L’Église se doit d’ouvrir à tous deux espaces. L’un dédié à la prière, l’autre à l’action pour le bien de tous, en priorité des nécessiteux

Publié le par Michel Durand

L’Église se doit d’ouvrir à tous deux espaces. L’un dédié à la prière, l’autre à l’action pour le bien de tous, en priorité des nécessiteux

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Burkina Faso : Né de la volonté des structures de l’Eglise et soucieux du bien-être en général des populations, le Groupement d’accompagnement à l’investissement et à l’épargne GRAINE, a procédé à l’ouverture d’un guichet de micro finance.

 

L’Église se doit d’ouvrir à tous deux espaces. L’un dédié à la prière, l’autre à l’action pour le bien de tous, en priorité des nécessiteux.

J’ai très souvent, et depuis bien longtemps, développé cette réflexion.

Aujourd’hui, il me semble qu’elle n’est pas suffisamment mise en pratique tout simplement parce que les fidèles du Christ envisagent surtout leurs temps de prière (je ne parle que de ce que je connais en Europe). Dans leurs réunions pour organiser la vie de la paroisse, ils passent beaucoup de temps à parler des sacrements, des catéchèses, des groupes liturgiques et vraiment peu des œuvres à soutenir pour répondre aux besoins des personnes en difficulté.

C’est au moins ce que j’observe. De nombreux collègues contestent mon regard et ma façon de m’exprimer qui interrogent la vie des paroisses. J’aimerais bien qu’ils aient raison et qu’ils en apportent les preuves.

Sur ce sujet j’explique parfois ma pensée en parlant de la « maison-église » des premiers siècles chrétiens. Proche de la rue et de la porte d’entrée, il y a trois salles importantes, l’une sert de baptistère, l’autre d’école pour l’enseignement de l’Évangile, l’autre de rangements pour les biens à donner aux pauvres. La grande salle au fond de l’atrium (la cour intérieure) est destinée à la célébration eucharistique. J’appelle diaconie, salle diaconale, l’espace réservé à recevoir les offrandes. Il peut se trouver dans le hall d'entrée. Les offrandes seront distribuées par les diacres et diaconesses aux personnes qui sont dans le besoin.

 

 

Avec ce schéma d’église, le bâtiment, nous apercevons que les deux dimensions de la mission de Jésus sont honorées. L’enseignement, annonce de la Bonne Nouvelle et la guérison, faire le bien autour de soi. Je souligne ici même qu’enseigner la Bonne Nouvelle, annoncer le Royaume et guérir les malades, améliorer le sort des humains est le thème que je me suis donné comme étude d’Évangile dans Marc. Voir par exemple ici

J’ai repensé ce matin à cette piste de réflexion, qu’à la suite des écrits de Robert Beauvery, j’appellerai « le sacrement  du frère », grâce à un article publié dans La Croix du 21 mai 2021 dont voici un extrait :

Laurent Landete, directeur du Collège des Bernardins, membre du dicastère pour les laïcs, les familles et la vie, membre de la communauté de l’Emmanuel :

« L’enjeu majeur pour l’homme d’aujourd’hui est de revisiter nos modes de vie. Et nous, baptisés, allons-nous entendre le cri des pauvres, le cri de la terre ? C’est là que doit être l’Église de demain, car telle est sa vocation : non pas régenter le monde, mais éclairer tout homme dans sa capacité à choisir le bien. Le pape Benoît XVI disait que l’évangélisation ne pouvait se faire que par attraction. Quel mode de vie allons-nous proposer pour attirer ? L’Église de demain est une Église qui attire et qui propose des modèles réplicables. C’est ainsi que les gens seront intéressés par l’Église. Et pas par des réformes de structure, aussi importantes soient-elles ».

 

Le 6 avril 2012, en l’église Saint-Polycarpe, j’ai prononcé dans cette même ligne une homélie que je recopie ci-dessous :

<< 6 avril 2012

Lecture des Actes des Apôtres : 4. 32-35 : "La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul coeur et une seule âme. "

Psaume 117 : "Voici le jour que fit le Seigneur qu'il soit pour nous jour de fête et jour de joie !"

Première lettre de saint Jean 5. 1-6 : "Ses commandements ne sont pas un fardeau."

Évangile selon saint Jean. 20. 19 à 31 : "Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées."

Il importe bien sûr de continuer à réfléchir sur les liens qui existent entre la liturgie et la diaconie, la prière et le service, la contemplation et l’action. Nous avons l’occasion de le faire en reprenant les méditations des dimanches précédents qui sont déposés sur le site internet de la paroisse et en consultant quelques pages de mon blog. Peut-être n’est-ce pas tout à fait juste que je fasse de la pub pour mes écrits qui sont totalement subjectifs, donc contestables. Je vous en laisse juger. Par ailleurs, pour l’alimentation spirituelle de notre acte d’électeur, je vous propose une vingtaine de pages écrite par Jean-Luc Naouri. Il explique que des textes bibliques l’ont interpellé, lors de méditations, prières ou réflexions, en résonance avec les difficultés auxquelles, économiquement et politiquement, nous nous heurtons. « Ces textes, dit-il, viennent en dialogue avec les interrogations et la quête de sens de notre société. Ils peuvent nous apporter des éléments de réponse, ou nous inviter à une attitude critique face au courant dominant qui nous entraîne bien souvent, nous inviter à un chemin de conversion de nos façons de voir et de nos modes de vie ».

Voilà donc des pistes pour concrétiser la Parole d’Évangile entendu ce jour. N’aurions-nous pas peur de changer de modes de vie ? Peur de nous convertir ? De vivre une vie nouvelle ? De vivre autrement que dans une course permanente au toujours plus ? Vivre une vie simple et sobre selon l’Évangile ! Vous m’avez souvent entendu dire que l’appel à la pauvreté évangélique n’était pas réservé aux religieux, mais adressé à tous les baptisés.

