L’opposition devenant très forte, Jésus sent venir le moment de la souffrance, de la condamnation à mort ; il multiplie ses enseignements

Publié le par Michel Durand

Jésus enseignant. Rembrandt, XVII s. ,  Rijk Museum. Ámsterdan, Holande

Jésus enseignant. Rembrandt, XVII s. , Rijk Museum. Ámsterdan, Holande

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Temps de formation

Jésus observe que le vent tourne contre lui. Scribes et pharisiens montrent qu’ils n’acceptent pas ce qui se met en place par les paroles et actions de Jésus. Le temps est venu d’intensifier la formation. Et il importe de ne pas cacher la réalité. Pour la deuxième fois, l’envoyé de Dieu annonce la réalité de la Passion qui sera suivie de la réalité de la Résurrection. Par prudence, pour vive ce temps ultime d’enseignement, Jésus se cache le plus possible. Il évite de se faire repérer par ses adversaires.

9,30-32

Partis de là, ils traversaient la Galilée et Jésus ne voulait pas qu'on le sache. Car il enseignait ses disciples et leur disait : « Le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu'il aura été tué, trois jours après il ressuscitera ». Mais ils ne comprenaient pas cette parole et craignaient de l'interroger.

Les disciples, également craintifs, se maintiennent dans l’observation. Ils ont la conviction qu’ils ont fait le bon choix en suivant Jésus, mais des questions demeurent. Qui est vraiment Jésus ? Le Messie, l’envoyé de Dieu ? Comment s’en assurer ?

Je vois dans les chapitres 9 et 10 l’expression d’un profond temps de formation qui semble se vivre dans la maison de Pierre à Capharnaüm.

Qui est le plus grand ?

Jésus donne son enseignement en partant d’une conversation entre les disciples très proches de Jésus. Les Douze.

9,33-37

Ils allèrent à Capharnaüm. Une fois à la maison, Jésus leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin » ? Mais ils se taisaient, car, en chemin, ils s'étaient querellés pour savoir qui était le plus grand. Jésus s'assit et il appela les Douze ; il leur dit : « Si quelqu'un veut être le 1er, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Et prenant un enfant, il le plaça au milieu d'eux et, après l'avoir embrassé, il leur dit : « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là m'accueille moi-même ; et qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais celui qui m'a envoyé ».

Cet enfant n’est pas un tout petit enfant. Jésus l’a vraisemblablement appelé et il a accepté d’être pris par Jésus alors qu’il parlait avec les siens : un groupe de Douze adultes attentifs aux paroles du Maître. Cet enfant n’est pas vu comme un modèle de pureté, d’innocence ou de perfection morale comme l’est un tout petit, un bébé. Il est simplement un enfant qui, contrairement aux disciples, n’a pas de prétention. Enfant, il se trouve dans une situation de dépendance. Il me semble du reste me souvenir que dans la culture grecque, les enfants étaient assimilés aux esclaves, aux sans droits. Ils ne partagent pas le repas des hommes adultes. J'ai vu cela en terres africaines.

Celui qui souhaite être le premier, le plus grand qu’il accueille un « sans voix », un « sans importance ». Dans l’évangile selon Matthieu, Jésus dit : « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là m’accueille moi-même » (Mt 18,5). Quel enseignement pas facile à saisir ! Enseignement assurément tenu par Jésus, car on retrouve les mêmes mots en Marc qu’en Matthieu.

Qui n’est pas contre nous est pour nous

Avec Marc 9,38, nous nous trouvons dans un dialogue avec Jésus où un enseignement sera également proposé suite à une remarque d’un des Douze. Il est question ici de sortir de l’entre soi, de la tendance très humaine à ne pas vouloir que des inconnus fassent le bien comme nous avons l’habitude de la faire.

9,38-41

Jean lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu'un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l'en empêcher parce qu'il ne nous suivait pas (il ne fait pas partie du groupe des Douze disciples) ». Mais Jésus dit : « Ne l'empêchez pas, car il n'y a personne qui fasse un miracle en mon nom et puisse, aussitôt après, mal parler de moi. Celui qui n'est pas contre nous est pour nous. Quiconque vous donnera à boire un verre d'eau parce que vous appartenez au Christ, en vérité je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense ».

Enseignement sur l’importance de ne pas provoquer la chute d’autrui

Scandaliser quelqu’un, c’est le mettre en situation de perdition. Jésus dans son enseignement met en garde contre ce danger. Il s’exprime avec un langage qui ne saurait être plus radical.

 

9,42-50

Quiconque entraîne la chute d'un seul de ces petits qui croient, il vaut mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse meule (une meule à âne, une meule de grande taille, tournée par un âne- note de la TOB), et qu'on le jette à la mer. Si ta main entraîne ta chute, coupe-la ; il vaut mieux que tu entres manchot dans la vie (éternelle) que d'aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint pas. Si ton pied entraîne ta chute, coupe-le ; il vaut mieux que tu entres estropié dans la vie que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. Et si ton œil entraîne ta chute, arrache-le ; il vaut mieux que tu entres borgne dans le Royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas. Car chacun sera salé au feu. C'est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres ».

Chacun sera salé au feu. J’avoue ne pas comprendre cette expression. Par contre, l’image de ne pas être du sel sans saveur de sel, est limpide.

Soyez en paix les uns avec les autres. Note de la TOB : Pour certains, avoir du sel serait vivre en paix. Mais on perd alors le symbole que représente le sel. Il vaut mieux comprendre : ayez en vous-mêmes l’esprit de sacrifice (vis-à-vis du monde) et soyez en paix (entre vous). On remarquera que la conclusion de ce discours rejoint la préoccupation qui l’a motivé : les prétentions des apôtres à occuper la première place.

 

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