On sait qu’il est possible de repousser fortement les limites de longévité. Se demande-t-on pourquoi, dans quel but on franchit la limite ?

Publié le par Michel Durand

Le quotidien « La Croix » pose la question de savoir  si le monde est vraiment sans limites ?
Il s’est également demandé si ce même monde pouvait être vraiment nouveau.

Avec ce mode de questionnement je me demande s’il n’y a pas le désir de faire passer un message consistant à dire que rien n’est vraiment nouveau, que les craintes des gens sont futiles. L’homme est tellement intelligent qu’il trouve toujours le moyen de se sortir des difficultés. Une façon de dire que les peurs devant les nouveautés sont vaines et qu’il n’y a pas à s’inquiéter. Les limites, grâce aux génies des inventeurs scientifiques et techniciens n’existent pas. L’homme est apte à tout dépassements.

On sait qu’il est possible de repousser fortement les limites de longévité. Se demande-t-on pourquoi, dans quel but on franchit la limite ?
Voir, par exemple l’article sur le chemin de fer :
 « quand le chemin de fer était vu comme une barbarie ferroviaire ». 

Il me semble qu’il est en accès direct sur le site de « La Croix », 26/3/14. Un monde nouveau. 2ème semaine. Un monde sans limites ?

L'innovation technologique n'a pas toujours été accueillie avec enthousiasme. Exemple avec les peurs suscitées par l'apparition du chemin de fer.

La roue a-t-elle suscité des inquiétudes lorsqu'elle fit son apparition sur Terre? L'histoire, forcément, ne le dit pas, faute de médias 3 500 ans avant J.-C., époque où l'on situe souvent son invention, en Mésopotamie. Il n'en est pas de même pour le chemin de fer, l'automobile ou le métropolitain… Ces nouveaux moyens de transport vont souvent susciter l'enthousiasme. « On pensait qu'ils allaient pacifier les relations sociales en rapprochant les hommes », dit François Jarrige, maître de conférences à l'université de Bourgogne, à Dijon (1). Ils suscitent néanmoins aussi de nombreuses angoisses en bouleversant les repères dans l'espace et le temps. En outre, « le rapport aux transports est quotidien, relève Arnaud Passalacqua, spécialiste de l'histoire de la mobilité à l'université Paris Diderot. Les enthousiasmes ou les peurs que les innovations peuvent provoquer sont donc d'autant plus exacerbés dans leur domaine. »

Le chemin de fer a peut-être concentré toutes ces appréhensions, notamment liées à la vitesse. « Les premiers trains étaient tirés par les chevaux, mais, très vite, avec les chaudières à vapeur, la vitesse atteint 20 km/h, dit Arnaud ­Passalacqua, puis 30 et 50 km/h… C'était incroyable pour des gens habitués depuis des siècles à bouger au rythme du pas des chevaux. » De nombreux écrits mettent en garde les voyageurs. Pour des raisons médicales, d'abord. François Jarrige relève comment le savant et homme politique François Arago exprime au Parlement, en 1838, les inquiétudes des milieux scientifiques sur les risques liés aux tunnels, en raison des écarts de température. Inquiétudes qui dureront longtemps, comme on le voit avec le Guide médical et hygiénique du voyageur, du docteur Émile Decaisne, paru en 1864 (à lire sur le site des collections numérisées de la Bibliothèque nationale de France « gallica.bnf.fr »). Plus tard, le métropolitain parisien fera aussi l'objet de telles peurs : certains ingénieurs dénonçant l'insalubrité d'un souterrain humide. « Le viol symbolique des entrailles de la Terre est même une notion qui a empêché le métro de se développer à Rome », dit Arnaud Passalacqua. Le chemin de fer fera l'objet de critiques plus philosophiques, comme celles du mathématicien et philosophe polonais Joseph Hoëné-Wronski, qui évoque en 1838 la « barbarie ferroviaire » dans une pétition devant le Parlement français (à lire sur Gallica)…

L'automobile n'a pas échappé à ces interrogations à ses débuts. « Leur vitesse et les accidents effrayaient, dit Arnaud Passalacqua. En outre, certains évoquaient la disparition des chevaux comme aboutissant à des villes désincarnées, des villes fantômes. »

Pessimiste ou confiant en l’avenir, craintes face aux progrès techniques ou totale adhésion ? Ces pages de La Croix invitent à la réflexion. Je vous invite à les lire ou au moins à le parcourir, espérant que les accès seront plutôt libres. Voir ci-dessous la liste de ce qui est parus.

Un monde sans limites ?

Lundi 24 mars : Il y a assez de ressources pour nourrir tout un chacun

Mardi 25 mars : Si un jour le sable venait à manquer ?

Mercredi 26 mars : Le génie humain, une réponse à tous les défis ?

Jeudi 27 mars :  L’ailleurs, un vieux rêve qui se renouvelle sans cesse.

Vendredi 28 mars :  Plus grand, plus rapide, plus vieux, l’homme face à ses limites.

 

Le débat est ouvert. Personnellement, je pense que la direction de La Croix ne donne pas assez la parole à celles et ceux qui pensent que tout est vraiment limité. L’illusion à détruire est la douce conviction que tout demeure possible sans aucune limite. Les nanotechnologies viennent au secours des manquements humains, alors de quoi aurions-nous peur ? On ne va quand même pas ressembler à ces catholiques qui voyaient le Satan dans la fumée des trains à vapeur !

 

(1) Auteur de Technocratiques, du refus des machines à la contestation des technosciences, Éd. La Découverte.

WAINTROP Michel

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