Capable de dépasser l’individualisme, un autre style de vie se développe et le changement devient possible dans la société : accueil de l’étranger
Des soldats et des policiers polonais surveillent, le 12 novembre 2021 près de Kuznica, la frontière avec la Biélorussie, où des milliers de migrants sont massés. HANDOUT / VIA REUTERS
Je poursuis donc ma lecture de l’évangile de Marc, ma dernière présentation ce lieu étant le 4 novembre. Et je m’interroge pour savoir comment mettre en pratique la Parole lue. En effet, il ne suffit pas de connaître la Bonne Nouvelle, il importe dans vivre. Quel style de vie m’invite-t-elle à prendre ?
Je me pose fortement cette question après avoir lu les articles concernant les migrants. Calais, Briançon, Lyon, frontières Pologne - Biélorussie... Libye, Espagne, Italie… les morts en Méditerranée… Que faire ?
Il semblerait que toutes les actions des personnes soutenant les exilés n’atteignent pas leur but, tellement les dirigeants, soutenus par l’opinion publique, ne songent qu’à maintenir l’entre-soi des Européens.
Voir : grève de la faim à Calais : une mobilisation organisée ce 13 novembre, des soutiens qui se renforcent.
Voir aussi : Christian Delorme, un père lyonnais, et Jean-Marie Fardeau, délégué national de l'association VoxPublic, ont entamé vendredi un jeûne de trois jours en solidarité et aussi "Que cesse une maltraitance d'État" : contre les violences infligées aux migrants de Calais
Une réflexion semblable joue également avec les problèmes climatiques. Pour maintenir la croissance, renoncer aux extractions de charbon et de pétrole l’emporte.
COP26 : du "bla, bla, bla" pour Greta Thunberg, "un rendez-vous raté" pour les ONG
Nécessaire conversion des chrétiens
Pour être en phase avec l’Évangile, seule une conversion profonde des disciples du Christ mettant en œuvre dans leur quotidien la Parole, révolutionnerait les politiques. Engagement mystique et prophétique des baptisés.
« L’attitude fondamentale de se transcender, en rompant avec l’isolement de la conscience et l’autoréférentialité, est la racine qui permet toute attention aux autres et à l’environnement, et qui fait naître la réaction morale de prendre en compte l’impact que chaque action et chaque décision personnelle provoquent hors de soi-même. Quand nous sommes capables de dépasser l’individualisme, un autre style de vie peut réellement se développer et un changement important devient possible dans la société. » Laudato si’ 208.
Image apocalyptique (de révélation), j’imagine les plus grandes places des grandes villes, noires de monde exigeant la conversion des politiques économiques, paralysant toutes formes de consumérisme et de productivisme. La révolution de Jésus est de faire le bien autour de lui tout en enseignant la réalité de Dieu, quelque soit l’opposition des chefs religieux ou politiques.
« Aujourd’hui croyants et non croyants, nous sommes d’accord sur le fait que la terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. Pour les croyants cela devient une question de fidélité au Créateur, puisque Dieu a créé le monde pour tous. » Laudato si’ 93;
Voir, ci-dessous, en vidéo : Adrien Quatennens
Lecture, étude de Jésus-Christ en Marc
Guérison d’un enfant possédé
Pierre, Jacques, Jean et Jésus, descendus de la haute montagne, s’approchent des disciples. Ils sont en grande discussion avec des scribes. Dès qu’ils aperçoivent le Maître, l’agitation est telle que l’échange n’est plus possible.
9,14-15
En venant vers les disciples, ils virent autour d'eux une grande foule et des scribes qui discutaient avec eux. Dès qu'elle vit Jésus, toute la foule fut remuée et l'on accourait pour le saluer.
Jésus voulait savoir de quoi les disciples parlaient avec les scribes alors qu’ils étaient entourés d’une grande foule. C’est un membre de la foule qui prend la parole. Le père d’un enfant handicapé, possédé. Mal en point depuis l’enfance :
9,16-29
Il leur demanda : « De quoi discutez-vous avec eux » ? - Quelqu'un dans la foule lui répondit : « Maître, je t'ai amené mon fils : il a un esprit muet. L'esprit s'empare de lui n'importe où, il le jette à terre et l'enfant écume, grince des dents et devient raide. J'ai dit à tes disciples de le chasser et ils n'en ont pas eu la force ». Prenant la parole, Jésus leur dit : « Génération incrédule, jusqu'à quand serai-je auprès de vous ? Jusqu'à quand aurai-je à vous supporter ? Amenez-le-moi ».
Ils le lui amenèrent. Dès qu'il vit Jésus, l'esprit se mit à agiter l'enfant de convulsions ; celui-ci, tombant par terre, se roulait en écumant.
