J’ose espérer que jamais nous n’aurons fini de nous lever pour défendre les droits humains, pour réformer les institutions en profondeur. Dire non !
La troupe que Geneviève Iacono dirige s’est réunie samedi 24 juin à l’église Saint-Irénée où seront jouées les deux représentations du spectacle Partir, Rester, Résister. SOURCE : GENEVIÈVE IACONO
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« Dietrich Bonhoeffer, intellectuel en avance sur son temps »
Ils nous inspirent. Geneviève Iacono, professeure de droit à la retraite, met en scène « Partir, Rester, Résister », un spectacle (1) inspiré de l’œuvre du pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer « Résistance et soumission ».
La troupe que Geneviève Iacono dirige s’est réunie samedi 24 juin à l’église Saint-Irénée où seront jouées les deux représentations du spectacle Partir, Rester, Résister.
Geneviève Iacono :
« Mon chemin de vie s’est assez tôt tourné vers les autres : originellement diplômée en droit public, j’ai combiné les disciplines en suivant en parallèle un cursus de science politique et d’économie afin d’avoir une vision multidisciplinaire du monde qui m’entoure. Aujourd’hui, je suis maître de conférences en droit à la retraite, je suis mariée et mère de quatre enfants.
De par mes études politiques et juridiques, je me suis très tôt intéressée à la question des étrangers et de la migration et, plus largement, à la question des droits humains. Je suis d’ailleurs coprésidente de l’association CUM, Coordination urgence migrants, qui coordonne les actions des associations venant en aide aux migrants présents sur le territoire français.
Le théâtre étant une véritable culture familiale, j’ai toujours baigné dans l’univers de la mise en scène. D’ailleurs, pour rendre mes cours plus vivants et transmettre ma passion du droit, j’invitais régulièrement mes étudiants à tenir des jeux de rôles et à mettre en scène des jurisprudences.
Un jour, un ami de ma paroisse m’a conseillé de lire Résistance et soumission, le récit autobiographique bouleversant du pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer. J’ai très vite été fascinée par la personnalité de cet homme aux multiples facettes. Universitaire, théologien, pasteur, écrivain et résistant actif, il fait partie des premiers à s’être opposé à l’idéologie nazie dans les années 1920. Emprisonné en 1943, il est exécuté en 1945 laissant derrière lui de nombreux ouvrages, dont Résistance et soumission, rédigé en captivité.
Dietrich Bonhoeffer était un intellectuel en avance sur son temps. Dans une logique de chercheur de la vérité, il n’hésitait pas à tout remettre en question : ses pensées, ses travaux universitaires, les fondements de sa foi, les institutions religieuses.
Mais ce qui m’a le plus impressionné lors de la lecture de son ouvrage, c’est la modernité de sa pensée. En effet, les réflexions qu’il avançait il y a presque un siècle rentrent parfaitement en résonance avec notre actualité politique. La résistance lors de la montée des régimes totalitaires dans les années 1930 peut trouver des échos avec la guerre en Ukraine. Les débats sur la réforme de l’Église protestante de l’époque peuvent être comparés avec ceux d’aujourd’hui, concernant la démarche synodale de l’Église catholique.
C’est la deuxième fois que je me plie au métier de metteuse en scène, après mon premier spectacle, consacré à Irénée le métèque et le prophète. Mais je suis avant tout une militante.
En toute humilité et en me prolongeant en Dietrich Bonhoeffer, j’ose espérer que jamais nous n’aurons fini, quels que soient l’époque et le lieu, de nous lever pour défendre les droits humains, pour réformer les institutions en profondeur et pour oser dire non à tout ce qui entrave la vie et son épanouissement. »
La Croix, Raphaël Boschet, le 30/06/2023