Le refus de diviser le radical commandement de l’amour de Dieu et du prochain porte à une grande sollicitude à l’égard des nécessiteux

Publié le par Michel Durand

Le refus de diviser le radical commandement de l’amour de Dieu et du prochain porte à une grande sollicitude à l’égard des nécessiteux
Le refus de diviser le radical commandement de l’amour de Dieu et du prochain porte à une grande sollicitude à l’égard des nécessiteux

Radical, radicaliser, radicalisation, se radicaliser…

Voilà un mot qui me semble désormais difficile d’utiliser tellement la presse l’utilise dans un sens particulier. Immédiatement, en voyant ce mot le lecteur va penser Islam. Par exemple, selon l’hebdomadaire Le Point, une enseignante en philosophie d’un lycée Zep de l’Essonne raconte la radicalisation progressive de ses élèves. Les exemples qu’elle en donne sont tous liés à la religion musulmane, avec des références à Ben Laden.

Elle a rédigé des rapports, mais aucune sanction n'a été prononcée contre ces élèves, la situation s’est dégradée : « il est devenu difficile de faire un cours sur le droit, la justice et plus encore sur la religion. Parler de la théorie de l'évolution est devenu impossible, car contestée de façon violente ».

Radicalisation est devenu synonyme d’islamisme.

Pourtant, être radical n’est-ce pas témoigner d’une belle fidélité aux idées fondamentales ? N’est-ce pas un juste et beau retour à la racine de ce qui fait vivre ? Ainsi, je pense que la lecture, la méditation et la mise en pratique du message reçue de l’Évangile sont une saine et sage façon de vivre son attachement au Christ. Certes, il y a le danger de l’intransigeance. J’en ai parlé en ce lieu.

Mais je pense que l’engagement radical en faveur d’une option vitale peut et doit s’accompagner d’une attitude toute miséricordieuse vis-à-vis de celui qui ne parvient à mettre en œuvre l’idéal choisi.

Pour avoir plus d’articles sur ce thème : écrire le mot intransigeant dans la case recherche de ce blogue.

Que dit le dictionnaire de langue française ?

Radicaliser vient du mot radical quand il signifie vouloir présenter un caractère absolu, total ou définitif.

Il s’agit de durcir, renforcer une action, de rendre intransigeante une position, une pensée, une politique.

Radical : est radical
- ce qui appartient à la nature profonde, à l'essence d'un être ou d'une chose : Vice radical d'une constitution.
- ce qui présente un caractère absolu, total ou définitif : Une transformation radicale des institutions.

Radical se dit d'un genre d'action ou de moyen très énergique, très efficace, dont on use pour combattre quelque chose : Une action radicale contre la fraude.
- ce qui appartient à la racine d'une plante.
- ce qui appartient au radical ou à la racine d'un mot.

Toutes ces définitions m’encouragent à être radical.
Les synonymes aussi me plaisent bien
Pour ce qui appartient à la nature profonde, à l'essence d'un être... on a : capital, foncier, fondamental.
Pour ce qui présente un caractère absolu, total ou définitif on a absolu, complet, irrévocable ; mais aussi catégorique qui me pose une difficulté. En effet, être coincé dans des catégories détourne des nécessaires nuances. Tel serait le danger de l’engagement radical dont le mode d’action deviendrait draconien, souverain au point d’être aveugle, dictatorial, intolérant face à l’opinion d’autrui.

Je pense finalement que l’usage que nous faisons actuellement du mot radical, ou de se radicaliser, détourne de l’urgence qu’il y a de ne jamais perdre de vue les paroles qui se trouve à la racine de tout engagement. Disant cela, je repense aux paroles de François à Séoul le 16 août 2014 :
« Aujourd’hui, très souvent, nous faisons l’expérience que notre foi est mise à l’épreuve du monde, et, de multiples manières, il nous est demandé de faire des compromis sur la foi, de diluer les exigences radicales de l’Évangile et de nous conformer à l’esprit du temps. Et cependant les martyrs nous rappellent de mettre le Christ au-dessus de tout, et de voir tout le reste en ce monde en relation avec lui et avec son Royaume éternel. Ils nous provoquent à nous demander s’il y a quelque chose pour laquelle nous serions prêts à mourir.

De plus, l’exemple des martyrs nous enseigne l’importance de la charité dans la vie de foi. C’est la pureté de leur témoignage au Christ, manifesté par l’acceptation de l’égale dignité de tous les baptisés, qui les a conduits à une forme de vie fraternelle qui défiait les structures sociales rigides de leur temps. C’est leur refus de diviser le double commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain qui les a portés à une si grande sollicitude à l’égard des nécessités de leurs frères. Leur exemple a beaucoup à nous dire, à nous qui vivons dans des sociétés où, à côté d’immenses richesses, grandit silencieusement la plus abjecte pauvreté ; où le cri des pauvres est rarement écouté ; et où le Christ continue à appeler, nous demandant de l’aimer et de le servir en tendant la main à nos frères et sœurs dans le besoin.

Si nous suivons l’exemple des martyrs et croyons en la parole du Seigneur, alors nous comprendrons la sublime liberté et la joie avec laquelle ils sont allés à la rencontre de la mort. De plus, nous verrons que la célébration d’aujourd’hui embrasse les innombrables martyrs anonymes, dans ce pays et dans le reste du monde, qui, spécialement au siècle dernier, ont offert leur vie pour le Christ et ont souffert de lourdes persécutions à cause de son nom. »

Je me donne cette conclusion :

L’intransigeance du radicalisme est, dans la ligne de l’Évangile, surveillée par l’indispensable regard de miséricorde.

Publié dans Anthropologie

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