Dieu n’est pas le comptable des péchés. Il est Amour, donne et accueille toute personne qui dit oui à cette relation d’amour. C’est le pardon
Homélie du 27 mars 2022
L’arrivée du peuple de Dieu en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 9a.10-12)
Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! (cf. Ps 33, 9a)
« Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ » (2 Co 5, 17-21)
« Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)
Il est aujourd’hui question de synodalité et nous voilà invités à en parler cet après-midi sur ce territoire (la paroisse) Saint-Maurice/Saint Alban.
Or, il se trouve que cette semaine plusieurs invitations à réfléchir sur le « marcher ensemble » nous sont proposées :
- mercredi 30 - le migrant, notre prochain, soirée Libre Parole à 20 h 30 en ce lieu, maison Saint-Maurice.
- jeudi 31 - parce que nous aimons l’Église, présentation par ses auteurs, de la recherche de propositions pour restaurer la crédibilité de l’Église et son dynamisme à la Librairie La Procure, place Bellecour à 18 h.
- La conférence des baptisés de France vient d’adresser un communiqué de presse (21 mars) intitulé : Pour la Conférence des Baptisés, de nouvelles façons de faire communauté d’Église sont à inventer à la ville et à la campagne.
- Enfin, je signale que François vient de publier une nouvelle constitution qui donne à la gouvernance de l’Église (dont la Curie) une structure foncièrement missionnaire. « Praedicate evangelium ». Nous y lisons que « tout chrétien est un disciple missionnaire ». et que tout le monde - et donc aussi les fidèles laïcs - peut être nommé à des rôles de gouvernement dans la Curie romaine » : « Tout chrétien, en vertu du baptême, est un disciple missionnaire dans la mesure où il a rencontré l'amour de Dieu dans le Christ Jésus. Cela ne peut qu'être pris en compte dans la mise à jour de la Curie, dont la réforme doit donc prévoir la participation de laïcs, hommes et femmes, également dans des rôles de gouvernement et de responsabilité ». Et, en évoquant l’Église à Rome, nous pensons à notre Église locale.
La synodalité, maître-mot de cette constitution « Praedicate evangelium », est mise en avant comme une manière habituelle de travailler. Les auteurs de Parce que nous aimons notre Église en parle ainsi : « Nous affirmons ici notre conviction que la synodalité doit être ancrée au cœur des pratiques de gouvernance de notre Église. La gouvernance synodale, ni monarchique ni démocratique, porte en elle-même sa propre singularité, sa propre originalité qui reste toujours à révéler. Elle tient sa particularité de l’Esprit saint qui inspire chaque baptisé, quelle que soit sa place dans l’Église ».
Que nous dit l’Esprit Saint ?
Nous ? Qui sommes-nous ? Suite à la proclamation de l’Évangile de ce jour, je nous invite à nous mettre dans le camp des publicains et des pécheurs. En quête de vérité, de justes modes de vie, nous sommes plutôt silencieux, avides de comprendre. Nous observons Jésus que des hommes, certains de leur vérité, affrontent en l’accusant d’impureté, de non-conformité aux pratiques religieuses.
« Cet homme (Jésus) fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Jésus ne se place pas sur le terrain de la polémique, de la défense de la vérité de Dieu. En répondant à ces prétendus justes, scribes et pharisiens, en présence de réels pécheurs, Jésus prononce, à l’aide d’une parabole, une catéchèse sur Dieu.
Cette parabole, propre à Luc, comporte deux parties fortement liées entre elles par le personnage central du père et par son attitude généreuse :
« Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. Et le père leur partagea ses biens. »
Générosité reprise dans les invitations à festoyer.
- verset 24 : « mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à festoyer
- verset 32 : Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
Dans la première partie de la parabole, il est question du fils retrouvé. C’est une erreur de désigner ce récit du titre : « l’enfant prodigue ».
Dans la deuxième partie, il est questionné de celui, de ceux qui ferment la porte aux pécheurs.
La première partie se termine par ce verset :
« Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent la fête ».
La deuxième partie avec :
« Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé ».
Cette seconde partie (note de la TOB) achève le récit en répondant au problème initial du chapitre (v 1-2). Elle manifeste la leçon essentielle de la parabole ; elle invite les pharisiens à entrer dans la joie Dieu, à avoir le cœur aussi large que le sien dans l’accueil des pécheurs qui reviennent à lui.
Il faudrait, maintenant, reprendre la lecture de Luc 15, 11-32 afin de suivre, pas-à-pas les faits et gestes du père et des deux fils. Chacun est invité à le faire chez lui avec sa bible personnelle. Il convient, maintenant, de cerner la leçon de la parabole pour que nous devenions chaque jour davantage de véritables disciples missionnaires, aptes à annoncer l’Évangile dans une dynamique synodale.
Le père affirme à son fils révolté :
« toi, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. »
Ainsi, Jésus veut faire comprendre aux uns et aux autres que l’important est la relation entre le père et le fils. L’amour qui anime cette relation appartient aux deux, au père et au fils. Autrement dit, dans cette catéchèse, nous voyons que Dieu n’est pas un comptable qui écrit dans le grand livre les péchés des hommes. Il est Amour et fait Alliance. Dieu donne et accueille inconditionnellement toute personne qui dit oui à cette relation d’amour. C’est le pardon. Le don au-dessus de la faute.
Le deuxième fils pensait que le père aurait dû tenir compte des bonnes et des mauvaises actions. Il aurait dû tenir compte des efforts qu’il avait faits durant l’absence de son frère. N’avait-il pas plus de mérites? Il en est ainsi dans l’esprit des hommes, mais tel n’est pas la pensée de Dieu.
Jésus enseigne que, pour Dieu, c’est le lien entre lui et l’homme qui constitue l’essentiel. Là est la Vie. Le fils était mort et il est revenu à la vie. Il était mort à la relation avec son père. Il était mort à cette vie de l’intimité du père avec son fils. Le lien entre les deux était disparu. Jésus a dit : il était perdu et il est retrouvé.
Les pécheurs comprennent que Dieu les accueille en permanence. Malgré tout.
Les pharisiens devraient comprendre qu’ils sont invités à entrer dans cette joie de Dieu.