le système capitaliste néolibéral est incompatible avec une vision humaine et divine de la Création
Expectatives face à Laudato Sii :
de Pedro Pablo Achondo sscc, provincia de Chile, estudiante en la comunidad de Picpus.
Le défi nous semble immense, peut-être trop immense. Une bonne théologie nous donnera la juste place de l’homme sur la terre et nous aidera à bien comprendre la Création et l’homme en tant que son Jardinier. Le Jardin où Dieu a formé l’homme, lui a donné Son Souffle ; le même Jardin où Jésus se manifesta Ressuscité. Qu’est-ce qu’on attend de Laudato Sii ?
Plusieurs choses. D’abord qu’elle affirme que le système capitaliste néolibéral est incompatible avec une vision humaine et divine de la Création, que les pauvres sont toujours les premiers à subir les catastrophes de l’homme et sa voracité ; on attend une prise de position contre le scepticisme par rapport à la crise environnementale et écologique ; on attend qu’elle montre qu’il y a des écologismes et qu’un capitalisme vert ne nous conduira pas vers une solution réelle mais seulement des atténuations (cela reste des produits du marché !) ; on attend que l’Eglise encourage et soit précurseur de cette « nouvelles manières de vivre-ensemble » (voir la Voie Paysanne, alternatives de production, ONG qui luttent pour la justice et l’égalité) ; qu’elle propose une dynamique du DON (qui se conjugue avec gratuité, flexibilité, donation, promesse, soutien, par-don, livraison, abondance, renoncement, offrande) qui nous aidera à sortir de la logique du marché, de la dette, de la consommation et de l’exploitation.
On espère un appel à réfléchir ensemble : scientifiques, sociologues, juristes, philosophes, anthropologues, paysans, peuples indigènes, économistes, architectes, théologiens, artistes, professeurs, techniciens… tous en train de travailler ensemble. On attend une encyclique suggestive et proactive qui montre des alternatives, même si elles sont encore petites et très diversifiées. On veut une encyclique qui pense l’écologie à partir des pauvres afin de nous enseigner, comme saint François d’Assise, que la vie simple est aussi (et surtout !) un cantique de louange au Seigneur. On attend une encyclique qui puisse nous reconduire à la terre et à l’autre. C’est une année clé pour la réflexion, la formation et peut-être pour prendre des décisions (Cop21, Paris décembre 2015). Mais le chemin est long et il a besoin de nous tous. On attend que Laudato Sii puisse nous pousser vers la construction de la Maison-Commune, à prendre soin les uns des autres (où ce uns et cet autres inclut toute la biodiversité) et nous conduise à comprendre que les possibilités humaines et la beauté de la nature sont deux forces qui coïncident dans le Jardin où nous sommes. Que Laudato Sii soit l’harmonie pour la musique que nous jouons ou que nous voulons jouer.
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