisent du mercure… idem métaux ( le mercure est un métal mais encore plus particuliers que les autres !! ) Toutes les anciennes production "locales" ont toutes été transférées - nouvelle production oblige - dans le sud est asiatique !!
- 2/ durée de vie
contrairement à ce qui avez annoncé - bizarre là aussi - on est loin des valeurs prévues : 10 000 h Les essais ( en labo ) n'ont rien à voir avec la dureté du réel
- 3/ recyclage
au mieux 10 % ! Compte tenu des produits utilisés c'est une NOUVELLE CATASTROPHE mercurielle, et environnementale. Voir la suite
- 4/ consommation
même les agences officielles n'osent plus avancer de chiffre
d'abord parce que, dans nos pays, et hors industrie et tertiaire où déjà depuis longtemps il y a des lampes à vapeur de sodium et de mercure, mais là avec recyclage plus contrôlé et cos phi compensé , l'énergie soi-disant perdue de la lampe ne l'est pas, car à 80%, nous utilisons l'éclairage, à titre privé, lors de période de chauffage. Donc la gain global n'est pas du tout évident.
Là, je dois avouer que mes connaissances ne me permettent pas de saisir l’importance du cos phi (cosinus) – facteur de puissance.
Ensuite le cos phi de ces lampes est désastreux. Ce qui veut dire que la facture,- directe , sans tenir compte de ce que je dis sur le besoin de chauffage - pour l'individu est sans doute plus faible ?? mais l'énergie réelle par edf est la même - voir plus - Ce pb idem pour les néons. Dans l'industrie ce cos phi est compensé afin de ne pas payer un surcoût à edf. Dans le privé edf le fera bientôt payer avec la mise en place des nouveaux compteurs dit "intelligents" - un comble. Mais cela aussi est tout un autre - désastreux - programme
Et puis l'impact négatif - puisque je consomme peu, vu de ma fenêtre - je peux laisser éclairer longtemps !!! je n'éteins plus - alors, gain ???
-5 / environnement - plusieurs aspects
51 - métaux lourd, terres rares et mercure à la place du verre et du tungstène .. c'est vrai qui est rare aussi. Cela dit = mines d'extraction, Afrique, Amérique du sud etc
mercure extrait et rejeté dans l'atmosphère !!! santé !!!
52- ondes électro magnétiques. Elles en produisent en pagaille !!
Dans un monde hyper saturé - la nlle loi !! ouvre au moins une brèche, et reconnaît qu'il faut faire attention, c'est potentiellement cancérigène - les lampes sont "déconseillées" ; doux euphémisme, prés de la tête < 30 cm !! à 31 c'est bon !!! donc pas dans les lampes de chevet - merci la réglementation etc
-6/ aspect éthique liés aux mines et extraction qui produit ces matériaux.
Essentiellement des pays émergents avec beaucoup d'enfants en amont et en aval du processus (récupération de produits dangereux) etc etc
j'ai sûrement encore oublié des aspects.
PS pour la petite histoire , j'ai discuté avec Antoine Weachter, leader à l'époque d'un mouvement écolo et qui a voté la loi à Strasbourg ; comme il m'a dit, les lois sont bien sur remises avant, il faut lire des tonnes de papier... mais aucune de ces critiques n'étaient présentée... of course... lobying oblige, et les lois défilent sur un tableau électronique, même pas de discussion, c'est pour l'environnement donc c'’est bon, je vote.. .en qq secondes les choses se font... Sa femme était, elle, sur tous les inconvénients bien plus au courant que lui !!!
3ème commentaire
Sur toutes ces questions complexes, qui nous dépassent, il est absolument impossible
d’être trop optimiste.
mais il faut pourtant qu’on s’en sorte. Alors comment ? avec quel arme ?
Une fois de plus je ne vois que le mode de vie sobre : « Cela passera nécessairement par une sobriété individuelle et collective, assumée et partagée, créative, proportionnelle aux capacités de chacun, juste donc, aux antipodes de l'austérité imposée aux plus faibles » écrit J.B. de Foucauld. Cette sobriété volontaire importe plus qu’une lampe qui consommerait peu ou même pas.