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Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs

Regardons ce texte d’évangile avec précision.

Nous sommes à quelques jours de la condamnation à mort du Christ. Les apôtres ne sont pas des kamikazes ; ils se protègent pour ne pas subir le même sort et se méfient des responsables du Temple, prêts à tout, comme plus tard nous le montrera Saül (Paul), pour arrêter dans le sang, la propagation de la Bonne Nouvelle du Salut opéré par Dieu lui-même. Ainsi, les parents de l’aveugle-né, que Jésus avait guéri avec l’eau de la piscine de Siloé, avaient eu peur des juifs, car ces derniers avaient décidé d’exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie (Jean 9,22).

Par ailleurs, la rumeur circulait à Jérusalem que Jésus était ressuscité et que Marie de Magdala l’avait vu. Pour en parler, les apôtres s’étaient rassemblés avec la Mère et les disciples de Jésus, dont les femmes concernées. Ils priaient Dieu et écoutaient le récit de la rencontre de Marie de Magdala au tombeau. Elle leur témoignait que Jésus était ressuscité.

Notons que les apôtres avaient bien fermé les portes du lieu.

or :

Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Thomas, éventuellement moins peureux que les autres (ou dans l’obligation de le faire), était sans doute sorti chercher des provisions pour le groupe. La peur ne coupe pas la faim. À son retour, il eut droit au récit de la visite du Maître. Celui-ci leur avait annoncé la Paix, non pas celle qui s’estompe avec les années, mais la paix consécutive à l’amour.

Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie (Jean 15,13).

Ce don du Seigneur produit une paix au cœur de l’homme et elle se transforme en béatitude. Voilà ce que produit l’amour de Dieu. En effet, la certitude d’être aimé parfaitement de Dieu engendre l’extase.

Voici le Dieu de mon salut : j'aurai confiance et je ne tremblerai plus, car ma force et mon chant c'est Yahvé, il a été mon salut (Isaïe 12,2).

Dieu sauve en créant et en recréant.

En effet, au tout début, lorsque rien n’existait, Dieu insuffla dans les narines de l’homme le souffle de vie et l’homme devient un être vivant (Genèse 2,7). C’était la première création. Nous notons également que, tout au long de l’histoire humaine, Dieu s’est fait proche des hommes pour leur rappeler son amour créateur. Il a donné la vie au peuple qui habite la terre et le souffle à ceux qui la parcourent. (Isaïe 42,5).

Effectivement, rien ne brisera la vie ; et de mort il n’y en aura plus, car le Christ l’a vaincue. Il est ressuscité. Il est la vie. En répandant son souffle sur les apôtres et les disciples, il leur a communiqué la vie qui ne meurt pas. La première création a eu lieu, la deuxième s’est manifestée.

Une catéchèse des premiers temps le dit merveilleusement bien :

Une fois que vous êtes remontés de la piscine sainte (pour votre baptême) eut lieu la chrismation, image exacte de celle dont fut marqué le Christ. Il s'agit de l'Esprit saint. Le prophète Isaïe, faisant parler le Seigneur, disait de lui : L'Esprit du Seigneur sur moi ; car il m'a consacré par la chrismation (l’onction) ; il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres…

C'est de ce parfum qu’on te chrisme symboliquement sur le front et les autres organes des sens. Tandis que ton corps est oint de parfum visible, l'âme est sanctifiée par le saint et vivifiant Esprit.

Oui, lorsque l’homme ouvre son cœur et qu’il accueille Dieu, il reçoit la force de l’amour. Alors, il devient capable de pardon à son tour.

Tout homme à qui vous remettez ses péchés, ils lui sont remis.

Mais lorsque l’homme faiblit et qu’il veut maintenir les péchés des autres, il doit entendre à nouveau cette voix du Christ qui disait :

Père pardonne-leur. Car, autrement les péchés seront maintenus entre les hommes.

Le pardon de Dieu passe aussi par nous auprès de nos sœurs et de nos frères. C’est une grande responsabilité que le Christ nous a confiée. Dans notre faiblesse, demandons à nouveau l’Esprit saint pour vivre le pardon et communiquer la vie.

 

Le Christ a offert à Thomas la paix et sa personne.

Mets ta main dans mon côté.

L’apôtre a bien reconnu son maître ressuscité et la vérité de la parole qu’il avait dite :

Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviendrai vers vous (Jean 14,18).

Forts de l’amour du Fils et du Père et imbus de l’Esprit saint, les apôtres et les disciples partirent annoncer le Christ ressuscité. Et, depuis ce jour, ceux et celles qui croient que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, proclament, comme Thomas, mon Seigneur et mon Dieu.>>

 

Je conclus :

Il ne suffit pas d’annoncer la Parole de Dieu. Il ne suffit pas de célébrer sa louange, de prier pour les pauvres… Il convient dans cette foulée d’action de grâce, ayant annoncé le Royaume, d’accomplir autour de soi le bien. Lavement des mains d’autrui, lavements des pieds (jeudi saint), services humanitaires (caritatifs), donner un logement à qui se trouve à la rue, à manger à qui a faim accompagne le service liturgique. Un espace, une organisation, un système local est dédié à cette mission comme le montre l’espace diaconal de la maison-église.

Laurent Landete disait : « Quel mode de vie allons-nous proposer pour attirer ? »

Voyez comme ils aiment !

 

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Y
De qui est cet article très interessant ??
Répondre
M
Mais tout simplement moi-même, auteur de ce blog(ue).<br />