Jésus demanda au père : « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il » ? Il dit : « Depuis son enfance. Souvent l'esprit l'a jeté dans le feu ou dans l'eau pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous ».
Jésus lui dit : «Si tu peux ! Tout est possible à celui qui croit ».
Aussitôt le père de l'enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi » !
Jésus, voyant la foule s'attrouper, menaça l'esprit impur : « Esprit sourd et muet, je te l'ordonne, sors de cet enfant et n'y rentre plus » !
Avec des cris et de violentes convulsions, l'esprit sortit. L'enfant devint comme mort, si bien que tous disaient : « Il est mort ». Mais Jésus, en lui prenant la main, le fit lever et il se mit debout.
Quand Jésus fut rentré à la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : « Et nous, pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit » ? Il leur dit : « Ce genre d'esprit, rien ne peut le faire sortir, que la prière (et le jeûne) ».
Je note dans ce récit que Jésus, alors qu’il souhaitait dialoguer avec ses disciples pour savoir de quoi ils parlaient avec des scribes, accepte, une fois de plus, de différer cet échange afin répondre à une demande urgente : libérer un enfant malade. C’est le père de l’enfant qui s’explique. La demande de libération a été faite aux disciples, or, ceux-ci n’y sont pas arrivés. Ce qui semble mettre Jésus en colère : « Génération incrédule, jusqu'à quand serai-je auprès de vous ? Jusqu'à quand aurai-je à vous supporter ? » La colère s’adresse-t-elle aux seuls disciples où à toute la foule ? Je ne saurai le dire. Ce qui est sûr, c’est que tous les contemporains du Fils du Marie n’arrivent pas à voir en lui l’envoyé de Dieu, chargé de pouvoir divin.
Ce récit de guérison est simple à comprendre. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus. Je souhaite seulement rappeler, une fois de plus, que Jésus profite de cette intervention pour donner un enseignement sur l’importance de l’adhésion à Dieu. La foi. La confiance.
Dans l’intimité, Jésus précise : « Ce genre d'esprit, rien ne peut le faire sortir, que la prière ».
Avec foi, il convient de demander à Dieu qu’arrive la délivrance du mal. « Tout est possible à celui qui croit ». Croire tout en demandant de croire encore plus. L’absolu de la confiance n’étant jamais atteinte.
- Aussitôt le père de l'enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi » !
Vient ensuite une longue série de passages où Marc rend compte de l’enseignement de Jésus aux disciples. Le groupe se fait le plus discret possible et se consacre à l’enseignement.
9,30-32
Annonce de la Passion :
Partis de là, ils traversaient la Galilée et Jésus ne voulait pas qu'on le sache. Car il enseignait ses disciples et leur disait : « Le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu'il aura été tué, trois jours après il ressuscitera ». Mais ils ne comprenaient pas cette parole et craignaient de l’interroger.
9,33-50
Formation des disciples suite à une conversation entre eux : Qui est le plus grand ?
Ils allèrent à Capharnaüm. Une fois à la maison, Jésus leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin » ? Mais ils se taisaient, car, en chemin, ils s'étaient querellés pour savoir qui était le plus grand.
Jésus s'assit et il appela les Douze ; il leur dit : « Si quelqu'un veut être le 1er, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Et prenant un enfant, il le plaça au milieu d'eux et, après l'avoir embrassé, il leur dit : « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là m'accueille moi-même ; et qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais celui qui m'a envoyé ».
Celui qui n’est pas conte nous est pour nous :
Jean lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu'un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l'en empêcher parce qu'il ne nous suivait pas».
Mais Jésus dit : « Ne l'empêchez pas, car il n'y a personne qui fasse un miracle en mon nom et puisse, aussitôt après, mal parler de moi. Celui qui n'est pas contre nous est pour nous. Quiconque vous donnera à boire un verre d'eau parce que vous appartenez au Christ, en vérité je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense.
Celui qui scandalise :
Quiconque entraîne la chute d'un seul de ces petits qui croient, il vaut mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse meule, et qu'on le jette à la mer.
Si ta main entraîne ta chute, coupe-la; il vaut mieux que tu entres manchot dans la vie que d'aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint pas.
Si ton pied entraîne ta chute, coupe-le; il vaut mieux que tu entres estropié dans la vie que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne
Et si ton œil entraîne ta chute, arrache-le ; il vaut mieux que tu entres borgne dans le Royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas.
Le disciple doit garder toute sa saveur :
Car chacun sera salé au feu. C'est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres ».
Sur ce passage de l'évangile de Marc, voir mon homélie du 4 novembre
Lire la revue de presse de la CUM : coordination Urgence Migrants (Lyon)