Et voici l’ensemble de l’article
La globalisation actuelle a entraîné un progrès économique général (les formules de développement autocentré ont échoué), mais ce progrès est très inégal et il est réversible, comme la crise financière le montre. De nouvelles formes de pauvreté sont apparues, tant dans les pays développés, avec le chômage et l'exclusion, que dans les pays émergents, où les minima sociaux stagnent, tandis que les solidarités des sociétés traditionnelles sont mises à mal. La globalisation apparaît de ce fait comme injuste et mal régulée, non démocratiquement gérée, les institutions politiques peinant à la contrôler et l'orienter.
Dans ce contexte, que font les chrétiens, que devraient-ils faire de plus pour donner à la globalisation un visage plus humain? La question se pose à plusieurs niveaux.
L'Église n'a cessé de plaider pour le renforcement des institutions internationales. Les chrétiens sont actifs dans les mouvements altermondialistes, où ils se mêlent à d'autres sensibilités. En France, le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) mène une action très vigoureuse contre les paradis fiscaux, en liaison étroite avec d'autres organisations, action qui a obtenu de réels succès. Mais beaucoup reste à faire pour concrétiser ces avancées, pour aboutir à une gestion vraiment concertée de taux de change qui évite les excédents ou déficits excessifs, pour remettre de l'ordre dans la finance et faire que l'argent soit un bon serviteur et non un mauvais maître. Une encyclique du pape François sur ces sujets, qui provoquent l'indignation, stimulerait les énergies, notamment celles de gouvernements moins motivés dès que la reprise pointe à l'horizon.
L'Europe est aujourd'hui le continent malade de la mondialisation. Les États-Unis sortent de la crise, qu'ils ont eux-mêmes créée, avec un statut intact, alors que l'Union européenne y reste engluée. La faiblesse institutionnelle de la zone euro a empêché la mise en œuvre d'une vraie solidarité entre les États, et il en est résulté une régression sociale dans les pays du Sud et une forte dispersion des taux de chômage (de 4,5 à 25 %). Le paradoxe est que malgré cela, l'Union reste attractive pour ceux qui migrent au péril de leur vie, auxquels on ferme parfois brutalement les portes. Même si l'Union bancaire va constituer un réel progrès, on est loin d'une Union européenne acteur fort d'une mondialisation maîtrisée. Comment relancer le projet européen, retrouver la vision de la déclaration Schuman de 1950, ou la crémaillère constructive de Jacques Delors des années 1980? On manque cependant d'une distinction claire entre exploitation et exclusion, d'une théologie de la libération de l'exclusion, de liturgies qui créeraient de l'entourage autour des personnes en situation difficile. À quand un Carême consacré au chômage et à l'entraide au profit des chercheurs d'emploi? Le Compendium de la doctrine sociale, si riche sur le travail, est pratiquement muet sur les multiples problèmes liés à l'absence de travail, sur les pathologies que cela entraîne, sur les remises en cause personnelles et spirituelles qui en résultent. Il est urgent de combler cette lacune.
Comment nos sociétés vont-elles réduire simultanément leurs trois dettes, la dette financière, la dette sociale (le chômage et les déficits des régimes sociaux) et la dette écologique? Comment éviter que la résorption de l'une entraîne l'aggravation des autres? Cela passera nécessairement par une sobriété individuelle et collective, assumée et partagée, créative, proportionnelle aux capacités de chacun, juste donc, aux antipodes de l'austérité imposée aux plus faibles. Comment l'organiser dans le climat de concurrence politique et de dérive individualiste actuel? C'est bien lourd à porter pour les forces politiques, qu'elles soient de gauche ou de droite. Il va falloir conjuguer ces trois cultures du développement humain, si présentes dans l'Évangile, que sont la résistance (aux excès de la richesse), la régulation (d'un nouveau pacte civique) (1) et l'utopie (d'une société conviviale). C'est à cette seule condition que la globalisation sera maîtrisée et humanisée. Les chrétiens peuvent jouer un rôle important dans l'élaboration de ce nouveau paradigme qui les relie à leurs racines. Ils doivent à mon avis s'unir avec d'autres forces spirituelles pour le mettre en œuvre.