Le désir du Créateur de l’humanité est que tous soient frères. Il n’y a qu’un seul peuple reconnaissant que Dieu est l’unique père de tous.

Publié le par Michel Durand

adoration des Mages, 3e siècle, Rome, catacombe de Priscilla, chapelle grecque

adoration des Mages, 3e siècle, Rome, catacombe de Priscilla, chapelle grecque

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L’enfant Jésus, Dieu et Fils de Marie. Les images de l’Épiphanie avant celles de la Crèche

 

Première lecture : Is 60, 1-6 > Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem - « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi ».

Psaume : Ps 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13 > Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut - Toutes les nations, Seigneur se prosterneront devant toi.

Deuxième lecture : Ep 3, 2-3a.5-6 > L'appel au salut est universel - « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse ».

Évangile : Mt 2, 1-12 > Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus - Nous sommes venus d’Orient adorer le roi.

 

 

Le désir du Créateur de l’humanité est que tous soient frères. Il n’y a qu’un seul peuple reconnaissant que Dieu est l’unique père de tous.

Cette vocation mondiale relativise les frontières. Mais qu’observons-nous ? Nous constatons que le prochain président de l’Union européenne, le chef de l’État français, souhaite réformer l’espace Schengen, « afin que l’Europe sache protéger ses frontières » face aux crises migratoires. Il faut, explique-t-il « d’abord un pilotage politique de la zone Schengen […] à travers des réunions régulières des ministres concernés », réclamant un « mécanisme de soutien à nos frontières ». Donner plus de moyens à Frontex pour maintenir les réfugiés hors des frontières européennes.

Dans cette actualité, que nous enseigne la fête de l’Épiphanie ? Ce mot signifie : manifestation, apparition, réalité évidente.

Les premières images peintes ou sculptées de Jésus que nous connaissons sont celles de l’épiphanie. Il n’y a pas, au temps paléochrétien (IIe, IVe siècle) de « crèche ». Grecs et Romains devenus chrétiens aimaient représenter dans leurs espaces funéraires, trois hommes fléchissant le genou devant un enfant tenu sur les genoux de sa mère. Au-dessus d’eux, le dessin d’une étoile impose la lecture de cet Évangile selon Saint-Matthieu, ch. 2.

Les récits apocryphes ont alimenté le contenu de cette scène et il y aurait beaucoup à dire pour expliquer, par exemple, une peinture du XVIIe siècle.

L'Adoration des mages peint par Matthias Stom, vers 1600-1650.

 

Les images de l’épiphanie se sont modifiés au cours des siècles. Ce n’est que depuis Origène (185-224) que l’on affirme qu’ils sont trois. Ensuite, on s’accorde pour les faire venir de l’Est, de Perse, coiffés de bonnets phrygiens. Mais, au IXe siècle, pour englober en eux l’ensemble de l’humanité, on désigna un blanc, Melchior, un jaune, Gaspard, un noir, Balthazar.

Mages, savants, astrologues, philosophes… ? On sait seulement qu’ils avaient une bonne connaissance des étoiles et que, grâce à cette lecture des astres, ils pouvaient se repérer dans leur déplacement. C’est vraisemblablement à l’époque de Tertullien (160-230) qu’on les qualifie de rois.

Enfin, une autre tradition, toujours par souci d’universalité, voit en eux les trois âges de la vie : jeunesse, maturité, vieillesse. Mais, laissons ces anecdotes pour aborder le message contenu dans le récit évangélique. J’attire l’attention sur la deuxième lecture.

Le Christ, Parole de Dieu faite chair, est un mystère. Paul en est le témoin, car il en a reçu de Dieu lui-même la révélation. En effet, c’est Dieu, dans la personne du Ressuscité qui manifeste sa gloire. C’est également le Ressuscité qui enseigna à Paul tout ce que les disciples devaient dire au monde pour que celui-ci entre dans la grâce divine. C’est toujours lui, le Ressuscité qui montre le lien existant entre ce que Dieu a dit par les prophètes et ce qu’il dit par Jésus, Verbe incarné. Recevant la Révélation, Paul a pénétré le mystère du Christ, c’est-à-dire le dessin éternel de Dieu, jadis caché aux hommes et maintenant révélé en Christ. Le mystère s’est accompli en Jésus-Christ. Paul en montre toutes les implications dans l’Église : les païens sont appelés au salut ; les juifs doivent accepter cette ouverture et ne pas enfermer dans leurs traditions caduques. Ils ne peuvent que s’ouvrir aux nations, se réunir avec elles en un seul corps. Telle est la soumission de l’univers entier au Christ, comme déjà le prophétisait Isaïe : « Les nations marchent vers la lumière ». S’il y eut un peuple élu, ce n’est pas pour forcer tous les peuples à adopter leur mode de vie, mais pour être phare guidant vers l’unique Seigneur.

Léon le Grand s’exprime ainsi :

« La miséricordieuse providence de Dieu a voulu, sur la fin des temps, venir au secours du monde en détresse. Elle décida que le salut de toutes les nations se ferait dans le Christ ».

Il y eut Abraham dont sa descendance est engendrée par la foi et non par la race. Descendance aussi nombreuse que la multitude des étoiles.

Il y eut les trois mages.

Il y a désormais tous les peuples qui adorent le Créateur de l’univers. Dieu n’est plus connu seulement en Judée, mais sur la terre entière.

Alors, instruits par les mystères de la grâce divine, ne perdons pas confiance. Les guerres qui divisent les peuples ne peuvent que cesser, les refus d’hospitalité ne sont que passager ; sauf si nous contribuons à les maintenir. Ce serait notre péché.

Ne suivons pas ce mauvais chemin. Au contraire, entraînons-nous à construire, dès maintenant, le Royaume de frères que Dieu souhaite universellement. Ayons une foi droite et de bonnes actions afin de resplendir comme Fils de Lumière.

 

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